Annonces présidentielles : Hollande propose un pacte d’amour au Medef




Lors de sa conférence de presse, le Président a proposé aux patrons un « pacte de responsabilité ». Fillon et Borloo applaudissent. Gattaz demande des précisions. Et les travailleurs vont encore payer !

François Hollande a annoncé lors de sa conférence de presse du 14 janvier un « pacte de responsabilité » : suppression des cotisations familiales contre promesses d’embauches. Les patrons se félicitent de l’annonce mais posent leurs conditions. Les 35 milliards d’allègements sont-ils bien en plus des 20 milliards prévus par le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) ? Quant aux emplois promis (jusqu’à un million !), il va sans dire qu’il ne peut pas s’agir d’engagements mais seulement d’objectifs…

De leur côté CFDT, CGT, FSU et Unsa dans une déclaration commune publiée la veille de la conférence, réclamaient « la conditionnalité des aides et exonérations fiscales aux entreprises à la mise en œuvre d’objectifs d’investissements économiques et d’investissements sociaux : création d’emplois, qualification des salariés, politiques salariales dynamiques ». Elles se préparent donc à accompagner la proposition d’Observatoire des contreparties, formulée par Hollande. Mais pas à combattre le principe même des cadeaux faits aux patrons !
Enfin, s’il n’est pas clairement établi comment seront financées ces nouvelles exonérations, le principe en est fixé : les dépenses de l’État, des collectivités territoriales, des assurances sociales et des services publics seront réduites.

Du salaire socialisé à la charité d’État

La disparition des cotisations sociales pour financer les allocations familiales accélère la destruction du pacte social issu de la Libération. Les cotisations patronales sont du salaire socialisé. Elles permettaient un complément de revenu solidaire aux familles nombreuses. À l’origine, la gestion de ces sommes se faisait paritairement entre syndicats et patrons. La fiscalisation renvoie le soutien aux familles nombreuses vers la charité d’État. Certes, Rocard avait déjà entamé le boulot puisque la CSG et divers taxes financent déjà un tiers des allocations familiales. Mais la manœuvre de Hollande enterre un principe, réduit le salaire indirect et ouvre la voix à une hausse ultérieure de la TVA ou de la CSG pour compenser le manque à gagner.

À gauche, l’hostilité est affichée, jusqu’à certains leaders de la gauche du PS. Plusieurs confédérations syndicales ont fait des déclarations condamnant ce projet. La CGT va inclure le sujet dans sa journée de mobilisation prévue pour le 6 février sur les salaires et l’emploi. Mais cette journée elle-même n’est pas sans poser problème. Malgré l’interpellation par Solidaires au plan national, la direction de la CGT ne cherche visiblement pas à élargir la mobilisation sur des bases radicales. Au contraire, elle met en avant l’unité affichée par la déclaration du 14 janvier, préparant la journée d’action de la Confédération européenne des syndicats (CES) du 4 avril. Pourtant, localement, des équipes CGT cherchent à faire du 6 février une vraie journée de combat et tendent la main aux syndicats disponibles. Les débats internes à la CGT, dévoilés sur l’enjeu de la signature de l’accord sur la formation professionnelle que la direction confédérale souhaitait signer, seront riches de rebondissements entre les tenants d’un syndicalisme de lutte et ceux qui cherchent la « modernité » du côté de l’accompagnement social.

Jean-Yves (AL 93)

 
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