syndicalisme

En direct du congrès CGT : l’ombre des gilets jaunes plane sur les débats




Deuxième jour du 52e congrès confédéral CGT. Un tiers des mandats dans l’opposition ; les dockers refusent de charger des armes pour l’armée saoudienne ; une ouvrière de Scop-Ti émouvante et applaudie ; gilets jaunes et gilets roses. Un rendu sur le vif, au jour le jour, par le blog Communistes libertaires de la CGT.

Alors que cette deuxième journée devait rester plutôt terne, des militants de l’union syndicale de la Ville de Paris accueillaient les congressistes avec un bonbon et un flashcode renvoyant à un petit clip contre le sexisme. Une initiative directement connectée aux tensions internes entre les différentes structures CGT des Territoriaux parisiens.

Un court rapport d’activité pointait entre autres sujets la difficulté de mobiliser toutes et tous nos militants durant la bataille contre la loi Travail, et les difficultés à faire converger dates « saute-mouton » et initiatives professionnelles. Le débat s’est ensuite partagé de la sorte : certaines et certains délégués, le plus souvent critiques, ont commenté l’activité confédérale passée ;les autres ont témoigné des batailles en cours dans leurs secteurs.

La toute première intervention, celle d’une camarade des hôpitaux de Paris, a été une des rares à réussir, en quatre minutes, à tenir les deux bouts ensemble. Elle a comparé l’extension progressive d’une grève, partie d’un seul service d’urgence, avec la mobilisation des gilets jaunes, et en a conclu que notre période saturée de colère sociale était propice à des explosions partant d’en bas. La CGT ne doit pas les prendre « avec des pincettes » si elle veut rester dans la course.



La grève générale, l’invoquer c’est bien, la construire c’est mieux

Beaucoup d’interventions, applaudies, ont critiqué l’impuissance de la CGT à lancer la grève générale qu’il nous fallait, et qu’il nous faudra encore face aux attaques patronales et gouvernementales. Applaudies... mais sans soulever vraiment les congressistes, comme si beaucoup mesuraient que le dire plus clairement, y travailler plus fermement est certes nécessaire, mais que le réaliser concrètement dans sa propre entreprise n’est pas si facile.

Quelques interventions aussi pour demander la rédaction d’un appel du congrès, non prévu cette année. Il faut dire que la rédaction de l’appel du congrès est toujours l’occasion de débats tendus... D’autres pour demander des précisions sur l’engagement de la confédération à défendre le statut des fonctionnaires et des régimes particuliers de retraite.

Remarquée également : l’abstention annoncée de la fédération des Ports et Docks qui s’est fait applaudir pour la réaction de sa section du Havre qui n’a pas chargé le cargo d’armes pour l’Arabie saoudite.

Les canons Caesar, produits par l’entreprise française Nexter, servent à l’armée saoudienne pour bombarder des populations civiles au Yémen.
cc Arte

Un tiers des mandats dans l’opposition

Enfin, la direction confédérale s’est défaussée d’une analyse du mouvement des gilets jaunes, arguant que la rédaction des documents de congrès avait été bouclée en novembre 2018 : un peu court, alors que le sujet a été plusieurs fois abordé par les délégués, en positif. Au final le rapport d’activité est adopté dans des proportions quasi identiques à celles du 51e congrès : 71 % pour, 29 % contre et 15 % d’abstention. Mais à Marseille en 2016, c’était aussi le bilan de Thierry Le Paon qui alimentait le mécontentement. Il est donc raisonnable de penser qu’un socle politique de camarades qui voudraient une orientation générale plus combative cristallise un tiers des mandats tout de même.

L’après-midi, la séance s’est ouverte sur l’adoption de deux motions de solidarité : l’une contre les ventes d’armes à la coalition arabe qui fait la guerre au Yémen ; l’autre pour des pompiers blessés qui ne parviennent pas à faire reconnaître leur accident du travail.

Puis sont venus les rapports financiers. David Duguet, administrateur confédéral, a mené une charge directe contre la rétention de cotisations – ce qui laisse à penser qu’elle est massive – et pour la mutualisation des moyens : locaux, médias, patrimoines des différentes structures CGT. Un débat (très court, par manque d’inscrites) s’en est suivi. Puis il a été demandé aux congressistes de lever le poing pour une photo solidarité avec les lycéennes et lycéens victimes des humiliations policières à Mantes-la-Jolie. Quelques congressistes y ont ajouté un « Castaner démission ! » repris sans conviction excessive. Une journée assez terne, disions nous d’entrée de jeu…

Scop-Ti émouvante et applaudie

En fin d’après-midi démarrait le débat sur les documents d’orientation. La commission a annoncé que 50 % des amendements déposés avaient été retenus ; et que l’ensemble du document serait basculé en écriture inclusive. 239 syndicats avaient déposés 2 819 amendements. Les intervenantes se sont alors succédé pour insister sur l’importance que la CGT soit plus présente dans les mobilisations écologistes ou féministes. Une camarade assistante maternelle et un camarade de l’UL de Tourcoing ont décrit comment la CGT s’était renforcée dans leurs secteurs en intégrant les mobilisations des gilets roses et des gilets jaunes, ce qui montre l’importance de savoir sortir du train-train quotidien.

A Scop-Ti, reprise en autogestion. cc Cuervo/AL Marseille

A 18 heures enfin, la déléguée de l’usine autogérée Scop-Ti a réveillé le congrès avec une intervention émouvante mêlant le combat pour sauver l’entreprise et la solidarité avec le peuple palestinien.

Un ultime orateur, dans une intervention enlevée, a vertement critiqué la CFDT et y a gagné des applaudissements soutenus. Le président de séance (Laurent Brun, secrétaire général des Cheminots) a tenté de le recadrer au nom de « l’unité » et s’est fait copieusement siffler par la salle ! Conclusion colorée d’une journée pour le reste sans grand relief.

14 mai 2019

Cet article est tiré du blog Communistes libertaires de la CGT, qui publie un billet chaque jour sur le congrès confédéral

 
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