Confus : Zanaz, « L’impasse islamique »




Les Éditions libertaires sont souvent mieux inspirées (voir ci-dessous). Sans doute ont-elles senti qu’elles s’aventuraient en terrain glissant quand, avant même la publication de leur livre L’Impasse islamique, elles ont adressé à l’ensemble des éditeurs libertaires ou apparentés une sorte d’appel à soutien préventif. Ce que, à la lecture de l’opuscule, une bonne partie – Libertalia, Le Chien rouge (CQFD), Alternative libertaire, L’Altiplano, Ab Irato, Spartacus, Rue des Cascades, Acratie – ont illico refusé. D’où une lettre circulaire assez aigre accusant tout ce petit monde d’être « comme par hasard » des adeptes du « marxisme, du néomarxisme, du cryptomarxisme, du postmarxisme, du paramarxisme ». Ah, le grand complot marxiste – on avait failli l’oublier celui-là – explique bien des choses ! Plus sérieusement, les Éditions libertaires peuvent comprendre qu’on n’ait aucune envie de donner l’absolution à un livre confus, préfacé par le gaulliste de gauche Michel Onfray… Expliquons-nous.

AL n’a aucun problème pour faire la critique de l’aliénation religieuse. Mais elle reste improductive si elle ne s’applique pas à l’ensemble non hiérarchisé des religions, et si elle ne prend pas en compte les rapports sociaux. L’Impasse islamique, qui aimerait s’attaquer à la religion musulmane, est un ouvrage idéaliste et islamophobe souffrant de trois problèmes. D’abord il relève d’un essayisme vulgaire qui préfère substituer l’érudition lyrique à « l’analyse lourdement outillée » (page 4), n’hésitant pas à s’abriter derrière cette militante « de terrain » (sic) que serait la socialo-sarkozyste Fadela Amara. Ensuite l’auteur développe une vision où priment les abstractions conceptuelles, au détriment d’une analyse matérialiste. Enfin domine une perspective qui sacralise « l’Occident » et la « modernité » qui va jusqu’à prendre pour exemple des leaders autoritaires du type de Mustapha Kemal.

Le problème est pourtant moins l’islam que l’islamisme. Il n’est donc pas culturel mais politique. AL défend une conception rationnelle et scientifique opposée à la déraison des systèmes de domination existants, mais on ne peut pas empêcher par la contrainte les individus de faire groupe sur des bases religieuses, s’ils le font sans coercition. Or l’auteur fait une équation à la De Villiers, identifiant islam, islamisme et terrorisme.

Préférons les études sérieuses de Georges Corm, de François Burgat et d’Olivier Roy, à ce salmigondis célébrant un Occident fantasmé. C’est sûrement cette vision fantasmatique et anhistorique qui explique que l’auteur oublie opportunément d’en mentionner les tares – génocides, guerres impérialistes, destruction capitaliste des sociétés et de la planète. Toutes preuves d’une « modernité occidentale » bien réelle celle-là.

Les Éditions Alternative libertaire

  • Hamid Zanaz, L’impasse islamique. La religion contre la vie. Préface de Michel Onfray, Éditions libertaires, 2009, 176 pages, 13 euros.
 
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