VIIe congrès d’AL - Angers - novembre 2004

Quatre ambitions, une boussole




  1. Changer le syndicalisme ;
  2. Lutter contre la dispersion, fédérer les mouvements sociaux de façon durable ;
  3. Accoucher une plate-forme revendicative qui fasse référence, et opposable aux projets gouvernementaux ;
  4. Réaffirmer l’attachement au socialisme autogestionnaire.

L’objectif d’une opposition extra-parlementaire de masse à l’État et au capitalisme reste d’actualité. Si le bilan que nous tirons après dix ans de cette stratégie est mitigé, cela tient à plusieurs facteurs :
 un reflux des luttes après 1997 avec l’effet anesthésiant de la gauche plurielle, puis la montée de l’État policier et l’arrivée de la droite au pouvoir ;
 un syndicalisme alternatif en perte de radicalité et de projet ;
 un mouvement des chômeurs/précaires au creux de la vague ;
 la faiblesse du courant communiste libertaire dans les mouvements sociaux et syndicaux, même si dans certains secteurs nous pouvons être très présents et en phase avec la pratique et le contenu.

Comme nous le disions dans le chapitre « De la réserve de radicalité au renouveau des luttes », la situation actuelle est tangente. Si les mouvements sociaux ajoutent, à l’accumulation des défaites, l’absence d’un projet de société qui serve de boussole politique pour "tenir le cap" au milieu d’un possible reflux, nous pouvons voir prochainement le découragement déliter la "gauche de la rue".

Il nous faut donc identifier sans faux-semblants les carences et les obstacles à une stratégie de front social, et proposer :
 des axes revendicatifs définis par un objectif de redistribution des richesses ;
 une construction politique à moyen terme : une fédération des mouvements sociaux qui constituerait une opposition extra-parlementaire au capitalisme ;
 le rassemblement des militant(e)s libertaires actifs et actives dans les mouvements sociaux.

1. Changer le syndicalisme

1.1 État les lieux du syndicalisme

Le principal vecteur d’action dans la lutte des classes, c’est le syndicalisme, quel que soit sa tendance, et en cela son évolution intéresse directement la défense des intérêts des travailleur(se)s et les possibilités de transformation sociale. L’évolution du syndicalisme français fait aujourd’hui apparaître trois pôles en son sein :

 Un pôle de syndicalisme "intégré" à la gestion du libéralisme, et principalement incarné par la CFDT, la CFTC et l’Unsa. Ce pôle syndical ne peut même plus être qualifié de réformiste, tant il se caractérise par son adhésion idéologique au projet libéral. La bureaucratie qui le structure méprise ouvertement l’opinion des salarié-e-s, ne cherchant sa légitimité que dans le paritarisme et la reconnaissance que lui apportent l’État et le patronat. Ce pôle syndical-là est en perte de vitesse dans la mesure où il perd progressivement sa capacité à casser les luttes dont il ne veut pas. Ses oppositions de gauche, à peu près totalement délitées et laminées, ne représentent plus qu’une curiosité anachronique.

 Un pôle de syndicalisme "contestataire", principalement incarné par la CGT, FO et la FSU. S’il est également dévitalisé par le poids de la bureaucratie, ce pôle syndical continue d’affirmer une certaine opposition au libéralisme, et reste soucieux de son image auprès des salarié-e-s. Engagé au sommet dans le jeu d’un paritarisme sans issue, avec néanmoins une partie de sa base qui reste combative, ce syndicalisme-là est pris dans la contradiction entre défense des intérêts des travailleur(se)s et politique contractuelle avec l’Etat et le patronat. Il craint tout autant de perdre le contrôle de mouvements de lutte de grande ampleur, que de perdre sa crédibilité en ne les soutenant pas. Il peut jeter ses forces dans la bataille et constituer un contre-pouvoir gênant pour le libéralisme, comme il peut rester attentiste et se laisser peu à peu gagner par la corruption. Dépourvu d’un projet de société qui lui serve de boussole, ce pôle syndical-là se caractérise par sa duplicité et alignera sa politique, au gré des événements, sur ce qui lui semblera le plus acceptable.

La direction de la FSU est obsédée par l’accession de la fédération à la "cour des grands". Elle est prête à tous les compromis pour obtenir la reconnaissance des autres organisations syndicales et des institutions politiques, au-delà de son champ traditionnel de syndicalisation.
La CGT est en quête d’une nouvelle boussole politique, suite au naufrage du PCF. Le PS, discrédité par sa politique, a tout à gagner à une possible alliance.

