Affaire du quai de Valmy : Tout le monde déteste la justice




Les militants et militantes accusé.es d’avoir participé à l’incendie d’une voiture de police pendant le mouvement contre la loi Travail ont été jugé.es et condamné.es à des peines très lourdes. Un symbole de l’acharnement judiciaire.

Le 18 mai 2016, en plein mouvement social contre la loi Travail, frappé par une répression intense, le syndicat policier Alliance, soutenu par les figures de la droite extrême (M. Maréchal-Le Pen, E. Ciotti...), manifeste contre la « haine anti-flics » à Paris. Dans le même temps, la contre-manifestation du collectif « Urgence, notre police assassine » est interdite pour risque de troubles !

Une manifestation sauvage brave tout de même l’interdit et traverse les rues de Paris. Quai de Valmy, un véhicule de police, coincé dans la circulation, est spontanément pris à partie et incendié... Le résultat prévisible d’un pouvoir jouant la stratégie de la tension et d’une police qui humilie, violente et tue quotidiennement.

La machine médiatico-policière se met en marche et les images font le tour du monde. Plutôt que de saisir les raisons profondes de l’acte, une véritable chasse à l’homme s’organise, où l’on s’efforce de trouver des coupables sans preuves, où la présomption d’innocence disparaît, et où la détention préventive devient banale...

Rapidement, plusieurs personnes sont placées en préventive. Nicolas reconnaît les faits et passera plus d’un an en prison, tout comme Kara et Ari. Ils et elles restent à ce jour incarcéré.es. Angel passe lui près de deux mois en détention sans la moindre preuve de culpabilité, seulement parce qu’il est le frère d’Antonin, suspect le plus médiatisé de l’affaire. Pas moins de douze procédures ont été menées contre ce dernier par la préfecture, dont onze classées sans suite ! On découvre aussi de nombreuses notes blanches contre lui. Ce militant antifasciste pugnace semble cristalliser les fantasmes des services de renseignements... Libéré après une longue lutte, non sans mal, il aura passé dix mois en prison sur un simple témoignage « anonyme »...

Finalement, le procès s’ouvre le 20 septembre 2017. À l’instar des procès récurrents ses derniers temps contre des militantes et militants, il n’aura été qu’à charge et politique. Si certaines personnes ont reconnu les faits, il faut se pencher sur le cas d’Antonin. Dès le départ, les notes blanches et le témoignage « anonyme » d’un policier infiltré vont construire sa culpabilité, à défaut de preuves tangibles : couleur de caleçon supposée, tenue semblable à celle de dizaines d’autres manifestants, profil militant et absence de condamnation des violences créaient une concordance suffisante pour les juges. Antonin est condamné à cinq ans de prison dont trois fermes pour faits de violence sur les forces de l’ordre ; Joachim, résident en Suisse, absent au procès, est condamné par défaut à sept ans de prison ferme pour l’incendie du véhicule ; Angel est relaxé ; Bryan aussi, mais condamné pour refus de prélèvement d’ADN à 1 000 euros d’amende ; Léandro à un an avec sursis ; Thomas à deux ans dont un an avec sursis ; Kara et Ari sont respectivement condamné.es à quatre ans dont deux avec sursis et cinq ans dont deux ans et cinq mois avec sursis ; Nicolas à cinq ans dont deux ans et six mois avec sursis. Et des dizaines de milliers d’euros versés aux parties civiles, dont Alliance...

Alexis (AL Valenciennes)

 
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