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L’ouvrage Le petit livre noir des grands projets inutiles s’inscrit dans une campagne coordonnée par Agir pour l’environnement (Association de contre-lobbying participatif) qui a permis, grâce à une collecte de 4000 euros, la sortie de ce livre et d’un futur site internet, pour un recensement encore plus large des grands projets inutiles et imposés (GPII). Inventaire synthétique des mobilisations co-écrit par 29 collectifs concernés par des GPII, l’ouvrage ne questionne pas la pertinence du terme. Pourtant, il montre à quelles conditions ces luttes prennent tout leur potentiel contestataire, notamment dans le chapitre de présentation – concis, chiffré et pratique – qui rassemble les principaux arguments des opposantes et opposants.

On reproche en effet au concept de GPII un effet de dépolitisation du débat. Mettant en cause l’absurdité évidente (démesure et inutilité) et le détournement de fonds publics que ces projets représentent, il ouvre la porte à une critique «  molle  » axée sur des revendications réformistes : plus de démocratie, d’intérêt général, moins d’opacité dans les dépenses publiques…On en oublierait presque que le reste de l’«  aménagement  » non excessif du territoire n’en est pas moins injuste, imposé, et désastreux écologiquement.

Néanmoins dans les faits, la force de la plupart des mouvements anti-GPII réside justement dans l’articulation qu’ils opèrent, à partir de leurs luttes locales, entre d’un côté les alternatives concrètes, et d’un autre côté une critique systémique tant du capitalisme que de la confiscation du pouvoir par les Etats et leurs œillères idéologiques concernant la croissance. La dimension écologiste est omniprésente dans ces luttes, qui plaident pour la transition énergétique (sobriété, énergies renouvelables, relocalisation) contre ces projets. Ils n’oublient pas pour autant les inégalités et destructions sociales induites (inégalités de desserte et d’accès, déséquilibre territorial, gentrification), questionnant à partir de là l’accaparement des territoires et des ressources naturelles dans le régime capitaliste.

Il apparaît ainsi que ce qui importe n’est pas tant d’avoir une définition précise des GPII que de faire en sorte que les mouvements qui les combattent continuent de faire converger écologie, contestation radicale et alternatives concrètes.

Fanny (AL Saint-Denis)

Ouvrage collectif, Le Petit Livre noir des grands projets inutiles, Le Passager clandestin, 125 p., 7 euros.

 
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