Collectif anti-précarisation de Lot-et-Garonne (CAP 47)




Mettez dans la même pièce des militants de la CGT, de la FSU, de SUD, de la CNT, d’AC, d’ATTAC, ajoutez-y une dose d’inorganisés… A priori, la pagaille a toutes les chances de se développer. Et bien non !

Au contraire, CAP 47 fonctionne correctement, des relations de confiance et de fraternité se sont installées entre les participants, et le collectif mène en parallèle une réflexion collective et des actions militantes. De plus, il ne s’agit pas de militants qui agissent en marge de leurs organisations. Sans qu’il n’y ait en général de mandat formel de ces dernières, c’est tout à fait officiellement que les militants participent à CAP 47. En ce qui concerne la CGT, le comité général de l’Union départementale 47 (UD) - qui rassemble les syndicats entre deux congrès - a même voté la participation de l’UD à CAP 47.

Concernant le volet « réflexion » de CAP 47, actualité oblige, le collectif se penche sur le projet de loi Borloo, ses objectifs, ses dispositions… Pour reprendre la conclusion de CAP 47 sur ce texte, « au total, être jeune ou vieux, femme, chômeur ou précaire, et même exclu de tout, n’est pas une raison pour ne pas travailler, sans doute parce que le travail fournit au capitalisme sa cohésion, ici dans une idéologie qui ne peut masquer le caractère disciplinaire du travail : en même temps qu’une mise au travail, la » mobilisation pour l’emploi « de Borloo est une mise au pas ». Le caractère non consensuel des analyses développées par CAP 47 se répercute aussi au niveau des actions mises en œuvre.

Actions coup de poing

Ainsi, au-delà des traditionnelles diffusions de tracts et réunions d’information auquel le collectif a sacrifié, il entend mener des actions concrètes pour organiser la lutte contre la précarité. Celles-ci peuvent être aussi bien des actions de dénonciation des lois organisant la précarité, que des actions bien ciblées pour s’opposer physiquement à leur application.

Le collectif, après avoir mené une campagne de distribution de tracs dénonçant le RMA (revenu minimum d’activité), a mené une action coup de poing le 23 juin à l’intérieur du conseil général de Lot-et-Garonne. Une centaine d’affiches dénonçant les projets RMA du même conseil (« RMA = la Honte », « RMA = STO ») ont été collées sur les murs de la cour d’honneur de l’hôtel du département. Continuant dans sa logique, le collectif est ensuite intervenu le 30 juin pendant la réunion publique du conseil général consacrée à la séance du vote budgétaire des actions du conseil général. Si l’efficacité de cette action a été limitée, cela a contribué à animer le débat public au niveau départemental sur le RMA.

Le 29 juin, des militants du collectif ont accompagné une action d’une délégation de « galériens venant quémander au maire d’Agen » l’amélioration de la bouffe servie par le restaurant social et en particulier la possibilité d’obtenir un repas le soir et le week-end.

Le 29 juin, toujours, d’autres militants sont intervenus pendant le conseil municipal de la mairie de Saint-Aubin (entre 200 et 300 habitants) pour bloquer l’expulsion d’une famille surendettée de son logement.

Le 29 septembre, nouvelle action du collectif, précédée d’un rassemblement devant la Caisse d’allocations familiales pour distribuer un tract dénonçant les coupures d’électricité subies par les familles en difficulté économique et pour revendiquer le droit à l’énergie pour tous. À la suite du rassemblement, les militants se sont collectivement déplacés au siège d’EDF. Là, soutenus par le syndicat CGT d’EDF, le collectif a, dans un couloir et pendant une bonne heure, rencontré la direction d’EDF, défendu ses objectifs et présenté des cas concrets de coupures de courant. Le syndicat a fait savoir à la direction que, si ce problème n’était pas pris en compte, les opérations « Robin des bois » de rétablissement de l’électricité aux familles en difficulté, organisées durant le conflit contre la privatisation d’EDF en juin, pourraient reprendre. Au final, le collectif et le syndicat ont pris date pour poursuivre cette action ensemble, et une famille a pu avoir de nouveau l’électricité.

Ces différents exemples montrent à la fois la diversité des possibilités d’interventions choisies par le collectif et sa volonté d’allier dénonciations des politiques de régression sociale et actions militantes pour s’opposer à toutes les précarisations.

J.D.

 
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