Antiracisme : Discriminations racistes à la SNCF




Plus de 800 cheminots marocains embauchés dans les années 1970 par la SNCF ont assigné leur employeur en justice pour discriminations. Celles-ci perdurent aujourd’hui pour les salarié-e-s issu-e-s de l’immigration.

Lors de l’audience du 4 février statuant sur le cas de 74 de ces salariés marocains, leur avocat, maître Mendes, a dénoncé « une discrimination multiforme » touchant à « la nationalité, avant d’évoluer sur l’âge et l’origine » [1]. Le statut particulier de PS25 [2] ne leur a pas permis de bénéficier des mêmes droits que leurs collègues de nationalité française, notamment au niveau de l’évolution de carrière.

« Une discrimination multiforme »

Ainsi, ce statut les a condamnés à rester dans des tâches d’exécution et des métiers éreintants. « Il y a une différence entre ce qu’ils font et leur revenu », a insisté leur avocat.

Une différence de traitement répercutée aujourd’hui dans leurs pensions de retraite. Alors que leurs collègues de nationalité française perçoivent 75% du salaire qu’ils et elles touchaient six mois avant leur retraite, les Marocains touchent 900 euros après avoir travaillé plus de 40 ans. Autre discrimination pointée du doigt : ceux qui sont devenus des agents statutaires après avoir obtenu la nationalité française ont perdu toute leur ancienneté. La SNCF aurait réussi à économiser 70 millions d’euros par an sur leur dos en ne payant que 12% de cotisation sociale contre 35% pour les agents statutaires.

Après avoir pris conscience de cette discrimination à leur départ en retraite, ils ont décidé de lutter ensemble pour vaincre l’éparpillement. Plus de 2 000 cheminots sont entrés dans la bataille.

Des discriminations toujours d’actualité

Ces discriminations racistes sont par ailleurs loin d’être du passé. Le collectif « SNCF, Droit à la différence », a été créé pour lutter contre la tolérance de la hiérarchie vis-à-vis du racisme. Sur leur page Facebook, des employé-e-s issu-e-s de l’immigration et victimes de discriminations sur leur lieu de travail témoignent de leur quotidien. Une vingtaine d’entre eux et elles a manifesté devant le siège de la SNCF, le 19 avril et le 6 juin 2012, pour dénoncer ces comportements. Une partie a même entamé une grève de la faim en juillet. En vain. Les actes racistes et les discriminations perdurent au sein de la SNCF qui, à chaque fois, protège les auteurs et tente de faire taire les victimes. Même lorsque les auteurs d’actes racistes sont traduits en justice, l’entreprise ne les sanctionne pas.

Présente à l’audience des cheminots marocains avec des membres de l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), cette nouvelle génération de travailleurs et travailleuses discriminé-e-s juge important d’associer leur lutte avec celle des anciens. Le racisme franchit les barrières générationnelles, c’est le même combat !

Radouane (Collectif Droit à la différence) et Nico Pasadena (commission antiraciste)

[1Voir SaphirNews, 7/02/2013.

[2Contrat de droit privé : les PS25 cotisent à l’assurance vieillesse et maladie du régime général, à la différence de ceux et celles qui ont le statut de cheminot ou cadre SNCF, réservé aux Français et Françaises, qui cotisent à des caisses spéciales.

 
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