Placal : Révolte ouvrière à la campagne !




À Mézin (Lot-et-Garonne), la mobilisation des salarié-e-s de Placal démontre l’efficacité de l’action directe.

Placal, usine de portes coupe-feu de 23 salarié-e-s, est menacée de fermeture. Cette entreprise a été reprise par une SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production), la Comec, dont le siège social est à Cholet. Après avoir récemment supprimé le treizième mois, la direction a présenté le 13 juillet un plan de licenciement concernant la totalité du personnel de Placal pour tenter d’organiser le transfert de l’activité dans des locaux disponibles à Cholet. Elle a prétexté un courrier de l’ARS (Agence Régionale de Santé), qui affirmait simplement ne pas pouvoir « émettre d’avis sur ce dossier » de « régularisation administrative » et demandant des renseignements complémentaires sur les locaux. Or la direction de la Comec sait pertinemment que seules deux personnes peuvent accepter un reclassement à Cholet. La SCOP se conduit donc comme le pire des patrons, rachetant une entreprise pour son savoir-faire et son marché, mais en se proposant de se débarrasser de ses salarié-e-s.

Absence de réel motif économique

La Comec comptait sur l’absence de tradition de lutte dans cette PME. N’avait-elle pas annoncé la suppression du treizième mois sans que se développe de conflit social ? D’ailleurs, après la douche froide du 13 juillet le pessimisme des salarié-e-s était unanime. Pourtant, le 26 juillet la totalité des salarié-é-s participe à une réunion-débat sur l’avenir de Placal. Lors de cette réunion, les délégué-e-s du personnel CGT soumettent l’avis qu’ils doivent rendre sur le plan de licenciements, avis qui dénonce l’absence de réel motif économique ainsi que les clauses sociales du plan. Il est adopté à l’unanimité par les salarié-e-s. Un comité de soutien est créé par les mézinaises et les mézinais présents. Puis une AG aborde les questions qui fâchent : quelle articulation entre une lutte pour le maintien des emplois et pour de meilleures conditions de licenciement ? Quelle solidarité entre ceux qui accepteront le reclassement à Cholet et l’écrasante majorité qui ne suivra pas ? Qui va faire grève, et comment l’organiser ? L’AG vote la grève à l’unanimité et décide de la commencer dès l’embauche du lendemain. Elle a été maintenue jusqu’à la fin juillet et les commandes en cours n’ont pas pu être livrées. Du 1er au 25 août le site a été fermé pour cause de congés payés. Mais une surveillance du site a été organisée pour éviter toute surprise. Avant de partir en vacances, les salarié-e-s ont envoyé un ultimatum à la direction exigeant le gel du plan de transfert et l’ouverture de négociations sur le traizième mois. Ils et elles ont repris la grève au retour des vacances.
À ce stade du conflit, la conclusion qui s’impose est que la pratique de la démocratie directe a permis aux salarié-e-s de Placal de construire entre eux une véritable solidarité, et qu’ils ont pris conscience de la nécessité et de l’efficacité de l’action directe pour défendre leurs intérêts.
À suivre …

Jacques Dubart (AL Agen)

 
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