Echange de tribunes AL-LCR




Dans le cadre d’un dialogue entre anticapitalistes, Alternative libertaire a proposé un échange de tribunes à plusieurs organisations que nous pouvons côtoyer dans les luttes : la Fédération anarchiste, la Coordination des groupes anarchistes (CGA), le réseau No Pasaran, la LCR et les Alternatifs. L’échange de tribunes avec les Alternatifs est paru en janvier 2008. La FA a déclaré ne pas pouvoir décider pour son hebdomadaire. Sollicité, Le Monde libertaire n’a pas répondu à notre invitation. La CGA et le réseau No Pasaran n’ont pas souhaité s’exprimer.


Tribune de la LCR dans Alternative libertaire

QUE LE DÉBAT CONTINUE !

« Depuis de nombreuses années, nous constatons qu’existent des forces militantes, animatrices de luttes ou de résistances politiques, des jeunes et des moins jeunes, qui cherchent un outil politique, non seulement pour résister aux offensives capitalistes, mais également pour défendre la perspective d’une autre société, d’un socialisme démocratique, débarrassé de toutes les exploitations, discriminations et oppressions. Les partis de gauche et les directions syndicales ont opéré un double abandon. Ils ne contestent plus le capitalisme, qu’ils proposent seulement d’aménager, et se rallient même aux contre-réformes néolibérales.

L’évolution de la situation politique et sociale : la crise économique, les résistances à Sarkozy et au Medef, l’évolution à droite de la gauche, donne une responsabilité particulière à tous les anticapitalistes. Nous sommes beaucoup à vouloir construire un parti des luttes, de la contestation et des résistances. Le rapport de forces a permis d’arracher l’essentiel des conquêtes ouvrières et démocratiques. Par les grèves et les manifestations, nous serons efficaces pour résister aux attaques, pour conquérir de nouveaux droits. Contre le pouvoir et face à la gauche d’adaptation, nous avons besoin d’une gauche qui ne lâche rien.

Nous ne résumons pas le « débouché politique » des luttes à la participation aux élections. Il s’agit, au contraire, de féconder au sein de la lutte de classe une vision globale de la société capitaliste, d’organiser dans le cadre des résistances sociales des batailles politiques permanentes. Il est question de réhabiliter au sein d’un mouvement social à reconstruire, un projet de société alternatif au capitalisme.

Voilà ce qui manque, selon nous, aux luttes actuelles et qui appelle la construction d’un nouvel outil politique. Quant aux participations électorales, ou le fait d’exercer un mandat au sein des institutions quand nous y sommes élus sur la base de notre indépendance nous ne sommes pas contre. Mais nous ne croyons pas, pour autant, changer la société par un jeu d’alliances entre partis dans ces institutions. Participer aux élections tout en cherchant à créer une défiance majoritaire vis-à-vis du système institutionnel peut susciter des contradictions. La question est de savoir si elles sont surmontables : nous pensons que pédagogiquement, nous pouvons détourner ces illusions vers un autre terrain, celui de la lutte collective et du changement radical tout en popularisant un projet anticapitaliste lors de ces « tribunes » électorales.

C’est un processus constituant qui commence à s’engager. Nous ne proposons pas un parti ficelé. Nous voulons dans le cadre de ce processus débattre des questions programmatiques et stratégiques. Le travail théorique ne sera, sans doute, pas complet en un an. Il se construira, et évoluera en confrontant les convictions et les hypothèses à la pratique des luttes dans la plus grande démocratie interne, en sachant que personne n’est dépositaire a priori de « la » vérité.

Nous voulons construire une nouvelle maison, où chacun et chacune qui s’engage, se sent « chez soi », quelle que soit sa trajectoire passée. Nous proposons de construire une nouvelle représentation pour tous les exploités et tous les opprimés, nous leur proposons de se représenter eux- mêmes. Des divergences existent entre nos deux organisations, mais cela ne nous empêche pas d’agir ensemble et de continuer le débat. »

La LCR, le 20 février 2008


Tribune d’AL parue dans Rouge

REMETTRE LA TRANSFORMATION SOCIALE AU CŒUR DES LUTTES

« Les récentes grèves en défense des régimes spéciaux, le mouvement étudiant contre la LRU ou encore les luttes vivaces sur le front du logement ou des sans-papiers, témoignent de la capacité de riposte des exploité-e-s.

