Courrier d’une lectrice : Porno, capitalisme et sexualité




Suite à l’article «  cadrages féministes pour un cinéma X  » dans Alternative libertaire de mars, une lectrice a souhaité réagir. Notre mensuel publie des articles qui reflètent les orientations d’AL, mais il s’enrichit aussi parfois de points de vue et d’analyses autres, s’ils ne nous semblent pas antagoniques. Il est juste que certains articles fassent débat.

Après avoir lu l’article du mensuel de mars intitulé «  Cadrages féministes pour un cinéma X  », je souhaitais aborder les nombreuses faiblesses dont il souffre.

D’abord en mettant sur le même plan féminisme dit prosexe et féminisme radical, ce qui permet de lire sans bémol «  la théorie essentialiste selon laquelle sexe et genre sont clairement définis  ». Je reste dans le doute quant au sexe et ce qui sous-tend la volonté de transition, par contre aucun doute le sexe social (le genre donc) est une réalité et nous sommes tous toutes construits dans un rôle clairement défini. Que nous puissions l’aménager, en sortir partiellement individuellement n’empêchera pas les femmes d’être moins payées et victimes de violences. Jusqu’à aujour­d’hui, c’est la base du féminisme radical et matérialiste d’Alternative libertaire.

Ensuite, avec une analyse pauvre du porno. A quoi sert le porno  ? A faire bander les hommes (et à faire mouiller les femmes si les images leur étaient plus destinées). Comment on excite les humains  ? Avec la représentation de leurs fantasmes, même les plus inavoués. Les fantasmes sont-ils humainement et politiquement corrects  ? Je laisse chacune et chacun juger dans le secret de son imagination. Mais les fantasmes sont probablement comme le reste influencés par le contexte social. Les fantasmes doivent-ils sortir de l’intimité des cerveaux  ? En capitalisme oui, tout ce qui attire et permet de vendre de la pub ou des objets est souhaitable.

Quels sont les autres problèmes posés par le porno ? Ils sont colossaux. D’abord les ados y apprennent la sexualité et croient que c’est la vraie vie sexuelle. Combattre cette éducation à la violence d’un côté, à la soumission de l’autre, passe par une éducation sexuelle et au consentement réelle, et très présente à tous les âges de la scolarité  ; par une condamnation des violences, sociale et judiciaire ; par une éducation à l’autonomie des filles et femmes et à la variété normale des corps et des vulves. Ensuite, les actrices y sont maltraitées. Parce que les situations filmées ne peuvent pas l’être dans de bonnes conditions pour le corps des actrices. Le porno est plus proche du système prostitutionnel que du cinéma. Et là il faut des contrôles, des règlements et des sanctions. Peut-être que le ciné porno disparaîtra dans ces conditions, c’est pas grave, les fantasmes c’est intime.

Peut-il y avoir un porno féministe ? On revient à la question : à quoi sert le porno ?

Christine (AL Orne Sarthe)

 
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