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Ça frémit dans les facs, ça bout à Lyon-II




La loi Fioraso qui, dans le prolongement des lois LRU, accentue la privatisation de l’Enseignement supérieur, commence à faire réagir. La contestation monte dans certaines facs (Montpellier, Paris-VIII...). C’est au tour de Lyon-II d’entrer dans la danse : avec en toile de fond une direction d’université en voie de dislocation, les AG succèdent aux actions coup-de-poing, malgré la répression policière.

Le mouvement étudiant est en train de prendre de l’ampleur à Lyon-II. L’université Lumière a rejoint le camp des facs en lutte actuellement (Montpellier, Paris-VIII, …) : depuis quelques semaines des diffes de tracts et des tables d’informations sont tenues quotidiennement.

Ce mouvement est une réponse à la loi Fioraso, dite loi « d’autonomisation » et qui, dans la continuité des lois LRU, privatise toujours plus les universités. La loi Fioraso prévoit que le financement des différents cursus se fera par le biais d’investissements privés. Ce qui signifie deux choses : d’une part le contenu des formations sera moins indexée sur nos besoins que sur ceux de l’investisseur ; d’autre part les formations de sciences humaines et autres cursus jugés inutiles et non rentables seront à terme supprimés !

L’université Lyon-II, bien que non déficitaire, n’échappe pas à cette politique d’austérité. Le projet de son président, Jean-Luc Mayaud, est de rassembler les différentes universités (Lyon-I, Lyon-II, Lyon-III, la fac catho), avec d’autre écoles lyonnaises et la fac de Saint-Etienne pour former un pôle universitaire. L’enjeu : concentrer les moyens, fusionner les filières, et supprimer un maximum de postes…

« N’ayez pas peur de la démocratie ! »

Il semblerait que la crise ne fasse pas des ravages que chez les étudiant.e.s, les personnels et les enseignant.e.s. Elle s’immisce jusqu’au sein de l’administration Mayaud, en voie de désagrégation : 4 vice-présidents sur 6 ont démissionné, ne supportant plus la pression de la hiérardhie. Sentant le sol se dérober sous ses pieds, dimanche 24 novembre, le président de l’université, a déclaré dans un mail envoyé à tout le monde qu’il ne serait pas un « chef sacrificiel » et qu’il convoquait un conseil d’administration « élargi » pour « solutionner la crise à Lyon-II ».

L’assemblée générale des étudiant.e.s en lutte a décidé d’envahir ledit CA pour faire entendre ses revendications. Environ 200 personnes y sont parvenues, en bousculant les membres de la sécurité incendie (utilisée comme milice par Mayaud) qui nous barraient le passage. Nous avons pris place calmement dans l’amphi présidentiel en scandant : « Ce congrès est illégitime, délogeons les pantins du pouvoir », ou encore « N’ayez pas peur de la démocratie. » Pris de panique devant ces dangereux gauchistes, le président a officiellement annulé le CA au bout d’une demi-heure, tout en essayant malgré tout d’en faire monter des membres dans son bureau ni vu ni connu. Vu ! Pas de chance… Hors de question que ce conseil se tienne sans nous, on est donc allé trouver le président dans son bureau pour lui demander des explications.

« Dispersez-vous, les CRS ont ordre de vous charger »

Le bâtiment étant verrouillé de l’intérieur, une porte a été cassée… La foule est montée jusqu’au hall devant le bureau du président, mais les portes sont restées fermées… D’où AG sauvage dans ce hall, avec les étudiant.e.s et quelques prof et personnels qui nous avaient rejoints. Tout le monde est resté assiss devant la porte à discuter, jusqu’à l’interruption par une magnifique sommation : « Obéissance à la loi, dispersez vous, à partir de ce moment les CRS ont ordre de vous charger ! » Des CRS et des gars de la BAC sortaient de toutes part, c’était hallucinant !

Nous avons réussi à sortir collectivement du bâtiment, puis une fois dehors, à nous enchaîner les uns les autres pour éviter les interpellations ciblées. Les CRS nous ont poussés hors de l’enceinte de la fac et se sont jetés sur les personnes « gênantes » : 6 en tout, dont 2 d’AL. S’est ensuivie une garde à vue de vingt-deux heures pour violence aggravée en réunion, dégradations aggravées en réunion et rébellion. Nous sommes en attente des suites judiciaires de cette affaire… Les camarades qui n’ont pas été arrêté.e.s ont été dispersés à coups de tonfas, de boucliers et de lacrymo… Ils et elles se sont ensuite rassemblées devant l’hôtel de police où les attendait un comité d’accueil d’une trentaine de CRS.

500 en assemblée générale

Mardi 26 novembre s’est tenue la 4e AG de lutte, qui a réuni entre 400 et 500 personnes, ce qui montre que la mobilisation va crescendo, la répression ayant soulevé l’indignation. Résultat : des échanges plutôt positifs, pas figés sur le corporatisme étudiant (remise en cause du capitalisme, etc.). L’assemblé s’est prononcé :
 contre la destruction des services publics ;
 pour le réinvestissement de l’État à hauteur des besoins de l’université ;
 pour l’interdiction aux forces de l’ordre de rentrer dans les facs ;
 pour la représentation majoritaire des étudiants au CA
 pour l’abandon des poursuites contre les étudiant.e.s interpellés ;
 pour que les absences en TD ne soient pas compatabilisées.

Un certain nombre d’actions ont été décidées, parmi lesquelles :
 participation et organisation de la prochaine coordination étudiante ;
 occupation et blocage d’un amphi ;
 blocage systématique des CA ;
 participations à d’éventuelles journées de mobilisations nationales et actions interprofessionnelles ;
 grève.

Par la répression ils croyaient étouffer la révolte dans l’œuf. Grossière erreur !

A Lyon-II comme partout, continuons la lutte contre les politiques d’austérité et les violences institutionnelles !

N’arrêterons pas le combat contre les véritables dégradations, commises par cette politique, et qui frappent nos conditions de vie, d’étude et de travail !

Myriam (AL Lyon), le 27/11/2013

 
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