Débat

Conférence libertaire à Nottingham




Les 7 et 8 septembre, se tenait à l’Université de Nottingham (Grande-Bretagne), la conférence Is Red and Black dead ? (« Le rouge et noir est-il mort ? »). Celle-ci, comme l’indique son titre, s’intéressait aux convergences entre anarchisme et marxisme, et de façon plus large aux courants anarchistes se revendiquant de la lutte des classes. L’objectif était de s’interroger sur la pertinence, après plus de 150 ans de mouvement ouvrier révolutionnaire, du courant idéologique rouge et noir, et d’évaluer ses apports.

Afin d’essayer de répondre à ces interrogations, plus de 30 intervenants ont apporté leurs contributions, que ce soit d’un point de vue historique, sociologique ou politique. On peut dégager trois grands axes de la conférence :

– Le premier est l’étude de la nature même de l’anarcho-communisme ou communisme libertaire, les distinctions entre syndicalisme révolutionnaire, anarcho-syndicalisme et communisme libertaire. Parmi les plus notables, celles de Paul Smith sur l’effondrement de la Première Internationale, qui remet celle-ci en perspective, ne la voyant pas comme la lutte entre anti-autoritaires du coté de Bakounine et d’autoritaires du coté de Marx, mais plutôt comme la conséquence logique du caractère hétéroclite de l’internationale, des luttes d’influences et de la contradiction entre tendances centralisatrices et centrifuges. De même, les contributions de Dave Berry et de Renzo Llorente très intéressantes du point de vue de la genèse du courant rouge et noir.

– Le second axe était l’étude concrète des mouvements du courant anarchistes de lutte de classe, en allant des luttes des mineurs de Durban en 1914, aux groupes anarchistes américains d’après la Première Guerre mondiale, aux anarchistes conseillistes en Nouvelle-Zélande dans les années 1970, en passant par les combats anarchistes dans l’Italie de 1919. Cet axe a permis de prendre conscience de tout un héritage de luttes au niveau mondial ainsi que de pages d’Histoire bien trop souvent oubliées.

– Enfin, le dernier axe portait sur la confrontation des idées rouge et noir avec ce que l’on appelle la « nouvelle gauche », comme par exemple les mouvements antiracistes, féministes, écologiques, ou le courant autonome. Une étude intéressante portait sur les valeurs véhiculées par les militants révolutionnaires et la façon dont ils les hiérarchisent. Une autre contribution intéressante : celle de Jean-Christophe Angaut sur les bases communistes conseillistes du mouvement situationniste, trop souvent oubliées par ceux qui s’en réclament.

Si, comme toute confrontation intellectuelle intéressante, la conférence a laissé plus de questions ouvertes que de réponses, en voyant le nombre de participants et la diversité de leurs origines (Nouvelle-Zelande, États-Unis, Hollande, Grèce, Italie, Espagne, France), on peut dire que le courant Rouge et noir est très loin d’être mort.

Matthijs (AL Montpellier)

 
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