Mexique : trois jours avec les femmes zapatistes




Entre le 29 et le 31 décembre 2007, à La Garucha au Mexique, dans les montagnes du sud du Chiapas, avaient lieu les troisièmes Rencontres internationales du mouvement zapatiste. Celles-ci portaient uniquement sur la situation des femmes dans le mouvement. Une participante nous raconte.

Venant de tout le Chiapas, 200 femmes-déléguées exposaient pendant trois jours leur implication dans le mouvement zapatiste : en définissant les thèmes de ces rencontres autour de leur participation dans l’organisation du travail communautaire (santé, production agricole et artisanale, éducation, travail clandestin dans le mouvement), elles ont démontré à quel point ce mouvement n’entend pas les laisser « à côté », et ce, parce qu’elles en sont partie prenante.

Si la mixité est présente chez les zapatistes (armée, langage, travail…), ces rencontres en revanche n’autorisaient pas les hommes à prendre la parole dans les plénières. Les « messieurs » devaient se borner à participer à toute la logistique que demandent de telles rencontres, qui accueillaient entre 3 000 et 4 000 internationaux.

Comment résumer toutes les impressions que laissent de telles rencontres ? En vrac, il y a d’abord ce défilé de femmes cagoulées et habillées différemment selon leur village et leur ethnie, les unes derrière les autres, se dirigeant vers le chapiteau où elles-seules allaient prendre la parole. Puis il y a ces « plénières » où elles nous exposent leur vie avant la rébellion, et celle d’après. Elles nous racontent quand elles étaient esclaves des grands propriétaires terriens, soumises à toutes les violences possibles (sociales, sexuelles…). Elles insistent sur leurs droits à l’éducation, elles qui n’y avaient pas accès. Elles travaillent aujourd’hui pour ancrer dès le plus jeune âge le respect entre les sexes, source d’égalité et frein aux violences.

Des débats et une vie autour

Puis il y a cette brume du matin, la grande place où l’on dansait la veille avec ces quelques tentes plantées au milieu. Et puis nous, les « pueblos del mundo », venant d’Amérique du nord, d’Europe, d’Amérique latine, d’Australie. Parfois un peu décalé-e-s, aussi bien en termes de « look » que dans l’envie de poser certains débats – comme ces questions sur l’avortement qui font « flop ».

Bref, trois plénières par jour, avec chacune cinq témoignages de déléguées de différentes communautés, quelques questions écrites des participantes internationales, aux réponses souvent pleines d’humour mais parfois frustrantes (car évacuées d’un revers de main si la question n’a pas été débattue entre elles), entrecoupées de pauses repas, pour finir par les fêtes du soir et reprendre, dès 8 h 30, les travaux le lendemain matin.

Et puis la fin, les remerciements pour notre présence, notre soutien, les appels communs à la lutte (notamment de Via campesina et de la Marche mondiale des femmes) et les discours où le nom des mortes et des morts, dont la Comandante Ramona, auxquels ces rencontres étaient dédiées, est toujours suivi du mot « présent-e » crié par toutes et tous les participants.

Colette G

 
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