La Poste : Le management par la terreur tue… et attise la colère




Humiliation, placardisation, isolement des « fortes têtes »… les suicides successifs de deux factrices, en Dordogne, ne sont pas des événements isolés. La hiérarchie nous fait la guerre ? Guerre à la hiérarchie.

Cet automne, en Dordogne, deux factrices se sont suicidées à quinze jours d’intervalle. En arrêt maladie depuis des mois suite à des pressions quotidiennes, elles ont été victimes de cadres zélés qui ont multiplié les contrôles médicaux jusqu’à les pousser à l’irréparable.

Ces drames ne sont pas des événements isolés. Ils sont le paroxysme d’une violence subie chaque jour – le même jour que le premier suicide, un militant de SUD-PTT était par exemple extirpé de sa voiture et jeté à terre par trois encadrants suite à une altercation verbale avec son directeur.

En 2012 et en 2016, plusieurs postiers et postières avaient mis fin à leurs jours, y compris sur le lieu de travail. S’étaient ensuivis un rapport d’« experts  » et deux accords signés par des syndicats réformistes mais rejetés par SUD et la CGT… En réalité, ces accords ont surtout aidé la Poste à mener ses réformes néfastes d’organisation du travail et de casse du service public.

Grève de la faim et crise d’épilepsie

Dans tous les services, ce sont des remarques quotidiennes humiliantes de la part de cadres qui agissent en toute impunité, comme dans ce centre financier où une cadre exige qu’on choisisse entre « la Banque postale et ses enfants ». Ce sont les facteurs et factrices, touchés de plein fouet par une mutation de leur métier et de leurs horaires, qui subissent la plus lourde pression du management. En Savoie, un facteur poussé à bout a entamé une grève de la faim ; le responsable régional l’a accusé de

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manger en secret, puis l’a menacé de s’occuper personnellement de son cas… La Poste a fini par licencier le facteur. Ce même cadre n’en est d’ailleurs pas à sa première tentative : alors qu’il tenait un discours haineux au personnel d’un établissement en grève, une factrice a fait une crise d’épilepsie, sans qu’il s’en émeuve… partant même avant l’arrivée des pompiers !

Humiliation, placardisation, isolement des «  fortes têtes  »… La Poste avait théorisé tout cela il y a quelques années en désignant certaines et certains postiers comme des «  paillassons  », à l’instar d’Orange, dont d’anciens dirigeants seront prochainement jugés en correctionnelle pour leur management qui a conduit des dizaines de salarié.es à la dépression et au suicide.

Nous faisons partie des postières et des postiers qui n’ont jamais eu d’illusions sur la direction d’une entreprise qui, chaque jour s’enfonce un peu plus dans l’ignominie. Comme l’affirme un syndicat  : «  il faut maintenant les stopper  ». Cela ne pourra se faire que par une réponse collective des agentes et des agents. Les collègues de Sarlat, en Dordogne, l’ont démontré en faisant valoir leur droit de retrait. Ils et elles ont bien fait  : leur action a abouti à l’éviction des cadres qui semaient la terreur dans les services  !

Hugo (AL Orléans)

 
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