Licenciements : Aux salarié-e-s de décider




Face aux licenciements, plusieurs stratégies existent. Mais la plus radicale reste le droit de véto des comités d’entreprise sur les licenciements, seule option permettant une réappropriation de l’outil de production par les salarié-e-s.

Bousculés de tous les côtés, la situation s’aggrave pour les salarié-e-s du privé et les suppressions d’emplois par centaines de milliers augmentent de fait les 5 millions de chômeurs et chômeuses déjà existant. Les exemples les plus emblématiques ou les plus médiatisées – PSA, Doux, Sanofi ou encore la Fnac, Virgin, Air France – sont autant d’entreprises où les salarié-e-s trinquent pour le plus grand plaisir du patronat et de ses intérêts. L’industrie, la chimie, les commerces, les services, l’aérien... Il s’agit bien d’une multitude de secteurs qui subit le rouleau compresseur du capitalisme, et non d’une crise spécifique à une branche professionnelle.

[*S’opposer aux suppressions d’emploi*]

Ici et là, des revendications syndicales existent pour s’opposer aux suppressions d’emplois. On peut identifier deux types de revendications. La première entend « améliorer l’encadrement des licenciements économiques » et se focalise sur les licenciements « boursiers ». Cette revendication peut amener les juges à accorder a posteriori des indemnités en cas de licenciement économique non justifié. Mais cette revendication relève d’une logique dangereuse pour les salarié-e-s, en justifiant les licenciements dans le cas où l’entreprise serait « réellement » en difficulté. Les salarié-e-s devraient-ils payer les choix passés et contestables de l’entreprise, l’accaparement des richesses par la direction, ou bien tout simplement accepter les règles du jeu capitaliste ? Le second type de revendication porte sur l’interdiction pure et simple des licenciements. Popularisée par une partie de la gauche syndicale, reprise comme mots d’ordre par le NPA, celle-ci en appelle malheureusement à l’Etat bourgeois, lui-même patron et aussi « honnête » que le grand patronat, pour réguler les rapports socioéconomiques et transformer la société. Cette revendication, très difficile à appliquer concrètement, a par ailleurs le préjudice de confisquer aux salarié-e-s leur intervention dans la vie de l’entreprise.

[*Droit de véto des comités d’entreprise*]

L’Union syndicale Solidaires-industrie – regroupant notamment les syndicats Sud des secteurs de l’industrie, allant de la métallurgie au BTP en passant par la logistique, l’automobile, l’imprimerie, etc. – a fait le choix d’une troisième option, plus radicale et en cohérence avec un projet autogestionnaire : le droit de véto des comités d’entreprise (CE) contre les licenciements économiques, boursiers ou pas, et la généralisation des CE aux entreprises de moins de 50 salarié-e-s – seuil légal obligatoire pour les CE – via la création de CE interentreprises. En lançant une campagne nationale en septembre 2012 et en diffusant un appel soumis à la signature des élu-e-s des CE, le débat est lancé pour une revendication radicale contre les licenciements collectifs. Ce sont aux salarié-e-s qui travaillent et seulement à eux de décider et, par ce biais, de se réapproprier l’outil de production. « Souvent, dans les entreprises, faire face aux licenciements est une lutte qui se mène stricto-sensu dans la boîte. On pense que la question est bien plus large et touche aux fondements du système économique : le droit de véto des CE est une arme pour les salarié-e-s, et lancer cette campagne permettra l’émergence de cette revendication au niveau national, et on espère dans toutes les entreprises en lutte » commente Julien, coordinateur de Solidaires-industrie. Cette revendication n’aboutira pas sans rapport de force, et la volonté des équipes Solidaires de lier la question des licenciements à celle des droits et intérêts des salarié-e-s dans une logique de classe montre clairement que le mouvement syndical révolutionnaire existe bel et bien, et a besoin, dans l’unité, de tous ses militants pour imposer cette revendication.

RoberK (AL Montreuil)

 
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