Areva à l’étranger : De nouvelles centrales sur des zones sismiques




Combien d’accidents faudra-t-il encore pour que l’atome ne fasse plus partie du modèle énergétique mondial ? Quand l’aspect économique prime, l’Etat français développe ses projets sur des zones sismiques à l’étranger.

Au Brésil et en Inde, deux projets de centrale nucléaire pilotés par la France et développés par Areva font aujourd’hui fi de toutes normes de sûreté car construites sur d’importantes zones sismiques. D’abord Angra, à 130 km de Rio de Janeiro dont les deux réacteurs datent de 1980. La construction d’un troisième réacteur avait été initiée par la compagnie allemande Siemens en 1984 mais stoppée deux ans plus tard faute de financeurs : la centrale était sur une zone sismique et l’accident de Tchernobyl avait refroidi quelques ardeurs. Les matériaux de construction et les pièces du réacteur avaient été laissés à l’abandon sur le site.

Mais Areva ne pouvait laisser passer une pareille occasion et négocia en 2008 le rachat des contrats pour achever la construction du réacteur en se moquant éperdument du danger d’un tel projet. Jamais cette construction n’aurait dû reprendre, puisque les composants et la technologie datent d’avant Tchernobyl et n’entrent pas dans les normes internationales de sûreté nucléaire. Mais au Brésil, tout est possible, puisque la Commission nationale pour l’énergie nucléaire (CNEN) est aussi responsable de la vente du combustible et de l’exploitation des centrales. Un conflit d’intérêt flagrant qui arrange bien les affaires d’Areva.

Ensuite, Jaitapur, en Inde, à 400 km au sud de Bombay, est l’autre terrain de jeu d’Areva ! Sarkozy avait signé en 2009 un accord avec l’Inde pour la construction de six EPR, dernier-né des réacteurs nucléaires. Les chantiers des deux premiers réacteurs devraient démarrer en 2012.

Six réacteurs et trois failles

Souci majeur : la région est traversée par trois failles tectoniques. Les séismes font partie du paysage et les 20 dernières années, on n’en compte pas moins de quatre d’une puissance supérieure à 5 sur l’échelle de Richter. Un séisme sur cette zone pourrait ainsi aisément atteindre 7 sur l’échelle de Richter selon les sismologues, ce qu’aucune centrale n’a eu à supporter jusqu’à présent.... Pas de quoi faire peur à Areva et à l’Etat français ! On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas.

Les factures étant trop élevées, la France a recours aux banques privées : la BNP, la Société générale et le Crédit agricole entre autres. Par un système de « garantie d’Etat », les banques qui investissent n’assument aucun risque puisqu’elles ne financent le projet que sur la facture initiale, les surplus éventuels et les accidents nucléaires étant pris en charge par l’Etat, c’est-à-dire par la collectivité. Avec une facture indienne de 5,7 milliards pour les deux premiers réacteurs alors que les experts chiffrent entre 6 et 8 milliards le prix d’une unité, l’investissement devient économique et le projet, très rentable ! Three Miles Island, Tchernobyl, Fukushima, combien d’accidents faudra-t-il encore...

Antoine Concil (militant écologiste)

 
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