Psychiatrie : à Amiens, radicalisation des grévistes et soutien populaire




Depuis plusieurs mois, la psychiatrie s’affirme comme le fer de lance des luttes dans le secteur hospitalier. Avec un niveau exemplaire d’auto-organisation des travailleuses et des travailleurs.

Mépris, oubli, système D et manque de moyens. Cette situation, les salarié.es des hôpitaux psychiatriques la connaissent bien. À l’HP Philippe-Pinel, à Amiens, on a franchi les cent vingt jours de grève et quatre-vingt-dix jours de bivouac !

Face à la fermeture de quatre services en quatre ans – pas moins de 90 lits et la suppression des postes de soignant.es qui vont avec –, les agent.es ont décidé de s’auto-organiser, au-delà des étiquettes, mais avec l’aide logistique de la CGT, de SUD et de FO.


« À Paris, la fusion des colères est en cours », paru dans AL d’octobre.


Il ne s’agit pas d’une lutte pour l’amélioration des conditions de travail, mais bel et bien d’une lutte pour pouvoir soigner dignement des personnes en souffrance. Aujourd’hui, c’est quasiment impossible ! Les fermetures obligent les services déjà surchargés à accueillir des patient.es supplémentaires. Seuls les soins de base sont assurés, avec deux soignant.es pour 26 patient.es logé.es dans des chambres doubles ou parqué.es dans des dortoirs de quatre.

Le corps médical n’est pas en reste. Les médecins sont las.ses du rôle de « gardien de fous », et de se cogner à un mur. Ce mur, c’est l’Agence régionale de santé (ARS). La demande du collectif Pinel en lutte est claire : une table ronde réunissant tous les acteurs, syndiqué.es ou non, afin d’éviter le double discours. L’ARS refuse.



« On se serre la ceinture, ou on grimpe sur la toiture », paru dans AL de septembre.


Après une première occupation infructueuse, suivie d’une deuxième tentative le 14 juillet, brisée dans la violence par les CRS, les Pinel en lutte ont mis en place un campement de grève devant l’hôpital. Pour cela, les personnels peuvent compter sur la solidarité et le soutien de la population, mais également sur celui des autres hôpitaux psychiatriques en lutte (Rouen, Le Havre, Clermont-de-­l’Oise, Prémontré…). C’est un frémissement, une convergence qui s’opère.

Dépeçage au profit du privé

Le 25 septembre, la hiérarchie, protégée par les CRS et les vigiles, a déclaré n’accepter de recevoir que les représentantes et représentants syndicaux. Réplique unanime : c’est tout le monde ou personne ! Il n’y a guère que la CFDT pour essayer de négocier dans son coin… y compris contre ses adhérentes et adhérents qui participent à la grève !

On disait tout à l’heure que quatre services de l’hôpital public ont fermé  ; ça n’a pas été perdu pour tout le monde. Certains des terrains ont été vendus pour y implanter… une clinique privée de psychiatrie ! De ce dépeçage, le grand gagnant est une fois encore le secteur privé, au détriment des malades.


Le camp de grève perdure, aux yeux de toutes et de tous. Malgré la désinformation distillée par l’ARS, malgré les renvois de balles incessants entre l’hôpital et l’ARS, la vie s’organise, et le soutien est loin de faiblir.

De tractages en actions coups de poings, le collectif compte bien se faire entendre ! Après avoir défilé en tête de cortège lors de la journée de grève du 9 octobre, les grévistes se sont enchaîné.es aux portes de l’ARS le lendemain.

Florian (AL Amiens)

 
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