Ferme des 1000 vaches : Affronter l’agriculture industrielle




Le 13 septembre et pendant quatre jours, les opposants au projet démesuré de ferme-usine de Ducrat, dans la Somme, ont tenté d’empêcher la première traite en bloquant la structure. Pour s’opposer à une inacceptable tentative de passage en force, mais aussi défendre les exploitations paysannes.

Samedi 13 septembre, le jour se lève à peine que des militants de la Confédération paysanne et de Novissen bloquent l’accès à la ferme-usine des 1000 vaches : Ramery, magnat du BTP, vient de faire débarquer les premières vaches dans son usine alors qu’il n’a pas toutes les autorisations. Combattre l’industrialisation de l’agriculture c’est se battre pour la survie de milliers de petites et moyennes fermes. L’agriculture est aujourd’hui à un tournant !

L’alerte concernant l’arrivée de vaches sur la ferme-usine a mis en émoi le syndicat agricole et les associations luttant contre ce projet [1]. Il n’était pas question que cela se passe en silence après de long mois de lutte, les arrestations et le procès prévu le 28 octobre à Amiens.

La décision a été prise de bloquer le site pour que la première traite n’ait pas lieu. Le blocus a duré quatre jours. Il a fallu l’intervention des forces de répression pour que le camion de la collecte de lait puisse entrer et sortir du site. Après une filature, il a été confirmé que la collecte avait été réalisée par la société Senoble, dont l’image de marque repose sur la qualité de ses produits.

Projet revu à la baisse

Le rapport de force engagé avait pour objectif de porter atteinte au projet mais également de porter le débat au niveau national sur le type d’agriculture que l’on veut développer. La rencontre qui a eu lieu au ministère a permis quelques avancées, davantage destinées à calmer l’agitation autour du projet qu’à vraiment le modifier. Il ne devrait y avoir que 500 vaches au lieu de 1000 (Ramery n’a de toute façon pas les autorisations pour 1000 ) mais cela reste du ressort de l’administration. Le méthaniseur devrait être plus petit et ne pas contenir de boues d’épuration ainsi que des cultures dédiées à la méthanisation.

Ces cultures produites pour la méthanisation et non pour la consommation humaine ou animale constituent un vrai scandale du même type que les agro-carburants. Avec un faible rendement (autour de 35%), la méthanisation industrielle pour la production électrique représente un vrai gaspillage de denrées alimentaires.

Les tenants de l’agriculture industrielle disent à qui veut l’entendre que les deux types d’agricultures peuvent cohabiter (industrielle et paysanne), qu’il n’y a aucune raison qu’il y ait conflit. Un projet comme celui des mille vaches, c’est vingt fermes moyennes en vaches laitières qui disparaissent et 42 emplois, la fin des quotas laitiers, c’est près de 50 000 exploitations laitières qui vont disparaître dans les vingt prochaines années et ainsi de suite... Le tournant irréversible que sont en train de prendre les politiques agricoles vont précipiter l’hécatombe paysanne. Il faut encaisser la concurrence internationale et produire plus, dans des superstructures.

La confrontation devient donc inévitable car c’est la lutte pour notre survie en tant que paysans et paysannes. C’est la lutte pour une agriculture diversifiée, de proximité, et qui a encore quelque chose à voir avec la terre. Cette confrontation sera-t-elle assumée par la Confédération paysanne et par une partie de la population, concernée au premier chef par le contenu de son assiette ? C’est maintenant que la bataille commence !

Georges Claas (AL Var)

[1En particulier Novissen.

 
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