Les oppositions de gauche qui peuvent exister à la CGT, FO ou la FSU sont bien réelles, mais désarticulées (à l’exception notable de la tendance Émancipation/École émancipée dans la FSU). A FO, le forum Eugène Varlin (de tendance libertaire) a échoué. A la CGT, le bulletin CGT Lutte de classe (de sensibilité plus large) a fait long feu. L’émergence d’un courant syndicaliste révolutionnaire affirmé, notamment dans la CGT, doté de moyens de diffusion conséquents, reste un enjeu important pour, au mieux, freiner la dérive sociale-démocrate de ce pôle syndical, et au pire, préparer l’avenir.

 Un pôle syndical alternatif, au centre duquel on trouve les syndicats SUD et, de façon plus marginale, la CNT. Ce pôle syndical-là a fait de l’opposition au libéralisme voire au capitalisme son image de marque. Il se définit également beaucoup par son refus des tares du syndicalisme traditionnel : bureaucratisation, substitutisme, crétinisme du "dialogue social", corporatisme... et a entièrement assimilé les pratiques assembléistes qui se généralisent depuis la fin des années 80 dans les luttes. Ce pôle syndical n’est pour autant pas exempt de critiques. A la différence de la CNT, qui stagne et ne parvient pas se développer dans les grandes entreprises, les SUD, comme tout mouvement qui prend de l’essor, sont soumis à des tendances divergentes : une tendance à la rupture avec le capitalisme d’une part, une tendance à l’intégration d’autre part.

Le plus grand risque, pour les SUD, est de se résigner à imiter le pôle contestataire - et notamment la CGT -, dans ses pratiques, dans son contenu et dans sa stratégie. C’est un risque non négligeable, car malgré leur développement depuis 1996, les SUD ont rarement été en mesure de déborder la CGT ou la FSU, lorsque ces organisations freinaient des luttes. Pour les SUD, dans les secteurs professionnels où ils pèsent, l’avenir n’est pas écrit : "force d’appoint" ? "aiguillon" ? "Force d’entraînement" ?

Renforcer la cohésion du pôle de syndicalisme alternatif

Un nouveau modèle

Comment résister à la tentation d’imiter le syndicalisme CGT ou FSU, et au contraire déplacer le curseur vers le syndicalisme alternatif ?

A défaut de pouvoir concurrencer numériquement et en influence le pôle syndical contestataire, les SUD peuvent offrir une alternative sur le plan du projet, des pratiques, du modèle syndical. Or, c’est là que le bât blesse. Le "socialisme autogestionnaire" reste pour la majorité des syndicats SUD, une référence du même acabit que l’"abolition du salariat" dans les statuts de la CGT d’avant 1995.
Or pour nourrir la "différence" SUD, la pratique syndicale autogestionnaire, il faudrait repenser le projet et le modèle syndical. Alors que depuis son 47e congrès en 2003, la CGT perfectionne un projet syndical ("la sécurité sociale professionnelle" et le "nouveau statut du salarié") qui constitue de plus en plus sa boussole politique, la « galaxie SUD » semble parfois en panne d’imagination, en considérant implicitement qu’Attac va constituer sa boîte à idée, son think tank.

Pérenniser le travail interprofessionnel, en direction des chômeurs, des précaires, des sans-papiers

Tout à sa fuite en avant dans le "toujours plus de profit", "toujours plus de pression sur le salariat", le capitalisme engendre en lui-même des contradictions grandissantes. Le capitalisme français n’est pas exempt de ces contradictions, qui peuvent le déstabiliser. Parmi ces contradictions, la fraction importante de travailleur(se)s privé(e)s d’emplois et de travailleur(se)s sans papiers.

Le mouvement des chômeur(se)s/précaires est dans une passe difficile. Au plus haut de sa forme après le mouvement de l’hiver 97-98, il ne s’est pas relevé de la "reprise économique" de l’année 2000-2001 qui a vu baisser légèrement le taux de chômage et se clairsemer les rangs des associations de lutte. Il n’y a là pas de fatalité, il est presque dans la nature du mouvement des chômeurs de connaître des flux et des reflux. Mais c’est précisément au moment où elles traversaient cette passe organisationnelle difficile que les associations de chômeur(se)s ont vu leurs liens se distendre avec le mouvement syndical. Ça a été le cas d’AC !, qui a longtemps fonctionné en quasi osmose avec SUD-PTT ; ça a été le cas pour la CGT-Chômeurs, marginalisée par la confédération CGT.

