Edito : Passer du mécontentement à la colère




Mobilisation lycéenne massive contre la loi Fillon, nouvelle offensive des chercheur(se)s, mais aussi des intermittent(e)s du spectacle contre la convention Unedic Medef/CFDT, 1 million de travailleuses et travailleurs du privé et du public dans la rue contre la politique du Medef et du gouvernement en matière de salaire, d’emploi et de services publics. Nous assistons peut-être aussi au retour de grèves dures dans le privé après celle des salarié(e)s de H & M, ce sont les ouvrières et les ouvriers de Peugeot d’Aulnay (Seine-Saint-Denis) qui ont paralysé presque complètement la production de leur usine pour s’opposer aux baisses de salaires imposées par leur patron pour raison de chômage technique. Ils viennent d’ailleurs d’obtenir en partie gain de cause. Cela faisait 21 ans que le secteur automobile n’avait pas connu de conflit majeur !

Ce mois de mars 2005 aura assurément été marqué par un net changement du climat social.

L’arrogance d’un gouvernement au service des privilégiés, les profits astronomiques des capitalistes (24 milliards de bénéfices pour les 8 premières entreprises cotées au CAC 40) ne bénéficiant qu’aux actionnaires, les provocations répétées des partisan(e)s du « oui » à la constitution européenne sont autant de facteurs qui viennent alimenter la conflictualité sociale.

Que la révolte ne soit pas plus forte est du reste difficilement compréhensible.

En effet, n’importe quel énergumène nous interpellant dans la rue pour nous annoncer qu’il va nous faire les poches pour que nous nous portions mieux se prendrait notre main dans la gueule, là c’est Raffarin qui nous le dit et il faudrait lui dire merci ? On croit rêver, mais c’est pourtant ainsi que s’est comporté le gouvernement depuis trois ans.

C’est donc le moment de passer à l’action, parce que ce pouvoir, atteint par l’étalage de ses privilèges de classe (affaire Gaymard entre autres), haï par des millions de jeunes et de travailleur(se)s pour son arrogance, de plus en plus contesté par la rue, est sur la défensive.

Alors que le Medef se tait, le gang au pouvoir tente une nouvelle manœuvre en essayant de dissocier la question des salaires de tous les autres contentieux (emploi, services publics) afin d’amadouer les confédérations syndicales et de préserver un vote de plus en plus contesté en faveur d’une constitution européenne taillée sur mesure pour le capital : gouvernement et Medef ont l’arrogance de proposer des mesures d’intéressement aux bénéfices (des miettes exonéres de charges sociales) en lieu et place d’une augmentation des salaires.

Le Parti socialiste et ses alliés Verts se disent du côté des travailleur(se)s, mais ils se gardent bien de dire s’ils comptent revenir sur toutes les contre-réformes (retraites, Sécu, école, 35 heures) du gouvernement. Et puis on ne peut à la fois être du côté des opprimé(e)s et leur porter les coups les plus terribles en œuvrant pour la libéralisation à Bruxelles et à Strasbourg, et en défendant le « oui » au référendum du 29 mai prochain.

Aujourd’hui le mécontentement est réel, mais pas assez fort pour que le pouvoir recule de façon décisive comme on le voit sur la loi Fillon et les 35 heures. Pour cela il faudrait qu’il se transforme en colère, une colère qui balaye les hésitations et les états d’âme, entraîne la rupture et fasse la différence entre des journées d’action sans lendemain et le raz de marée d’une grève générale.

Oui il est vraiment temps de passer à l’action et donc de débattre des moyens d’action.

Les dernières grèves de 24 heures ont bien montré le ras l’bol ambiant.

Si l’on veut remettre en cause les privilèges et les profits de la France d’en haut, c’est bien la machine économique qui les génère qu’il faut bloquer non pas pour revendiquer des clopinettes mais pour la réquisitionner, se l’approprier et redistribuer nous-mêmes les richesses.

 
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