Gaz de schiste : Une loi d’interdiction … avant la reprise des forages




La loi interdisant l’utilisation du gaz de schiste vient d’être votée. Malgré une avancée substantielle, la possibilité d’exploitation des gaz et pétroles de schiste par les industriels reste à l’ordre du jour comme le montre l’exemple du bassin d’Alès.

La loi qui interdit l’utilisation de la fracturation hydraulique vient d’être définitivement adoptée [1]. Cette loi, fruit des mobilisations des mois passés, est une avancée même si le parfum en est amer. En substance, la fracturation hydraulique est interdite pour les permis délivrés et futurs. Les possibilités d’exploitation/exploration pour les industriels se réduisent, mais un flou juridique persiste dans l’absence de définition de la fracturation hydraulique, laissant ainsi la justice trancher au cas par cas. En réalité, les expérimentations restent autorisées avec pour conséquence de laisser les industriels développer eux-mêmes une technologie « propre ». L’intervention de l’État se borne à un rôle consultatif dans le suivi de l’évolution des techniques utilisées. De plus, d’autres techniques sont déjà disponibles ou à l’étude : fracturation pneumatique, par arc électrique ou au propane. L’interdiction ne résout pas la question de la perturbation géologique et ne propose pas de solution à la fuite en avant dans la consommation d’énergie fossile au détriment des énergies renouvelables : l’idée est ici de transformer une question politique en question purement technique.

Les permis accordés à BNK Pétroleum, présenté comme « le plus important en France » (10 405 km2 sur huit départements du Sud-Ouest), et à MouvOil, dans le bassin alésien, illustrent bien les insuffisances de la loi. MouvOil doit commencer, dès l’automne prochain, une campagne d’exploration, dans le nord du Gard et le sud de l’Ardèche.

[*Une stratégie industrielle bien huilée*]

Officiellement, le permis attribue à MouvOil le droit de rechercher sur place des « mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux » [2], sans plus de précision sur l’objet de la campagnes d’exploration, ni sur les méthodes utilisées. Une lettre envoyée par MouvOil au maire de Barjac témoigne plus précisément des dégâts qui se profilent [3]. L’entreprise y affirme notamment son intention de recourir à la « fracturation conventionnelle » dont on connaît les effets destructeurs, sans compter les nuisances occasionnées par les travaux. Elle vante aussi les retombées « positives » de la campagne d’exploration, dans une région touchée par la désindustrialisation et la dégradation des services publics (promesse de réhabilitation de la ligne de chemin de fer locale). La situation reste mal connue du grand public, la campagne actuelle de MouvOil dans la région n’est donc pas fortuite. Pour l’heure, ce sont surtout les collectifs militants et élu-e-s locaux qui sont sur le qui-vive. Une mobilisation massive est cependant indispensable pour lutter contre le pillage des ressources aux profits d’intérêts capitalistes sans aucune considération pour celles et ceux qui y vivent.

La commission écologie d’Alternative libertaire

[1LOI n° 2011-835.

[2JORF n°0076 du 31 mars 2010, page 6228, texte n° 3

[3Disponible sur le blog du collectif Auzonnet, Cèze et Ganière (stopgrisou.blogspot.com)

 
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