Axium Argenteuil : les recettes de la solidarité active




L’action menée avec les sans-papiers de l’entreprise Axium est emblématique du militantisme de proximité.

Nombre de petites luttes (Val d’Horizon, St Prix…) dont on entend peu parler, sont pourtant souvent couronnées de succès : dés que les associations et mouvements locaux s’investissent : l’impact sur l’opinion locale est immédiat et très fort.

La lutte chez Axium, entreprise de transport familiale et au management paternaliste est particulièrement emblématique.

Des salariés sans-papiers assurent de nuit le chargement des camions. Menacés de licenciement, ils se mettent en grève spontanément. Le patron, qui entame des démarches de régularisation, se rétracte peu de temps après. Pendant ce temps : les grévistes campent devant les grilles.
Premier temps, le patron menace : « Depuis trois semaines, tout va mal parce que six personnes font grève. À cause d’eux, je vais devoir licencier sept camionneurs, et si ça continue, je vais fermer. »

Les dialogues entre les militants et les salariés font échouer l’intox. La tentative de diviser les salariés – camionneurs contre logistique – ne prend pas.

Deuxième temps : on tente le pourrissement, le contre la montre, la menace de fermeture. Mais les arguments juridiques dans les dossiers prudhommaux se traduisent en millions d’euros et arrivent à temps pour contrer le dépôt de bilan.

Dernier acte : l’action juridique, la pression sur l’opinion publique et l’échec de la division des salariés, résultent dans une sortie positive de la lutte.

Qu’avons-nous appris ? Trois principes, essentiels dans ce genre d’action.
Prendre l’habitude de travailler ensemble localement, et hors clivages. On a l’impératif de travailler ensemble en réseaux qui se font et se défont : il faut capitaliser là-dessus jusqu’à créer des habitudes militantes fondées sur la confiance, sur des réflexes d’organisation qui s’ancrent peu à peu, et rendent les choses plus faciles. L’essentiel étant que ces réseaux éphémères se mettent au service d’une lutte et non d’un mouvement ou parti spécifique.

Répartir le travail en fonction des spécialités de chacun. Pour Axium, Solidaires s’est occupé de conduire la grève, la LDH de monter les dossiers, la maison des solidarités de l’intendance et des repas, l’accompagnement des grévistes au quotidien étant fondamental (services médicaux, sociaux, enfants….) Chacun fait bénéficier de sa « force ».

Rayonner localement

Le nombre de militants ne permettant pas d’être présent au quotidien, il faut donc chercher à diffuser à proximité, dans le département, ou tiliser la blogosphère pour faire rayonner les idées et influencer les opinions. La pression se fait alors politique : voir nos textes se multiplier sur la toile finit par provoquer, non seulement la colère du patron, mais surtout son recul réel. On ne mesure pas toujours l’importance qu’une entreprise attache à sa réputation en local.

Mutualisation des moyens, entraide, autogestion, absence de hiérarchie et de clivages : la formule libertaire demande une vigilance constante, mais elle fonctionne … à l’évidence !

Collectif AL 95

 
☰ Accès rapide
Retour en haut