Numérique : Pour une école libérée des Gafam




En novembre 2015, le ministère de l’Éducation nationale signait une convention de dix-huit mois avec Microsoft afin de « développer le plan numérique à l’école ». Deux ans plus tard, on apprenait qu’Apple organisait des visites scolaires dans ses Apple Stores. Dans la logique capitaliste, tout est marché, même et surtout les enfants.

Le 30 novembre 2015, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, posait tout sourire auprès d’Alain Crozier, alors président de Microsoft France. Ces deux là avaient toutes raisons de se réjouir. Tandis que la ministre d’un gouvernement qui se présentait comme socialiste ouvrait grand les portes de l’Éducation nationale à l’un des leaders du capitalisme moderne, le second s’offrait, pour la modique somme de 13 millions d’euros (la capitalisation boursière de l’entreprise était alors de 333 milliards de dollars), l’entrée dans un juteux marché  : celui de l’éducation publique. Ces quelques millions investis par Microsoft «  afin de contribuer à la réussite du plan numérique à l’école  » doivent permettre de «  développer des applications éducatives pensées pour accompagner les programmes de l’Éducation nationale  », de former les enseignants aux usages pédagogiques des nouvelles technologies ou encore d’initier les élèves à la programmation informatique, nouvelle marotte du ministère. Évidemment, on ne se soucie pas de l’incongruité de confier à une entreprise qui garde secret son code source le soin de former à la programmation !

Un appétit sans limite

Début avril de cette année, un reportage du 20 heures de France 2 montrait une visite scolaire «  ordinaire » d’une classe de CM2 dans un Apple Store  ! Ces visites évidemment approuvées par l’Éducation nationale étaient l’occasion pour la firme à la pomme (comme on l’appelle bucoliquement) de gaver les élèves de goodies (tee-shirt avec le logo de l’entreprise, clé USB) sous couvert de découverte là encore d’une activité de programmation. Face à la montée d’une polémique sur ces sorties «  éducatives  », le ministère a annoncé quelques semaine plus tard la fin de celles-ci.

L’appétit des Gafam est sans limite et on ne saurait compter sur l’État pour nous en en protéger. Le double discours ne fait d’ailleurs plus illusion. Au printemps 2016, l’association Framasoft publiait un article intitulé «  Pourquoi Framasoft n’ira plus prendre le thé au ministère de l’Éducation nationale  » dans lequel elle dénonçait tout à la fois l’entrisme des Gafam et le libre-washing du ministère.

Des résistances s’organisent

Si certains blogs sur l’éducation très fréquentés relaient outrageusement les pubs et autres promotions commerciales des Gafam, des alternatives et des résistances s’organisent, dans et hors de l’institution, pour la diffusion des logiciels libres. Certaines d’entre elles seront présentées dans un prochain article.

David (groupe de travail libriste d’AL)

 
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