Les coups n’ont pas tardé à pleuvoir par la suite, notamment le "recalcul" des ayant-droits à l’assurance-chômage, en décembre 2003, qui a frappé violemment plusieurs dizaines de milliers de chômeur(se)s, sans que la réaction soit à la hauteur.
La même remarque peut être faite au sujet du mouvement des sans-papiers qui, depuis qu’il a surgi à l’été 1996, s’est « banalisé ». Il a pris, ce qui était souhaitable, son autonomie par rapport aux organisations « françaises ». Mais cela s’est malheureusement traduit par un isolement croissant.
Dans cette période atone, la seule victoire sur le « recalcul » aura été juridique.
Pourtant, le chômage reste à un haut niveau. Après un cycle de latence, il est vital que les luttes des chômeurs redémarrent de plus belle. D’une part parce que la régression de la protection sociale qui frappe les travailleur(se)s privé(e)s d’emploi est inadmissible. D’autre part parce que les luttes des chômeur(se)s jouent un rôle politique important : elles rappellent en permanence à la population et au mouvement syndical que le chômage nous menace tou(te)s, que les problèmes sont « globaux » et que la solidarité est nécessaire.
Le capitalisme utilise la masse des chômeur(se)s et des travailleur(se)s sans papiers pour exercer une pression à la baisse sur les salaires, sur le temps de travail, sur la protection sociale (dont l’assurance-chômage qui permet aux privé(e)s d’emploi de ne pas être totalement à la merci du patronat)... Faire baisser le chômage, défendre l’assurance-chômage, défendre la liberté de circulation et d’installation des travailleur(se)s, autant d’objectifs vitaux non pas seulement pour les chômeur(se)s et les sans-papiers, mais pour le salariat dans son ensemble.
En effet, la précarité est l’horizon que les capitalistes voudraient imposer à l’ensemble du salariat. Il est donc urgent de repenser l’articulation du travail syndical classique avec un travail d’organisation des précaires.

2. Lutter contre la dispersion, fédérer les mouvements sociaux de façon durable

2.1 Créer des lieux de fédération tangibles : Maison des Ensembles, centres sociaux, Forums sociaux locaux...

Confédérer le syndicalisme alternatif, fédérer les mouvements sociaux, ce n’est pas suffisant. Il faut multiplier les lieux de convergence des mouvements sociaux, y compris physiques. Certains Forums sociaux locaux, comme celui d’Orléans, se sont pérennisés et sont devenus un des lieux naturels de réflexion et de confrontation politique du mouvement social - à défaut d’être totalement un lieu de convergence des luttes.
Çà et là, des projets de centres sociaux peuvent également être portés, donnant une concrétisation physique à la convergence. Dans de nombreuses villes, ce besoin d’un lieu de convergence est ressenti. Il ne s’agit pas nécessairement de les créer ex nihilo : certaines bourses du travail constituent encore des lieux où des choses originales peuvent être faites dès lors qu’elles sont portées par des syndicats volontaristes - par exemple, les cours ouverts et gratuits sur le code du travail, organisés par le collectif Stop-Précarité (proche de la CGT) à la bourse du travail de Paris.

En s’inscrivant dans le paysage, hors de l’entreprise ou d’un strict secteur de lutte, ces centres peuvent permettre de donner une visibilité permanente à la gauche de la rue. L’enjeu, dans les deux cas, est de "faire de la politique" en faisant le lien entre les luttes, en favorisant les actions communes, et en se donnant les moyens de toucher de nouveaux publics.

2.2 Lutter contre la dispersion

L’unité est un combat. La convergence des luttes ne peut se résumer à un regroupement affinitaire de militant(e)s isolé(e)s ou de structures microscopiques qui se donnent à bon compte l’impression de réaliser une "convergence". La convergence, c’est lorsqu’on réussit à regrouper, autour d’un projet, des secteurs syndicaux et/ou professionnels significatifs, au-delà des affinités des uns ou des autres. Sans sectarisme, mais sans se masquer les difficultés, il faut s’efforcer de fédérer les associations et syndicats, dont seule l’action commune est susceptible de d’obtenir des victoires.

La convergence des luttes n’est pas non plus la simple juxtaposition de mouvements corporatistes. On a trop souvent assisté à une simple recherche de soutien extérieur, sans volonté de dialogue ni convergence revendicative. Il s’est agi de pallier par des alliances dictées par l’actualité des luttes plus que par une stratégie les insuffisances de mobilisation internes.

La succession de défaites depuis cinq ans a pu favoriser une dispersion militante, la multiplication de petits réseaux et de petits collectifs éphémères dont l’activisme ponctuel ne peut pas remplacer le travail patient et régulier de construction d’organisations pérennes, capables de créer des rapports de forces. Il faut se garder d’un défaitisme inconscient et conserver l’ambition de mener des "luttes majoritaires", dont le contenu ne sera pas nécessairement d’une "pureté" absolue, mais qui seront en mesure de mobiliser largement la masse des gens non politisés ou découragés.