Néanmoins, le recul de la conscience de classe et l’absence d’une stratégie d’ensemble pour affronter les attaques patronales et gouvernementales pèsent sur le mouvement social et hypothèquent ses possibilités de victoire.

Le Parti socialiste n’a rien d’autre à proposer qu’une opposition sur la forme aux projets de Sarkozy, dévoilant ainsi un espace considérable pour les anticapitalistes.

Face à ces responsabilités nouvelles, quelle stratégie pour les anticapitaliste et quelles convergences pour les forces qui se réclament de la transformation sociale ?

Alternative libertaire s’emploie à la formation d’un front des anticapitalistes, indépendant des institutions bourgeoises, pouvant rassembler toutes celles et ceux qui se revendiquent de l’anticapitalisme, militant-e-s organisé-e-s politiquement, syndicalistes de lutte, militant-e-s des mouvements sociaux. Un tel rassemblement doit permettre la popularisation des luttes, une expression unitaire pour amplifier la voix des anticapitalistes et contribuer ainsi à rendre crédible un projet révolutionnaire.

Délégitimer les institutions

En avançant vers la création d’un nouveau parti anticapitaliste, la LCR propose la construction d’une force dont la raison d’être sera en bonne partie d’exister sur l’échiquier électoral.

À l’heure où la crise de légitimité des institutions est grandissante il est question d’incarner la conflictualité sociale dans les urnes, et d’œuvrer ainsi au renforcement de la délégation de pouvoir, là où nous pensons que les révolutionnaires doivent au contraire contribuer à approfondir la perte de confiance dans la représentation et dans le personnel politique.
Les élections municipales de 2008 ont constitué de fait une étape essentielle dans la construction de ce parti. Au-delà d’une fonction tribunicienne, l’enjeu est de gagner des postes de conseillers municipaux voire de maires. Être révolutionnaire et être élu-e au sein d’une institution de gestion du capitalisme, la contradiction est dure à assumer et de peu d’utilité pour permettre au mouvement social de contenir les attaques libérales et de les battre en brèche.

Réarmer politiquement les luttes

Ce qui fait défaut aujourd’hui c’est la capacité des travailleurs et des travailleuses à définir et porter un projet d’émancipation sociale.
Il n’est pas possible d’opposer les seules mesures d’urgence à une droite hégémonique.

1986, 1995, 2003, 2006. Toutes les grandes grèves et luttes de ces vingt dernières années ont souffert de la même lacune. Elles ont réussi à cristalliser les mécontentements, mais elles n’ont pas réussi à approfondir la crise politique qui s’esquissait à chaque fois. Elles ont été porteuses de combativité et de radicalité, mais elles n’ont pas débouché sur un processus de contestation permanente du pouvoir étatique et patronal comme ce fut le cas en France et en Italie entre 1968 et le milieu des années 1970.

Pourquoi ? Parce que l’idée qu’il est nécessaire de transformer radicalement la société ne fait pas sens aujourd’hui pour un nombre significatif d’opprimé-e-s.

Remettre la question du projet de société et de son élaboration au cœur des mouvements sociaux et des luttes est une priorité. C’est le sens du front anticapitaliste que nous défendons. »

Alternative libertaire, le 23 mars 2008


Démenti

À diverses reprises ces dernières semaines, la LCR a écrit, dans Rouge ou sur son site Web, que dans certaines villes elle avait mené la campagne municipale avec AL. Nous sommes désolés de devoir, pour la énième fois, démentir : AL n’a présenté ni candidate ni candidat ni soutenu aucune liste durant cette campagne. Nous prions la LCR de réfréner son enthousiasme et de vérifier ses informations.

 
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