la police assasine

Quartiers populaires : Dix ans de luttes pour la dignité




La Marche de la Dignité aura lieu le 31 octobre 2015 à Paris. Départ de Barbès à 14h pour rejoindre la place de la Bastille. Il y a dix ans, le 27 octobre 2005, mouraient Zyed et Bouna, électrocutés dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. Suite à cela, quatre cents quartiers populaires de toute la France s’enflammaient durant trois semaines. Dix ans après ces révoltes, une « marche pour la dignité et contre le racisme » aura eu lieu le 31 octobre.

En 2005, lors de la mort de ­Bouna et Zyed, Sarkozy était à l’Intérieur et sa pratique policière s’inscrivait dans la continuité de celle de ses prédécesseurs dans les quartiers populaires, qui n’a pas cessé depuis : contrôle discriminatoire des quartiers populaires, politique de domination productrice de violences, de contrôles au faciès, de gardes à vue et condamnations arbitraires avec la complicité de l’institution judiciaire.

Le paroxysme de ce traitement policier d’exception, ce sont les crimes policiers, qui restent dans leur immense majorité impunis. Ainsi, exemple parmi d’autres, les policiers responsables de la mort de Zyed et Bouna, accusés de non-assistance à personnes en danger, ont été définitivement relaxés le 18 mai dernier...

Mais la situation des quartiers populaires ne se résume pas à la question des violences policières. Les événements de Clichy-sous-Bois sont survenus dans un climat social de paupérisation, de précarisation, de casse du service public, de discriminations et de mépris raciste. Plus encore, 2004-2005 fut le tournant idéologique de l’ethnicisation des question sociales et de son mépris raciste : les révoltes explosent un an après le débat puis la loi raciste sur le voile, tournant idéologique dont dix ans plus tard on constate l’avenir prometteur. Le cocktail qui fit exploser les cités à l’époque est toujours là !

Occasions manquées de convergences

Disons-le tout net : lors des révoltes, les réactions du mouvement social, de la gauche et de l’extrême gauche, restés silencieux jusqu’à l’annonce du ­couvre-feu, furent insuffisantes. Depuis, des occasions ont été ratées de faire converger les luttes des quartiers populaires avec le reste du mouvement social.

Banderole Zyed et Bouna
Paris, le 21 mars 2015. Manifestation contre tous les racismes et le fascisme
Copyright : Photothèque Rouge/JMB

En revanche, du côté des populations des quartiers populaires, la volonté d’agir a donné lieu a des tentatives multiples de développer des campagnes diverses, et notamment une parole politique des populations des quartiers populaires, souvent de stratégies contradictoires (Mamans toutes égales, Brigade antinégrophobie, Parti des indigènes de la République, Forum social des quartiers populaires, Front uni des immigrations et des quartiers populaires...).

femmes en lutte

En termes de lutte, les mobilisations contre l’islamophobie, pour la Palestine et autres ont donné lieu à de multiples résistances et affirmations politiques. Du côté des mouvements contre les crimes policiers, de nouvelles organisations (Vies volées, Angle mort, Urgence notre police assassine) ont émergé au cours des tristes luttes pour la vérité et justice de ces dernières années (Lamine Dieng, Ali Ziri, Akim Ajimi, Wissam el Yamni, Amine Bentounsi...).

Dans toutes ces luttes, les figures féminines ont été nombreuse et les femmes issues des quartiers populaires y furent particulièrement investies. Pour ces raisons, ce sont des femmes qui sont à l’initiative dernièrement du Mafed (collectif de la Marche des femmes pour la dignité) qui a eu lieu le 30 octobre, dix ans après les révoltes, dans la foulée des luttes des dernières années et un peu plus de trente ans après les marches pour l’égalité.

Si l’on peut regretter que l’appel à cette marche se soit axé principalement sur une exigence de respect et de dignité et non sur une dimension plus lutte de classe, cela est largement dû à l’absence de rapprochement avec l’extrême gauche. On attend toujours un électrochoc de ce côté et dans les syndicats quant aux problématiques des quartiers populaires.

Nicolas Pasadena (Val-de-Marne)

 
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