Droits des femmes : La lutte doit continuer !




À l’heure où les droits fondamentaux sont remis en cause, il est utile faire un petit historique des luttes qui ont abouti au droit à l’avortement et à la contraception, qui restent précaires aujourd’hui. Défendre ces droits-là, mais également en conquérir d’autres…

En janvier 2005, la loi Veil autorisant l’avortement aura 30 ans. La CADAC (Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception), l’ANCIC (Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception), le MFPF (Mouvement français pour le planning familial) organise le 15 janvier une manifestation ayant à la fois pour objet de rappeler que le droit à l’avortement est une victoire des luttes des femmes mais que rien n’est acquis.

Le droit à l’avortement n’est toujours pas garanti et de nombreuses difficultés y font obstacles :

D’abord, l’obtention des décrets d’application de la loi de 2001 concernant l’avortement médicamenteux en ville (plus simple, moins traumatisant, moins cher, praticable par plus de médecins) a demandé plus de trois ans. De plus, l’offensive des lobbies anti-IVG est forte. Un collectif « 30 ans ça suffit ! » (voir ci-dessous) s’est créé pour organiser une manifestation contre la loi Veil le 23 janvier. Des actions en justice répétitives visent à obtenir le statut d’être humain pour le fœtus. La Cour européenne des droits de l’homme a dû se prononcer en juillet cette année. La requérante, une ressortissante française, dénonçait le refus des autorités françaises de qualifier d’homicide involontaire l’atteinte à la vie de l’enfant à naître qu’elle portait. Considérant que l’enfant doit être regardé comme un être humain dès sa conception, la requérante demandait que le droit à la vie, garanti dans l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, soit étendu à l’enfant non né. Les arguments de la requérante pour soutenir sa demande ressemblaient fort à ceux traditionnellement utilisés par les mouvements anti-choix pour demander la reconnaissance du statut de personne au fœtus. Le fait que son avocat ait par ailleurs défendu des membres de commandos anti-IGV en France n’est sûrement pas étranger à cette proximité. Tout comme la Cour de cassation a toujours refusé de considérer le fœtus comme une personne humaine pénalement protégée, la Cour européenne a considéré que « c’est la potentialité de cet être et sa capacité à devenir une personne qui doivent être protégées au nom de la dignité humaine sans pour autant en faire une personne qui aurait un droit à la vie au sens de l’article 2 de la Convention » (extrait du communiqué du MFPF).

Dans le même ordre d’idée, l’opposition active de certains membres du corps médical ou de pharmaciens qui refusent d’appliquer la loi est significative. Des pharmaciens refusent de délivrer immédiatement (et gratuitement aux mineures) la pilule du lendemain. Le contexte international est défavorable au droit à l’IVG : les pays européens ne l’autorisant pas empêchant la prise en compte de ce droit par l’Europe, les intégristes au pouvoir aux USA réduisent les crédits aux organisations aidant l’IVG et préconisent l’abstinence. La pauvreté des moyens des hôpitaux publics et le faible nombre de médecins disposés à pratiquer ces interventions conduisent parfois au dépassement du délai légal en France, contraignant les femmes qui en ont les moyens à aller avorter dans d’autres pays. Ce n’est toujours pas un acte accessible pour les femmes et la culpabilisation est toujours présente. Un avortement est considéré comme un échec et les femmes doivent toujours donner de « bonnes » raisons quand elles en parlent.

L’opposition au droit à l’avortement est fondée sur des arguments explicites et assumés : la crainte de la dénatalité locale et des invasions étrangères, la protection de la vie innocente dès sa conception, et des arguments parfois exprimés mais plus discrets : la nécessité de contrôler la sexualité des femmes (qui risquent de profiter de la liberté de la contraception et de l’avortement), la nécessité de réduire la sexualité à la seule procréation, au moins pour les femmes, et de limiter l’accès au plaisir par la crainte d’une grossesse. Face au public, leurs arguments sont plus neutres, et ils prétendent juste vouloir des moyens pour aider les mères en difficulté pour accueillir leur enfant.

Les religions, et encore plus leurs intégristes, sont passionnés par ce qui se passe dans le lit et le ventre des femmes et visent à la suppression de la liberté et du plaisir sexuels.

Christine

 
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