économie

Dossier spécial : La dimension marxienne de l’anarchisme




Il y a 200 ans naissait Karl Marx. Pourquoi continuer aujourd’hui d’expliquer les fondamentaux de sa critique de l’économie ? Tout simplement parce que, s’il y a un élément théorique commun au marxisme et à l’anarchisme, c’est bien l’analyse du capitalisme.

À tel point qu’on peut dire que la critique de l’économie correspond – de façon assumée ou refoulée – à la dimension « marxienne » de ­l’anarchisme. Se dire « marxien » et non « marxiste » revient à adhérer à la méthode d’analyse de Marx, mais pas à ses orientations politiques ni à celles de ses successeurs attitrés – socialistes parlementaires ou autoritaires.

Au-delà de leurs divergences sur le socialisme, Proudhon, Marx et Bakounine eurent de nombreuses identités de vues  : sur la propriété des moyens de production et la lutte des classes, le salariat, sur l’idée que seul le travail est créateur de richesses, donc de plus-value.

Marx a emprunté beaucoup aux écrits d’autres auteurs (Ricardo, Proudhon, Victor Considérant, Saint-Simon…). Son œuvre monumentale, Le Capital, condense tous ces apports, en portant l’analyse à un degré de rigueur et de clarté sans précédent. Il a dès lors été intégré au corpus théorique des divers courants du socialisme, y compris l’anarchisme.

Évoquant, dans un manuscrit de 1870, le « magnifique ouvrage sur le Capital » de Marx, Bakounine juge qu’il « aurait dû être traduit depuis longtemps en français, car aucun, que je sache, ne renferme une analyse aussi profonde, aussi lumineuse, aussi scientifique, aussi décisive, et, si je puis m’exprimer ainsi, aussi impitoyablement démasquante, de la formation du capital bourgeois et de l’exploitation systématique et cruelle que ce capital continue d’exercer sur le travail du prolétariat ».

Mais la querelle historique entre Marx et Bakounine allait conduire la majorité des anarchistes des générations suivantes à jeter le bébé avec l’eau du bain. Désormais, dans le mouvement anarchiste, le nom de Karl Marx ne pourrait plus se prononcer qu’avec un rictus de dégoût… Pendant plusieurs décennies, rares furent ceux et celles qui assumèrent cet héritage – et parmi eux on peut citer Amédée Dunois (1878-1945), Georges Fontenis (1920-2010) ou Daniel Guérin (1904-1988) – avant que le courant communiste libertaire n’intègre ouvertement « le meilleur de Marx ».

Dans les années 1970, l’Organisation révolutionnaire anarchiste réédita ­ainsi L’Abrégé du Capital de Cafiero. Par la suite l’UTCL et enfin Alternative libertaire ont poursuivi sur cette lancée.

Un dossier coordonné par Winston Ronwen (AL Moselle)


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