Violences sexuelles

À qui profite le crime ?




Le patriarcat est un système de domination des femmes par les hommes. Même pour celles qui ne subissent pas directement cette violence physique, aucune femme n’échappe au sexisme quotidien.

Toutes les violences faites aux femmes, du harcèlement de rue jusqu’aux violences conjugales, ne servent qu’à une seule chose  : conforter la domination des hommes sur les femmes. Toutes ces violences sont la partie la plus visible et la plus terrible de cette domination. Elles sont là pour rappeler aux femmes qu’elles sont dominées. Toutes ces violences font partie d’un système, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas isolées, elles ne sont pas indépendantes les unes des autres. Toutes ces violences sont reliées entre elles et fonctionnent ensemble. Le système dans lequel elles rentrent, c’est le système patriarcal.

Le patriarcat est un système de domination des femmes par les hommes. C’est un ensemble de lois, de règles, de traditions, d’habitudes imposées ou inculquées, qui servent à préserver la position dominante des hommes dans la société. Les luttes des femmes ont permis de nommer et de remettre en cause le patriarcat mais, malgré les avancées, ce système reste encore solidement ancré et les hommes continuent d’en profiter.

Quelques chiffres  : tous temps de travail confondus, les hommes gagnent 23,5 % de plus que les femmes  ; en moyenne, les femmes consacrent 3h26 par jour aux tâches domestiques, contre 2h pour les hommes  ; il n’y a que 27% de femmes à l’Assemblée nationale et 25% au Sénat  ; 78% des salariés à temps partiel sont des femmes.

Le viol, un crime impuni

Comment un système aussi inégalitaire peut-il continuer à exister  ? Parce que les lois, les décisions de justice, les discours médiatiques, les coutumes, etc. continuent de garantir la domination des hommes. Et quand tout cela ne suffit pas, les violences faites aux femmes sont le dernier recours et outil qu’ont les hommes pour affirmer leur domination. Il existe une véritable tolérance vis-à-vis de cette violence, malgré une encore trop faible évolution dans la gravité des condamnations et dans l’augmentation des plaintes.

Le système judiciaire par exemple garantit l’impunité aux agresseurs, l’enquête «  Contexte de la sexualité en France  » menée par l’Inserm et l’Ined révèle que 20,4 % des femmes âgées de 18 à 69 ans ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie. De même, l’État estime chaque année que 84 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de viol en France. Néanmoins en 2014, seules 5 558 plaintes ont été déposées et parmi elles, seules 1318 ont abouti à une condamnation. De tels chiffres montrent que le viol est un crime impuni.

Mais même pour celles qui ne subissent pas directement cette violence physique, aucune femme n’échappe au sexisme quotidien. La menace d’une potentielle violence physique pèse sur toutes les femmes dans la rue ou au foyer. Aucune femme n’est à l’abri d’un conjoint violent, d’un rapport sexuel non désiré, de harcèlement sexuel au travail, d’insultes ou d’attouchements dans les espaces publics et ces menaces perpétuelles sont autant de freins à l’émancipation, à la capacité à prendre des risques et à avoir confiance en soi. Les femmes doivent collectivement réussir à s’émanciper de cette peur et à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour garantir leur sécurité.

Quels sont les intérêts des hommes dans le patriarcat  ? Au travail, les femmes servent de variable d’ajustement aux patrons (qui sont majoritairement des hommes) et elles sont donc plus souvent à temps partiel ou sur des contrats précaires. Les salariés hommes profitent aussi de la situation puisque les salariées femmes vont progresser moins vite et vont moins leur faire de l’ombre. À la maison, les hommes profitent du travail domestique gratuit des femmes (soin des enfants, ménage, cuisine). Ils peuvent aussi profiter de services sexuels gratuits au nom d’un prétendu devoir conjugal. Dans la société, les hommes se sentent tout-puissants dans l’espace public (dans la rue, à la terrasse des cafés, etc.) et ils dominent complètement la vie sociale politique, que ce soit dans les institutions (sur les bancs du Sénat ou de l’Assemblée nationale) ou dans les médias.

Puisque les violences faites aux femmes font partie d’un système, la seule manière de vraiment les stopper c’est de dynamiter ce système, c’est-à-dire de faire sauter tout ce qui maintient en place le patriarcat  : les normes sexuelles, les normes morales, les normes familiales, la précarité imposée par le capitalisme... En attendant, on peut bien sûr faire reculer ces violences. Et il faut le faire. Mais nous devons garder en tête que le combat ne s’arrêtera pas tant que les fondations du patriarcat n’auront pas été détruites.

C’est une lutte quotidienne dans laquelle les armes sont la solidarité et la sororité.

La commission antipatriarcat d’AL

 
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