Marasme européen : Pour une stratégie de rupture




Chômage massif, austérité annoncée, instauration d’une « remise » au travail quasi gratuit, destruction méthodique des acquis sociaux... La classe dirigeante élabore à cet effet une stratégie volontaire et réfléchie, construite à l’échelle européenne.

Défendue par la gauche radicale « électoraliste », il y a une première option stratégique qu’on pourrait qualifier de « démocratique-radicale ». Elle va en France, avec des nuances, du NPA au PCF et toute la nébuleuse de la gauche associative. Pareillement dans le reste de l’Europe : y correspondent avec des radicalités variables le DKP en Allemagne, le Bloco de Esquerda au Portugal, ou encore Izquierda anticapitalista en Espagne, Antarsya en Grèce… On observe le même phénomène à gauche de la gauche (Front de gauche, Syriza grecque, Die Linke allemand…).

Prônant un contrôle démocratique des citoyens sur l’économie, l’idée est de construire une plateforme revendicative dans la rue et dans les urnes, jusqu’à toucher une masse critique des classes populaires. Assez pour construire un rapport de force permettant l’application des revendications : hausse des salaires directs et différés (chômage, retraites...), augmentation du nombre de fonctionnaires, économie administrée, et un pôle bancaire public.

L’exemple de la Guadeloupe

A ce titre, le mouvement de grève dans les Antilles est emblématique : Le LKP a gagné sur presque toutes ses revendications... mais pour une fin de lutte sans réel bouleversement Des revendications qui aboutissent mais renvoient chacun chez soi, sans réel changement de société, ne peuvent pas constituer une véritable victoire. Les acquis difficilement obtenus sont aussitôt grignotés, menacés... Car ce qui fait la force du mouvement, c’est aussi ce qu’il perd en terminant la lutte. L’objectif n’est pas, bien sûr, de se terrer chez soi et d’attendre le grand soir : à l’heure où les Socrates portugais et Zapatero espagnols entonnent le même refrain de la rigueur, toutes les victoires, même partielles sont bonnes à prendre. Il faut donc poursuivre ce que nous faisons déjà : développement des luttes, construction d’outils interprofessionnels comme les UL CGT, les Solidaires locaux, et autres assemblées de quartiers, de chômeurs, de précaires, collectifs…

Alors, que faire ?

Poursuivre… mais avec une autre stratégie : celle d’une rupture révolutionnaire. Car face à un système en crise, qui défend sa peau en s’attaquant à nous par tous les moyens, l’heure n’est plus à la défense d’une régulation, fut-elle « citoyenne » : l’heure est à la contre-offensive à l’échelle européenne.

Réclamer l’arbitrage de l’Etat c’est propager l’illusion néfaste d’un possible réformisme « alternatif ». A revendiquer la démocratie sociale, on ne fait que reprendre le rôle de la social- démocratie. Il nous faut donc mettre en pratique ces ruptures : ne pas revendiquer l’application de la loi sur les réquisitions de logements, mais les prendre nous-mêmes ces logements. Récupérer collectivement le nécessaire, directement dans les supermarchés, sans attendre de loi sur « les produits de première nécessité ».

Enfin, contribuer à construire la dynamique d’une grève générale reconductible. En sachant que moins nous insisterons sur une « plateforme d’urgence de revendications », moins le patronat et l’Etat pourront s’en servir contre nous lorsqu’il « faudra bien savoir terminer une grève ».

Cette perspective aujourd’hui, en pleine crise du capitalisme, n’a rien de lointaine. A nous de la rendre souhaitable.

Nico (AL Montpellier)

 
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