Lutte des classes : Au Medef, rien de neuf




Principale organisation patronale en France, le Medef a connu le 3 juillet 2013 un changement de «  direction  », avec la vraie-fausse élection interne de Pierre Gattaz, en remplacement de Laurence Parisot. Alors, élections, pièges à con ?

En réalité, hormis quelques changements de communication, un recentrage sur les thématiques du monde de l’entreprise, la stratégie actuelle du Medef n’a rien de très novatrice, et ressemble à un savant mélange des rapports de forces internes, mais avec toujours les mêmes lubies maladives, dont la sempiternelle «  baisse du coût du travail  ».

Le jour même de son élection, Gattaz a demandé une baisse de 100 milliards d’euros de «  charges  » – c’est à dire de cotisations – pour les entreprises.
Trois grands axes ressortent de la stratégie actuelle du Medef.

Communication et sémantique

Remise au goût du jour depuis plusieurs années, le Medef comme les entreprises ou le gouvernement ont bien compris que les mots avaient un sens et s’inspirent de plusieurs modèles européens. Ainsi on ne peut parler de cotisations mais de charges, de syndicats mais de partenaires sociaux, de coût du travail qu’il faut faire baisser, on remplace le partage des richesses par le partage des bénéfices et on parle d’accord compétitivité qui fait l’impasse sur la création de richesses et de valeur ajoutée.

Guerre idéologique et lobbying

Illustrée par les derniers grands sujets mis sur la table, la future contre-réforme des retraites, la négociation autour de l’Unedic ou bien la baisse des cotisations patronales, la notion de représentativité, le Medef tente par tous les moyens un matraquage et une propagande sur ces sujets. Au final, le crédit impôt compétitivité avait été par exemple une victoire remportée par le patronat et mise en avant par le gouvernement.

Le Medef est très actif auprès du gouvernement et des différents cabinets ministériels, des élu-e-s, mais pas seulement. En effet, en multipliant les rencontres, les «  passerelles  » avec certaines et certains syndicalistes ou organisations, on en arrive à voir désormais des rapports publiés conjointement avec des organisations dites de salarié-e-s, comme la CFDT.
Ce qui constituait une tendance depuis plusieurs années, a permis de sacraliser un long travail de lobbying pour réaffirmer la consolidation d’un syndicalisme réformiste, et la diffusion d’un certain nombre de thèses libérales et capitalistes, érigées par le patronat et reprises partiellement par certaines équipes syndicales... et par des salarié-e-s !

Non à la résignation !

Ce qui peut paraître comme une évidence constitue pourtant une stratégie qui arrive à porter ses fruits : fatalisme ou résignation d’un côté, abandon de la lutte des classes au profit du communautarisme ou de l’extrême droite, apologie du marché et de la hiérarchie, le Medef n’est pas responsable de tout ça mais y participe activement. Déconstruire le discours dominant, proposer des alternatives - et en particulier dans les entreprises ou pour les sans-emploi - permettra de renforcer concrètement le rapport de force.

Robert K (AL Montreuil)


Pierre Gattaz, l’homme à la tête dans les épaules

Cet austère libéral n’a rien de très passionnant, et pour cause : inconnu du grand public (un peu moins qu’avant mais toujours), invisible dans l’entreprise Radiall dont il est PDG , peu charismatique et loin d’être original, le personnage est décrit par ses adversaires comme un pion de certaines fédérations, ou encore comme un libéral assumé avec une pointe de dialogue social. Une chose est sûre, peu importe l’homme, qu’il soit sympathique ou pas, il représente une organisation du travail (et de la société) qui restera à combattre... par tous les moyens !

 
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