Armes de destruction massive

De l’agent orange au Vietnam au phosphore blanc sur Fallouja




Au mois de novembre 2004, l’armée américaine, chargée de mener l’offensive sur Fallouja, a utilisé des bombes au phosphore blanc, malgré la présence de civils. Expérience qui n’est pas sans rappeler l’utilisation de l’“ agent orange ” au Vietnam il y a plus de trente ans.

Le Pentagone et la Maison-Blanche n’ont pas été avares de démentis... pourtant, des journalistes ont apporté des preuves irréfutables de l’utilisation d’armes chimiques en Irak. Le gouvernement Bush est alors obligé de reconnaître que des armes chimiques ont été utilisées à Fallouja.
Un journaliste de France-Soir écrivait dans un article : "Les armes de destruction massive ont été retrouvées en Irak, mais pas forcément là où on l’imaginait." Il cite un scientifique irakien qui précise qu’il s’agissait d’une "pluie de feu qui s’est abattue sur la ville et [que] les gens ont commencé à brûler". Des photos accablantes montrent les victimes : corps carbonisés, femmes et enfants rongés par les flammes, etc. Un véritable Guernica oriental, où l’envahisseur expérimente ce genre d’armes pour, dans l’avenir, les perfectionner. Un marine de l’armée américaine, interrogé par une chaîne de télévision italienne, a déclaré : "J’ai vu les corps brûlés de femmes et d’enfants." Le phosphore blanc - puisqu’il s’agit de cette arme chimique - explose au contact de l’air sous forme de nuages et ne laisse aucun survivant dans un rayon de 150 mètres. Il s’agit d’un agent chimique mortel qui brûle la peau.

Odieux cynisme

Les États-Unis voulaient en finir avec Fallouja, ville sunnite, qu’ils considéraient comme le point de départ de la rébellion dans tout l’Irak. En novembre 2004, les forces américaines ont procédé à l’assaut de la ville : quinze jours de combat, maison par maison. Le prix à payer a été bien lourd pour les populations locales, puisque l’on compte plus de 2 000 personnes tuées. Le Pentagone et la Maison-Blanche, qui ne sont pas sans savoir ce qui se passe en Irak bien sûr, violent sciemment l’accord signé, précisément, par les États-Unis de la convention de l’ONU de 1977 sur l’utilisation d’armes chimiques.

Souvenons-nous que les États-Unis ont été accusés d’avoir fait usage, pendant la guerre de Corée, de bombes bactériologiques. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld - un “ faucon ” qui cherche à faire oublier son ancien copinage avec Saddam Hussein -, a prétendu que le phosphore blanc était une arme conventionnelle. Cette déclaration, qui est en elle-même un aveu de l’usage qu’en ont fait les forces armées américaines sur Fallouja, n’était même pas nécessaire puisque les photos des victimes prises à ce moment-là prouvent bien l’utilisation d’armes chimiques. Cela démontre la responsabilité et l’odieux cynisme de dirigeants qui approuvent ces crimes.

Silence international

Il ne faut pas, en outre, passer sous silence l’hypocrisie des dirigeants de la planète, qui ont fait unanimement l’impasse sur les crimes quotidiens des forces d’une superpuissance. De toute façon, rêver que Bush, Cheney et consorts pourraient avoir à rendre des comptes devant le Tribunal pénal international relèverait d’une certaine naïveté. Il faudrait alors remonter à l’intervention de Reagan à La Grenade, et à celle de Bush père au Panama : plus de 5 000 civils tués pour permettre au géniteur de l’actuel locataire de la Maison-Blanche de capturer Noriega, un ancien copain de la CIA, qui aurait pu par certaines déclarations, gêner le candidat à un second mandat. Alternative libertaire a, par ailleurs, publié un article sur “ Les séquelles d’une guerre chimique ” au Vietnam. À ce jour, l’utilisation de la dioxine a encore des conséquences : déformation des membres, yeux sans pupilles, cancers précoces, etc. Il a fallu le cynisme de Madeleine Albright, secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’administration Clinton, lors d’une visite à Hanoi en 1997, pour affirmer qu’il fallait apporter des preuves scientifiques à de tels agissements. Ainsi, comme toujours, les plus hautes autorités des États-Unis refusent et refuseront de reconnaître l’évidence. Pour conclure, le motif ici n’est pas de chercher à faire le seul procès de Bush et de sa camarilla, mais de souligner également le rôle de gouvernements (dont le nôtre) qui préfèrent encore une fois que les gens soient à la limite de la misère, et dépenser énormément dans la fabrication d’armes de destruction massive. Les gouvernements français oublient-ils les expériences nucléaires à Reggane (désert algérien, au temps où le peuple algérien menait sa propre lutte de libération), et à Mururoa (Polynésie) qui ont eu des conséquences semblables à celles de l’agent orange ? Ne faut-il pas considérer comme autant de tartufferies les réactions officielles des dirigeants des dirigeants européens quand ils déclarent s’opposer à Bush et le menacer quand il refuse un amendement voté par le Sénat qui stipulait que “ tout détenu doit être préservé de traitements cruels, inhumains ou dégradants ” ? Détruire toute la population d’une ville sans soulever la moindre réaction (ou si peu) révèle une forme de mépris de la part de dirigeants qui donnent encore à la colonisation un rôle positif, et aux auteurs de crimes contre l’humanité une impunité qu’ils garderont, parce qu’ils sont considérés comme le “ phare de la démocratie ”.

Ngoc

 
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