Crise : Un tiers pour les actionnaires, c’est un tiers de trop




Ces dernières semaines, sous prétexte d’« agir face à la crise », Sarkozy a accumulé les mensonges et les non-dits. Mais a également évoqué des projets tout à fait sérieux, porteurs de jours encore plus sombres pour les classes populaires.

Le 5 février, Sarkozy annonçait la suppression de la taxe professionnelle, suscitant les frétillements de joie de Laurence Parisot, présidente du Medef, qui l’a néanmoins enjoint de ne pas la remplacer par un autre impôt qui pénaliserait « le même secteur d’activité » (en clair, le patronat). Or, l’apport de la taxe professionnelle aux budgets des collectivités locales s’élevait à 28 milliards d’euros en 2007. Il faudra donc faire payer le contribuable, sans doute via la taxe d’habitation, impôt injuste car non indexé sur le revenu. Autre conséquence probable : le recul des services financés au niveau local, voire peut-être des aides sociales aux personnes âgées ou aux privé-e-s d’emploi qui sont prises en charge par les départements, encore une fois au détriment des plus modestes.

le coup des trois tiers

Ce nouveau cadeau au patronat suit ceux du plan de relance de décembre (voir AL n°180), et coïncide avec le projet de construction d’un second réacteur nucléaire EPR au bénéfice de GDF-Suez, alors même que le plan de relance était supposé favoriser les énergies renouvelables.

Sarkozy a également projeté de supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu. Cette mesure peut paraître « sociale », mais une fois rappelé que 50 % de la population ne paie pas cet impôt, on comprend qu’il ne veut pas soutenir le pouvoir d’achat des classes populaires, mais plutôt celui de cette frange de son électorat qui est en train de le lâcher : les classes moyennes. Sans surprise, Sarkozy a préféré le clinquant à la justice sociale. Il aurait pu annoncer une baisse de la TVA, impôt le plus injuste car touchant davantage les plus pauvres que les plus riches [1]. Pour justifier son choix, il a eu l’audace de prétendre que cette mesure s’était, en Angleterre, accompagnée d’une baisse de la consommation, ce qui est faux [2].

Sarkozy a par ailleurs vanté les mérites de la distribution en trois tiers des profits des entreprises : un tiers aux actionnaires, un tiers à l’investissement, un tiers aux salarié-e-s. On pourrait croire qu’il s’agit de prendre aux actionnaires pour rendre aux salarié-e-s. En réalité, les actionnaires touchent déjà le tiers des profits, la majeure partie de ceux-ci allant à l’investissement. Il faudrait donc amputer sévèrement ce dernier poste, ce qui est inepte économiquement, mais aurait l’avantage de maintenir les dividendes des actionnaires. En fait, il s’agit de paroles en l’air qui ne seront jamais appliquées.

En résumé, Sarkozy essaie de ruser pour faire croire qu’il soutient les classes populaires face à la crise, tout en en profitant pour arroser copieusement le patronat.

Vincent Nakash (AL Paris-Sud)

[1En effet, plus vos revenus sont faibles, plus vous en consommez une part importante au lieu d’épargner, et plus vous payez donc proportionnellement de TVA.

[2Augmentation de 2,6 % entre novembre et décembre 2008.

 
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