Syndicalisme

5000 marcheurs pour les 8 de Goodyear




[Photos] Les 19 et 20 octobre, ils et elles étaient des milliers à Amiens pour soutenir les huit ouvriers de Goodyear condamnés à neuf mois de prison ferme. Reportage photo, assorti d’un récit extrait du blog Communistes libertaires de la CGT.

Mercredi 19 octobre, il fallait être très matinal pour participer au départ en manifestation depuis le village solidaire construit dans le parc Saint-Pierre jusqu’au tribunal. Huit militants de Goodyear devaient y être jugé en appel d’une condamnation à neuf mois de prison ferme pour avoir « retenu » deux cadres de l’entreprise pendant les négociations liées à la fermeture de l’usine située dans la zone industrielle d’Amiens-nord.

Avant midi, plusieurs milliers de manifestants venus de toute la France et de Belgique s’étaient regroupés devant la scène et autour des stands d’Infocom et du SIP, deux des syndicats parisiens du Livre-CGT très impliqués dans la campagne de solidarité, et de l’UD-CGT du Nord qui fournissait boissons et repas.

Le village se composait de petits stands d’organisations politiques : Gauche révolutionnaire, Parti de gauche, Ensemble !, PCOF, Alternative libertaire, Révolution permanente, journal Fakir... Autour de l’espace, les ballons de Solidaires, des fédérations CGT du Livre et de la Chimie, de la FSU, ou encore la banderole de l’appel « On bloque tout » dont les militantes et les militants distribuaient un tract annonçant qu’après de la lutte contre la loi travail, leur réseau intersyndical avait décidé de se maintenir dans la durée.


« 5000 marcheurs pour les 8 de Goodyear »
Un reportage photo de Floran (AL Marne) et Daniel Maunoury
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Des militants portant les drapeaux du NPA, de la FA, du PRCF, du PCF, de LO et de la CNT complétaient une image dynamique et unitaire, tout ce petit monde se succédant à la tribune, en plus de syndicalistes victime de répression et d’associations de lutte contre les violences policières dans les quartiers.

Drôle de mélange parfois, entre ces militants SUD-PTT 92, connus pour de longues grèves à répétition et dont le premier responsable est aussi leader d’une tendance « bolcho » du NPA, et les militants du SIP et d’Infocom qui ne sont quasiment jamais en grève « pour ne pas affaiblir davantage les journaux dont les ventes reculent »...

Une épée de Damoclès au-dessus des camarades

En fin de journée le mercredi 19 octobre, on apprenait que le procureur de la république baissait son réquisitoire d’un ton et ramenait la sanction demandée à 24 mois de prison avec sursis. Rappelons que lors du protocole de fin de conflit, la direction de Goodyear et les deux cadres avaient retiré leurs plaintes — comme il est de tradition — et que c’est le gouvernement, via le procureur, qui avait de son propre chef décidé d’infliger cette incroyable sanction de neuf mois de prison ferme. Malgré tout, 24 mois avec sursis, cela reste une sanction invraisemblable, une épée de Damoclès au-dessus des camarades. Chacun réclame évidement la relaxe pure et simple.

Jeudi 20 au matin, il restait beaucoup moins de monde pour clôre la mobilisation. C’était le résultat des tensions entre le porte-parole de la CGT-Goodyear, Mickaël Wamen, et la direction confédérale qui n’appelait, elle, qu’au 19.

On entendit enfin un des militants amiénois condamnés dans le cadre des mobilisations contre la loi travail : 5 militants condamnés à 87.000 euros ! Malgré tout, le Comité de soutien interluttes de la Somme ne tenait pas de stand à cause des exigences financières réclamées par les organisateurs autour de Wamen [1]

Prochain rendez-vous le 11 janvier

Dans son discours de conclusion, Mickaël Wamen, très entouré, annonçait qu’il poursuivrait son tour de France pour soutenir les militantes et les militants réprimés, avec un premier rendez-vous à Maubeuge le 4 novembre. Qu’il invitait tout le monde à un nouveau rendez-vous à Amiens le 11 janvier pour le délibéré le concernant. Que la lutte contre la loi travail continuait car il ne fallait rien attendre des élections.

Plus curieusement, alors que le congrès de l’UD-CGT de la Somme a été reporté sous des prétextes fantaisistes (la disparition des documents d’orientation !), Wamen intronisait l’actuel secrétaire de l’UL-CGT Amiens-zone industrielle comme futur secrétaire de l’UD. Tout cela sur un fond de bagarres très dures dans l’UD, conséquence directe de l’éclatement du PCF en plusieurs groupes qui se haïssent...

Par delà les tensions et les difficultés, les communistes libertaires de la CGT qui ont profité de l’occasion pour tenir une rencontre, peuvent déjà annoncer qu’ils seront à nouveau présents le 11 janvier.

Communistes libertaires de la CGT, le 21 octobre 2016

[1Les manières autoritaires de Mickaël Wamen n’ont pas toujours facilité le travail unitaire, et ceux qui ont vécu l’épisode de convergence des luttes se souviennent comment lui et son avocat ont cassé la coordination qui s’était construite avec Goodyear, PSA-Aulnay, Ford, Sanofi, Virgin, Presstalis... Pour autant, le site maoïste « Où va la CGT » a, de notre point de vue, commis une faute en publiant un article critique la veille de la mobilisation. Même si il y a des choses vraies et connues dans cet article, sa publication la veille du rassemblement était tout simplement irresponsable.

 
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