Film : Amandine Gay, « Ouvrir la voix »




Le documentaire Ouvrir la voix, d’Amandine Gay, donne la parole à celles qui ne l’ont jamais : des femmes noires, qui racontent le racisme du quotidien auquel elles sont confrontées. Des témoignages indispensables.

La sortie d’Ouvrir la voix, le documentaire d’Amandine Gay, le 11 octobre dernier au cinéma est un tour de force. Un tour de force de celle qui a travaillé d’arrache-pied quatre ans durant pour que les images et le message du film soient mis à disposition du grand public.

Au-delà de ce que nous disent les difficultés à sortir le film (voir ci-dessus notre entretien avec la réalisatrice), il faut s’attarder sur les sens que porte ce documentaire. Dans la forme tout d’abord. Très simple mais parfaitement exécutée, elle pourrait presque paraître austère. Quelques reportages donnent des touches de couleurs à l’ensemble des interviews.

On sent que ce qui compte, ce ne sont pas tant les visages que ce qu’ils ont à dire. C’est de voix dont il s’agit, et ces voix sont claires et parlent haut. Elles racontent tout d’abord la manière dont elles ont appris qu’elles étaient noires. C’est-à-dire, la manière que les autres ont eu de le leur montrer. Ce racisme du quotidien ne les a dès lors plus quittées.

Le film part alors dans un tourbillon de récits de morceaux de vie. Cent vingt minutes que l’on ne voit pas passer, parce que ces morceaux, mis bout-à-bout, nous font voir des réalités crues que notre société postcoloniale voudrait bien cacher.

La lutte à mener


A lire dans le mensuel Alternative Libertaire de Novembre l’interview d’Amandine Gay la réalisatrice du film


Du « Tu viens d’où ? – De Limoges. – Non mais en vrai, tu viens d’où ? » à l’orientation scolaire, en passant par les questions de santé mentale, les thèmes abordés sont vastes, car ils occupent toute leur vie. Ce sont tout d’abord des témoignages, que nous ne pouvons qu’écouter pour tenter de comprendre. Mais c’est aussi une réflexion sur la lutte à mener et sur les effets qu’elle a sur nos vies. En cela, tous les lutteurs et toutes les lutteuses, tous les militants et les militantes pourront reconnaître leurs interrogations et leurs hésitations. Très simplement et humblement, certaines femmes, qui ont tant milité, se sentent fatiguées, en ont marre.

Mais la lutte ne s’arrête pas pour autant. Le film, justement ouvre la voie, en ouvrant la voix, aux futures générations militantes. Passeur de témoin ? Ce documentaire pourrait bien en être un.

Adèle (AL Montreuil)

  • Amandine Gay, Ouvrir la voix, 2017, 122 min
 
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