Elections : La vraie claque ce sera dans la rue




Les élections ont été l’occasion pour beaucoup d’exprimer leur colère contre la politique de Chirac-Raffarin en donnant la quasi-totalité des conseils régionaux à la gauche. La détermination inchangée du gouvernement à écraser les classes populaires par une politique tournée vers les seuls intérêts du Medef souligne l’urgence d’une riposte sociale de grande ampleur.

Une claque pour le gouvernement. C’est l’expression qui revient dans toutes les bouches pour caractériser les résultats des élections régionales. Si on ne peut nier l’ampleur du vote-sanction, force est de constater que ces résultats risquent d’avoir peu d’impact sur la politique gouvernementale des mois et des trois années à venir.

Sur ce point l’expression des leaders de la droite a été très claire et peut se résumer en une formule : « rien ne nous arrêtera dans notre politique de réforme » autrement dit, nous allons continuer à satisfaire tous les désirs du Medef et à écraser toutes celles et ceux que nous écrasons depuis deux ans.
Cette détermination peut sembler à première vue surprenante, voire incompréhensible. En effet quel intérêt la droite a-t-elle de poursuivre une telle politique, si c’est pour se faire laminer et perdre un nombre important d’élu(e)s et de leviers de pouvoir ? Bien sûr ce n’est pas de bon cœur que la droite abandonne les présidences de plusieurs régions.

Cela dit, ce recul n’a aucune incidence sur le pouvoir exécutif et législatif, et à moins d’une crise politique majeure, la droite se dit qu’elle a trois ans pour inverser la tendance.

Permanence de la crise de la représentation

Autre élément à apprécier, ces élections régionales constituent une grande victoire pour le Parti socialiste et le remet en selle pour briguer l’alternance en 2007, mais le vote sanction des 21 et 28 mars ne vaut pas adhésion pour un parti sans programme et dont le souvenir négatif de son expérience au pouvoir est loin d’être dissipée.

En ce sens, on peut parler d’une permanence de la crise de la représentation.

La droite est battue mais la gauche (40 % au premier tour) n’a pas fait la démonstration qu’elle écrasait la droite et l’extrême droite (51,5 % tout compris au premier tour). Et l’on peut penser que c’est sur un axe droite-extrême droite que les Copé et Sarkozy comptent s’appuyer, c’est toujours une politique libérale et sécuritaire qui sert de référence pour gouverner.

Si l’extrême droite n’a été en mesure de l’emporter dans aucune région, elle poursuit son enracinement et on assiste à une nationalisation du vote Front national. Par sa progression, le FN se donne les moyens d’influer durablement sur la vie politique et institutionnelle.

À gauche, PCF et Verts réalisent de bons scores, là où ces deux partis ont cherché à marquer leurs différences avec le PS en présentant des listes autonomes au premier tour. Cela dit leur espace politique et donc leur autonomie restent limités, tout comme leur capacité à peser à l’avenir sur le PS quand on voit avec quelle facilité ils ont fusionné leurs listes pour le second tour. En ce qui concerne le PCF, ce redressement ne peut que l’encourager à s’efforcer d’instrumentaliser les mouvements sociaux dans la rue comme dans les urnes.

L’extrême gauche se stabilise à 5 % mais voit ses espoirs contrariés par l’effet rouleau-compresseur du vote utile. Ce score décevant ne doit pas occulter le succès sans précédent de la participation aux meetings LO-LCR dans un grand nombre de villes. La campagne LO-LCR a toutefois été menée au prix d’un désengagement certes partiel et provisoire mais significatif des luttes pendant plusieurs mois. Alors que ces deux partis se sont posés d’emblée abusivement comme débouché politique aux luttes, l’offensive de la droite et du Medef, dont la virulence reste inchangée, nous rappelle que c’est bien la victoire des luttes qui est et doit rester leur principal débouché.

Alors que la plupart des protagonistes des élections régionales et cantonales s’apprêtent à enchaîner sur les élections européennes, les semaines qui vont venir seront d’abord marquées par l’offensive de la droite et du Medef sur la Sécu, le droit du travail et la libéralisation des services publics et sans doute le droit de grève, sans oublier les nouvelles lois sécuritaires Perben 3 et Sarkozy 2.

Sanctionner Chirac et Seillière dans la rue

Si le gouvernement est toujours aussi déterminé, il est affaibli politiquement par la baffe électorale qu’il vient de recevoir.
C’est donc dans la rue, les entreprises et la jeunesse qu’il faut prolonger maintenant cette sanction. C’est aussi face à la « gauche » désormais au pouvoir dans la majorité des régions et qui mènera elle aussi une politique antisociale qu’il faut se préparer à lutter.

La mobilisation contre la privatisation de l’assurance maladie et pour le droit à la santé pour toutes et tous peuvent servir de catalyseur pour relancer les luttes. Le combat contre les licenciements peut aussi constituer un axe fort de mobilisation, s’il sert d’outil pour fédérer les entreprises concernées et s’il s’ouvre à des options plus réjouissantes qu’un plan social de misère, nous pensons à la réquisition des entreprises qui ferment et licencient et à leur remédémarrage sous la responsabilité de leurs travailleur(ses).

C’est par l’auto-organisation et la multiplication d’initiatives de mobilisation qu’il sera possible d’accumuler des forces, de les mettre en mouvement et de secouer la torpeur syndicale actuelle. Les intermittent(e)s, les chercheurs(ses) et les chômeurs(ses) par leurs actions récentes ont donné l’exemple. C’est aux autres secteurs de donner corps et vie à la convergence des luttes.

CJ

 
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