Lire : Rigouste, « Les marchands de peur »




Mathieu Rigouste poursuit son exploration des mécanismes de la machinerie sécuritaire magistralement entamée avec L’Ennemi intérieur, en faisant le portrait de ceux à qui profite la peur. En retraçant quatre itinéraires individuels, Rigouste montre comment un courant de l’extrême droite la plus virulente, issue de la guerre d’Algérie rejoint une figure pateline, « de gauche », issue elle, des officines de la maçonnerie la plus bourgeoise.

Pour improbable qu’il soit, ce rapprochement entre Xavier Raufer, François Haut (…), tous anciens d’Occident, et Alain Bauer (ancien Grand Maître du Grand Orient et expert ès sécurité autoproclamé), est à l’origine de la production de l’idéologie du contrôle à la française, et de son déploiement par des agences privées bien heureuses de la mettre en œuvre.

En appui sur leurs réseaux respectifs, profondément implantés dans les instances stratégiques et autres « think tanks » politico-industriels français, la « Bande à Bauer » depuis bientôt trente ans, a défini les ennemis, isolé les concepts, formé les acteurs militaires et policiers, et créé les entreprises aptes à conduire la politique susurrée au pouvoir, contre honoraires...

On retrouve la nervosité du style de Rigouste et son intimité avec le sujet qui forme un cocktail jouissif d’indignation et de recherche. Et si on reste un peu sur sa faim en termes de précision et d’appareil critique, il semble bien que Les marchands de peur forme l’ébauche préparatoire à un travail ultérieur... A lire bien sûr avant, ou après, le livre de Serge Quadrupanni.

Cuervo (AL 95)

 
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