Journées d’action : Pour un autre mode d’emploi




Le 9 avril dernier, 300 000 salarié-e-s manifestaient dans toute la France à l’appel d’une intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires. Ce 8 octobre, c’est trois fois moins de manifestants qu’on dénombrait dans la rue. Bilan et leçons pour l’avenir.

Dans le prolongement du 9 avril, CGT, Solidaires et FSU appelaient fin juin à une nouvelle journée d’action le 8 octobre. L’appel était extrêmement vague, sans doute car la CGT espérait encore associer le pôle « réformiste » autour de la CFDT à un nouvel appel, en vain. FO a tergiversé un temps avant de décliner mi-septembre, sans doute suite à des débats puisque, dans plusieurs régions [1]
, ses structures se sont jointes à la mobilisation. La FSU a mis de son côté la priorité sur des dates « corpo » (samedi 10 contre la réforme des collèges, vendredi 16 dans l’enseignement supérieur et la recherche).

Un appel à mobilisation CGT-FSU-Solidaires au plan confédéral est inédit, la CGT ayant toujours refusé cette configuration. Pour autant, force est de constater qu’il n’a pas permis d’élargissement de la mobilisation.

Il n’a pas non plus permis d’aboutir à un contenu revendicatif plus mordant. Alors que de tels appels devraient servir à aller plus loin que les revendications basiques, il n’y avait aucun mot sur la loi Macron, dont les premiers décrets venaient de sortir, ou encore sur le rapport ­Combrexelle. Et on peut se demander si des revendications précises (32 heures, 300 euros d’augmentation de salaire pour tous, etc.) ne seraient pas plus motivantes pour les salariés que le sempiternel fourre-tout travail-emploi-salaire.

Articuler mobilisations locale et nationale

Voilà pour le contexte national, sans grande surprise. Le signal général n’incitait donc pas vraiment à la grève. Mais il va de soi que toute structure syndicale combative peut se saisir d’une telle date de convergence pour construire la mobilisation dans son milieu.
C’est par exemple ce qu’a fait la CGT nettoiement de Paris, avec un départ en grève dès le lundi 5 [2]
, préparé par de nombreuses heures d’information, tournées et distributions. La grève a été reconduite le lendemain par 39 % des agents et a tenu jusqu’au vendredi, avec blocage de quatre usines de traitement.

Il y a deux façons de voir ces journées d’action. Soit on se contente de ce que voudraient en faire les bureaucraties syndicales : des journées sans lendemain autour de revendications nationales souvent bien faiblardes, afin d’exercer une vague pression sur les discussions entre « partenaires sociaux » (conférence sociale et négociations sur les retraites complémentaires dans le cas présent).

Soit on considère que les temps forts de convergence sont nécessaires, afin d’éviter que chacun ne se replie sur sa boîte. Mais alors, qui dit convergence dit construction spécifique dans chaque entreprise, avec des revendications et actions locales articulées au niveau national. Trop ­d’équipes syndicales, y compris combatives, espèrent encore mobiliser uniquement sur des mots d’ordre nationaux, et discutent ainsi de la radicalité de tel ou tel mot d’ordre mais sans poser le problème de la façon de les mettre en débat parmi les salarié-e-s. Par ailleurs, cela n’empêche aucunement de critiquer les journées sans lendemain et d’exiger un calendrier d’actions sur la durée, afin d’essayer de faire monter tous ensemble la conflictualité. Car aujourd’hui aucune nouvelle date n’est prévue…

Grégoire (AL Orléans)

[1Région parisienne, Bretagne où la mobilisation a d’ailleurs été plus forte.

[2Initialement pour toute la Ville de Paris, mais seul le nettoiement, et dans
une moindre mesure la petite enfance,
a suivi.

 
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