Grève du 21 janvier : Et une de plus...




En ce début d’année 2010, la fonction publique n’aura pas échappé à la tradition de la journée de grève bimestrielle. On ne change pas une stratégie qui perd… surtout quand on ne prend pas clairement conscience du projet de société que visent les multiples contre-réformes gouvernementales.

Malgré le sentiment de découragement présent dans la plupart des manifestations du 21 janvier, les chiffres sont là : plus de 20 % de grévistes, une centaine de milliers de manifestants et manifestantes dans tout le pays, à l’appel de la CGT, la FSU et Solidaires. Pour une journée sans perspective… on aurait pu s’attendre à pire !

Pourtant la nocivité des politiques menées par le gouvernement est largement ressentie et les mobilisations sectorielles se multiplient (culture, IUFM, désobéissance pédagogique, hôpitaux…).

Sauvons la grève !

Ce genre d’appel à la grève d’une journée est remis en cause dans tous les syndicats bien au-delà des minorités « radicales ». Pourtant, les assemblées générales de personnel se font plus rares et ne permettent plus d’espérer un départ en grève reconductible à partir de la base. Même certains syndicats Sud ont choisi de ne pas appeler à la grève dans leur département, alors que la fédération y appelait. Beaucoup de syndicalistes n’ont pas vu l’intérêt de participer à ces manifestations traine-savates. Finalement, après une année 2009 de mobilisations interprofessionnelles massives sans résultat, la grève n’apparaît plus comme un mode d’action crédible face à un gouvernement qui démontre clairement que rien ne peut le faire reculer.

Ayant remplacé la lutte pour des symboles de luttes, certains syndicats vont au fond de la démarche et recherchent maintenant des modes d’action alternatifs, tel la FSU qui proclamait, dans un texte préparatoire à son congrès, que « la détermination gouvernementale à privatiser la Poste […] a enfin conduit à une bataille large et massive sur une votation citoyenne […]. Le succès rencontré, première véritable victoire populaire, montre que le chemin choisi est le bon. »

Et le fond ?

Mais la faible mobilisation ne s’explique sans doute pas uniquement par un manque d’enthousiasme pour la stratégie syndicale. Il y a très souvent un défaut d’analyse de fond des contre-réformes gouvernementales : les syndicalistes se contentent souvent de reprendre le discours dominant sur le coût des services publics et d’expliquer leurs dégradations par des choix budgétaires.

Pourtant, loin d’être guidée par des « contraintes » budgétaires, cette politique correspond bien à la « politique de civilisation » prônée par Sarkozy, pour transformer la société selon un projet néolibéral. Les exemples du Royaume-Uni, des États-Unis ou d’ailleurs devraient cependant clairement ouvrir les yeux à toutes ces fédération syndicales qui refusent encore de dire que l’éducation, les hôpitaux ou la recherche sont en cours de privatisation.

Face au projet de société des capitalistes, il devient urgent que les travailleurs et les travailleuses se donnent d’autres perspectives que la défense d’acquis, ou la défense d’un modèle étatique keynésien. Sans un véritable travail de conviction à la base, sans un but collectif à atteindre, la grève reconductible risque d’être très prochainement rangée dans les musées du syndicalisme.

Momo (AL Alsace)

 
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