A contre courant : Le roi des néo-cons




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


La dénomination de néo-cons (abréviation de néo-conservateurs) désigne de manière peu aimable mais tout à fait justifiée un ensemble d’intellectuels, la plupart issus des rangs de la gauche voire de l’extrême gauche, et qui ont achevé, au cours des dernières années, une dérive politique, quelquefois entamée il y a plusieurs décennies, qui les a amenés à défendre des positions de plus en plus droitières, que ce soit en matière de politique nationale ou sur un plan international. Les plus connus, parce qu’ils ont acquis des positions de premier plan au sein des médias, sont Alain Finkielkraut et André Glucksmann. Ce dernier, dans un article paru dans Le Monde du 30 janvier, vient d’annoncer son soutien à Sarkozy.

Rappelons, pour ceux qui l’auraient oublié ou pour nos plus jeunes lecteurs qui ne l’auraient jamais su, que André Glucksmann est un ancien militant et même dirigeant de la Gauche prolétarienne, un groupe maoïste qui a fait parler de lui au début des années 1970. La médiocrité de son jugement politique ne se limite pas alors à son aveuglement à l’égard du régime maoïste ; elle le conduit aussi à qualifier dans un article des Temps modernes de 1972 le mol régime pompidolien de « dictature fasciste » ! Après quoi, comme bien d’autres, Glucksmann a la révélation de la véritable nature de l’URSS en lisant L’Archipel du Goulag d’Alexandre Soljenitsyne ; ce qui le conduit à rompre avec le marxisme pour se lancer dans l’aventure de la « nouvelle philosophie » en compagnie du dandy Bernard-Henri Lévy.

Au début des années 1980, on le retrouve défendant les positions bellicistes de l’administration Reagan dans la crise des euromissiles. Face à une URSS qu’il pense surpuissante et surarmée, capable d’envahir l’Europe en trois jours, il réplique au célèbre slogan des pacifistes allemands « Lieber rot als tot ! », en déclarant préférer pour sa part mourir dans un échange de missiles nucléaires que de passer sous le joug du soi-disant communisme… qui s’effondrera comme une maison vermoulue quelques années plus tard. Glucksmann, pour sa part, persistera dans les positions atlantistes et proétatsuniennes en approuvant, successivement, l’agression de l’OTAN contre la Serbie en 1999 et l’invasion de l’Irak en 2003, en entérinant au passage la fable bushienne des « armes de destruction massive ». Et, bien évidemment, il a régulièrement soutenu la politique néocolonialiste d’Israël.

On reste confondu par la clairvoyance dont a fait preuve, tout au long de ces dernières décennies ce spécialiste de la guerre, de la dissuasion et de la stratégie nucléaire. Car, pour ceux qui ne le sauraient pas, précisons que c’est en cette qualité qu’André Glucksmann a fait toute sa carrière professionnelle comme chercheur au CNRS. Dans ces conditions, sans avoir de conseil à lui donner, à la place de Nicolas Sarkozy, on se rappellerait la célèbre parole de Voltaire : « Mon Dieu, gardez moi de mes amis ! Quant à mes ennemis, je m’en charge ! »

 
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