Livre : Rajsfus, « La France bleu marine »




La déconstruction de l’État policier est, on le sait, un des grands thèmes d’étude de Maurice Rajsfus. Son dernier ouvrage en explore une nouvelle facette : la politique des différents ministres de l’Intérieur, de Marcellin 1968 à Sarkozy 2005 ; leur rapport avec la hiérarchie policière ; l’évolution du discours des syndicats de policiers.

Quelle que soit la couleur politique ou la personnalité du Premier Flic de France, Rajsfus note la parfaite continuité des thèmes martelés : “sécurité”, “État de droit”, “discipline”, “devoir”, “délinquance”, “agitation”, “terrorisme”, etc. Mais le principal intérêt du livre réside dans l’exploration que fait l’auteur du syndicalisme policier. Cette galaxie ultracatégorielle - Rajsfus dénombre une trentaine d’organisations différentes sur la période étudiée, dont une d’extrême droite, le SPIP - a pour trait commun d’avoir abandonné toute velléité contestataire/éthique à l’encontre de la Place Beauvau, dont l’hôte a désormais les coudées franches. Ce qui amène Maurice Rajsfus à faire ce constat : « Jusque vers 1990, un syndicalisme policier dit “de gauche” ou “progressiste”, semblait porter une contestation interne décalée. Cet alibi n’existe même plus. »

G. Davranche

  • Maurice Rajsfus, La France bleu marine. De Marcellin à Sarkozy (mai 1968-octobre 2005). L’Esprit frappeur, 414 pages, 8 euros.
 
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