Projectionnistes : La fièvre monte à Gaumont-Pathé




Malgré une année de bénéfices records dans les cinémas, de lourdes menaces pèsent sur le métier de projectionniste. L’avénement du numérique sert de prétexte pour supprimer les postes.

En 2011, les deux actionnaires de Gaumont et Pathé (les frères Seydoux) se sont partagé 27,2 millions d’euros. Mais ce n’est pas assez : pour rogner sur la masse salariale, ils décident maintenant de casser le métier de projectionniste, prenant comme prétexte l’équipement en matériel numérique des cabines de projection. Des innovations technologiques ont émaillé l’histoire du cinéma. Avec le numérique, les contenus sont chargés dans des serveurs. Les séances sont programmées sur un logiciel.

La préparation des programmes et la gestion des serveurs nécessitent donc encore du temps de travail, même s’il est moindre qu’auparavant. La véritable différence avec le 35 mm consiste dans la suppression des deux minutes nécessaires, avant chaque séance, pour le chargement de la pellicule dans les appareils de projection. C’est sur cette base que la direction estime que « le métier disparaît ».

Qu’en est-il de la surveillance de la projection, au cœur même de notre profession ? Elle ne sera plus assurée. Ce sera au spectateur de sortir de la salle et de signaler les problèmes techniques. Nous savons par expérience que cela se produit assez rarement : le public fait confiance au technicien en cabine, sauf que maintenant il n’y en aura plus. Or, les incidents sont fréquents en numérique. La technologie est encore loin d’être fiable.

Suppressions de postes

Pourtant, dès 2011, apparaissait chez Gaumont Pathé le concept d’« effectifs cibles » : selon les cinémas, la moitié des postes allait être supprimée en cabine de projection. Aucun critère ne nous était donné quant au choix des salariés qui allaient rester. Et pour cause…
En septembre 2012, plus question d’« effectifs cibles ». La nouvelle option choisie est plus radicale, « plus personne en cabine de projection ». Après avoir terrorisé les salariés [1] , on annonçait qu’on n’avait plus besoin de personnel en cabine.

Les projectionnistes ont jusqu’au 30 avril 2013 pour se déterminer. Deux options sont proposées : partir ou accepter un nouveau poste de « technicien polyvalent ».
C’est-à-dire devenir caissier, agent d’accueil, vendeur de confiseries. Mais en plus, assurer les tâches techniques, l’entretien du bâtiment, ainsi que la cabine de projection au besoin.

Reconversion en « techniciens polyvalents »

Un mouvement de protestation, à l’initiative de la CNT Culture-spectacle de la Region parisienne et soutenu par Sud-Culture a eu lieu dans les cinémas le 1er décembre 2012. Salariés en grève dans plusieurs sites et manifestation imposante devant le Gaumont Opéra à Paris, avec prise de parole de notre collègue Frédéric.

Celui-ci sera dans les jours suivants assez grossièrement convoqué [2] à un « entretien en vue d’une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement » par la direction du Gaumont Parnasse. À nouveau sous un prétexte futile. Voila comment la direction répond aux revendications des projectionnistes de Gaumont Pathé.

Au-delà de la disparition du métier de projectionniste pour accroître des profits déjà très confortables, les salarié-e-s s’inquiètent de la dégradation du service proposé aux spectateurs. L’entreprise, grâce à ses bénéfices colossaux, est en mesure de maintenir ces postes nécessaires au bon fonctionnement des cinémas.

C’est ce que réclament les salariés, qui en appellent au soutien de toutes et tous.

Section Gaumont Pathé du Syndicat Culture-spectacle de la Région parisienne de la CNT

Contact : exploitationcinema@laposte.net

[1À tel point que certains ont préféré partir, acceptant des bouleversements importants dans leurs vies (déménagement, changement de métier, etc), avec les conséquences qu’on imagine dans les équipes (mise en concurrence des salariés)

[2Pour la deuxième fois en un mois et demi, et toujours suite à son activité syndicale.

 
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