Grèves : Bataille de la communication à la SNCF




Suite à la (trop) courte grève reconductible du 21 novembre dernier, la direction de la SNCF a communiqué sur le “ retour au calme ”, en relativisant les concessions faites. Et si les résultats obtenus sont estimés insuffisants par les grévistes, il s’agit aussi d’une bouffée d’air encourageante par rapport à la succession de défaites dans les derniers conflits, notamment dans les transports (SNCM, RTM…).

Preuve que les braises de la contestation étaient encore chaudes, des grèves ont éclaté début décembre dans une douzaine de dépôts (agents de conduite), lors du traditionnel changement de service d’hiver pour la circulation des trains. Pendant la grève reconductible, les agents de conduite avaient très fortement mobilisé proportionnellement aux autres catégories de personnel, et il était donc logique et légitime que des conflits éclatent sur la base de revendications catégorielles car les conditions de travail, les roulements, étaient directement mis en cause. Ces luttes ont ainsi contredit le message de la direction qui prétendait avoir rétabli le “ dialogue social ”.

Attitude revancharde de la direction

De ces conflits récents, un seul a été médiatisé et soumis à un véritable rouleau compresseur : la grève des agents de conduite du RER D. Autant la direction a désamorcé la plupart des autres préavis en négociant, autant elle a fait de cette grève un enjeu politique. De manière revancharde, la direction a ainsi voulu briser une équipe de grévistes jeunes, unitaires (CGT, SUD Rail, FGAAC) et déterminés, avec un taux de grévistes encore à 85 % le huitième jour !

La direction a délibérément organisé une campagne de dénigrement et de stigmatisation, bloquant les négociations et instrumentalisant le ressentiment des usagers sur une ligne qui connaît en temps ordinaire des problèmes chroniques d’infrastructure et de matériel vieillissant. L

a direction a fait distribuer aux usagers des dizaines de milliers de tracts mettant ouvertement en cause les agents de conduite en qualifiant la grève de “ contre-productive et non responsable ” ; en interne, la direction a également tenté de dresser les autres catégories de personnel contre leurs collègues en grève.

Afin de ne pas user leurs forces, les grévistes ont finalement cessé leur mouvement, dans l’unité maintenue et dans la dignité, même s’ils n’ont rien obtenu et si la colère gronde contre l’attitude insultante de la direction.

Management agressif et stratégie de la tension

Après les grandes grèves de novembre-décembre 1995, l’énarque Gallois avait réformé l’encadrement en s’appuyant sur de nouvelles méthodes de management agressif, et en tentant de formater les jeunes embauchés. Depuis, la direction de la SNCF fait pression sur les maîtrises et cadres, qui représentent la moitié des effectifs, pour relayer sa politique de management.

Le choix de jeter de l’huile sur le feu, d’alimenter les campagnes de désinformation et de désigner les grévistes à la vindicte populaire est le signe d’une inflexion nouvelle. Et depuis le chantage à l’intéressement, elle peut s’appuyer sur la CFDT et de la CFTC, à présent véritables syndicats jaunes, pour semer la division à l’approche des élections professionnelles de mars 2006.

Pour contrer cette bataille de la communication crapuleuse et cette stratégie de la tension, les travailleur(se)s du rail devront donc s’organiser collectivement et associer davantage les usagers à leurs actions de lutte.

Des camarades d’AL Rail

 
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