jeunesse

Les facs et les lycées prêts à mettre le feu




Parce qu’ils sont tout autant concerné-e-s que les salarié-e-s, les étudiants et étudiantes s’activent pour lancer un mouvement d’ampleur contre la loi travail. Un élément crucial pour gagner.

Il y a dix ans jour pour jour, en 2006, les universités étaient en grève et occupées afin de protester contre le projet de loi sur le contrat première embauche. Aujourd’hui, le gouvernement a fêté à sa manière les dix ans du CPE : la loi travail. Depuis l’annonce du projet de loi, les universités se mobilisent. Plus d’un étudiant sur deux est salarié, bien souvent avec des contrats précaires. Ils ne sont donc pas hors du monde du travail et connaissent parfaitement la précarité et le patronat.

À l’initiative des syndicats étudiants (Solidaires étudiant-e-s et Unef), plusieurs assemblées générales ont été appelées. La première à l’université de Toulouse-Le Mirail a réuni 400 personnes, le lendemain ce sont 600 étudiants et étudiantes qui se sont retrouvé-e-s à Paris-VIII à Saint-Denis, 400 à la fac de Rennes-II ou encore un quart des inscrits à l’IEP rennais ! Bien d’autres assemblées générales ont eu lieu dans tout l’Hexagone. Si certaines universités comme Paris-VIII et Paris-I ont immédiatement voté la grève à l’unanimité, le mouvement demeure encore inégalitaire. Certaines facs peinent à dépasser les 200 personnes en AG. Mais les étudiants ont répondu présent à l’appel des syndicats et organisations de jeunesse, lors des manifestations du 9 mars, aux côtés des salarié-e-s et des lycées.

s’auto-organiser pour gagner

Les assemblée générales, organes de lutte et d’auto-organisation, se structurent. À la suite de celle de Toulouse-Le Mirail, elles ont appelé à une manifestation le 17 mars. Les étudiants y sont encore plus nombreux que le 9 mars. L’amplification de notre avantage dans le rapport de forces avec le gouvernement s’avère nécessaire. En effet, Valls et El Khomri essaient de nous faire croire qu’ils on fait des « compromis » en révisant la loi. Or cet effet d’annonce n’altère en rien notre détermination puisque les modifications sont marginales. Ce projet de loi vise toujours à casser le code du travail qui protège les salarié-e-s. C’est pourquoi lors de la journée de mobilisation du 17 mars, des actions telles des occupations de lieux d’études, de gares, ou encore de symboles du pouvoir ont eu lieu. La répression du mouvement social ne s’est pas fait attendre et elle a frappé très fort dans plusieurs villes. Les CRS et gardes mobiles ont utilisé gaz lacrymogène mais aussi matraques pour disperser les cortèges d’étudiants, de lycéens et de personnels des facs, blessant plusieurs personnes.

Mais cela ne nous arrêtera pas. Une première coordination francilienne a eu lieu le 17 au soir, réunissant la quasi-totalité des universités à l’École normale supérieure de Paris. Elle a été le théâtre de tensions avec l’Unef qui, peu contente de voir les étudiants et étudiantes s’auto-organiser, a déclenché l’alarme incendie de l’ENS afin de faire stopper la coordination. Bien essayé, mais ce fut un échec. Le 19 mars, les universités de toute la France se sont réunis à Paris-VIII pour une coordination nationale dont le but est de déterminer les suites de la mobilisation : des moyens de l’amplifier, des prochaines journées d’actions coordonnées, des porte-parole, etc. L’enjeu est double : faire reculer le gou­vernement et porter des revendications progressistes tels la réduction et le partage du temps de travail ainsi que politiser des universités qui n’ont pas connu de mouvement depuis plus de cinq ans. Il s’agit pour beaucoup d’expérimenter la démocratie directe via les AG et le mandat impératif et révocable, ainsi que de porter des pratiques autogestionnaires via le comité de grève et des commissions.

Au moment où nous écrivons ces lignes, les journées de grève et manifestations étudiantes, lycéennes et interprofessionnelles du 24 et du 31 mars s’annoncent suivies. Face à cette loi qui veut nous imposer la précarité à vie, il est l’heure d’être unitaire et d’obtenir le retrait du projet de loi et gagner dès aujourd’hui. Nous continuerons de nous battre et nous ne lâcherons rien !

Claire (AL Saint-Denis) et Lucie (AL Rennes)

 
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