3. Accoucher une plate-forme revendicative qui fasse référence, et opposable aux projets gouvernementaux

3.1 Nécessité d’une plate-forme revendicative autonome

Une des raisons de la dispersion, c’est, on l’a dit, le déficit du mouvement social sur le projet de société. Il ne s’agit pas de réclamer des débats impromptus sur la question, d’autant que nous sommes davantage sur la défensive qu’à l’offensive. En revanche, vu cette situation défensive, il y a un enjeu crucial à ce que la "gauche de la rue" se dote d’une plate-forme revendicative qui fasse référence.
En l’absence d’une plate-forme autonome de revendications, les mouvements sociaux se retrouvent malgré eux dans la situation de quémander des réponses aux partis politiques. A chaque fois que les projecteurs se braquent sur une entreprise en lutte une fermeture ou des licenciements, les revendications restent locales. Aucune revendication globale contre les licenciements n’est portée, qui donnerait une impulsion supplémentaire à la solidarité des travailleur(se)s d’autres entreprises, ou qui donnerait plus de contenu à la sympathie instinctive que déclenche dans la société tout combat contre les licenciements. Ce rôle est laissé aux partis politiques qui proposent chacun leur mot d’ordre (interdiction des licenciements, "moratoire" sur les licenciements, rétablissement de l’autorisation administrative, droit de veto des CE...).

Autre exemple sur la question du chômage. Pendant plusieurs années l’ensemble des organisations de lutte (de la gauche CFDT de l’époque à AC ! en passant par SUD, etc.) s’était calé sur la revendication centrale des 32h/semaine avec embauches correspondantes et sans perte de revenu. Cette revendication, clairement axée sur la redistribution des richesses et du travail disponible, permettait de faire débat, d’obliger les uns et les autres à se positionner.

La gauche plurielle elle-même a été obligée de tenir compte de cette revendication, pour la récupérer et la déformer au profit du Medef. En votant les 35h/semaine sans les embauches correspondantes et avec baisse de la rémunération des heures supplémentaires, le gouvernement a fait éclater toute unité autour de cet axe revendicatif, et a réussi à lui enlever toute visibilité. De nouveau, les mouvements sociaux n’ont plus qu’à se positionner par rapport à la défense ou non de la loi Aubry, puisqu’à présent la droite s’évertue à en gommer les seuls aspects positifs.

3.2 Contenu possible d’une plate-forme revendicative

Le IIIe congrès d’Alternative libertaire, en 1995, avait déjà réfléchi à une telle plate-forme, qu’il s’agit d’actualiser.
Cette plate-forme revendicative, portée par l’ensemble du mouvement social, pourrait reprendre à son compte les revendications-clés de la période, dans une logique d’ensemble de redistribution des richesses. L’ensemble des mesures exigées seraient financées certes par la fiscalisation (hausse des impôts) mais surtout par prélèvement direct sur la richesse créée (cotisation sociale et patronale).

Cette ambition affichée peut être la réponse du mouvement social à la "crise", dont le fantasme sert à décourager ceux et celles et qui seraient prêts à s’engager. Cette plate-forme affirme : il n’y a pas de crise de production de la richesse, il y a une crise de répartition de la richesse. Au vu du niveau fabuleux de richesse créée dans l’Union européenne, toutes ces mesures sont finançables, sans délai et sans hésitation, en faisant baisser le taux de profit du capital (les dividendes des actionnaires).

Proposition de plate-forme

  1. Abolir le chômage par une redistribution des richesses
    • l’instauration d’un véritable droit à l’emploi pour tous et toutes, dans une logique de redistribution de tout le travail disponible et des gains de productivité, "travailler tous pour travailler moins" : garder la revendication des 32 heures par semaine, sans perte de revenu, avec embauche correspondante. Défendre l’acquis des 35 heures et poursuivre contre la lutte contre la flexibilisation et la précarisation de l’emploi. Transformation des emplois précaires en emplois stables.
    • un revenu décent pour tou(te)s. Défendre un niveau élevé d’assurance-chômage et la hausse des minimas sociaux.
    • s’opposer aux licenciements dans les entreprises qui font des profits.
  2. Droit au logement et à l’habitat
    • un logement décent pour tous, l’application massive et générale de la loi de réquisition, l’arrêt des expulsions sans relogement, la baisse des loyers ;
    • la réappropriation de l’espace urbain par les couches populaires (construction de logements sociaux) ;
    • défense des services publics dans les zones rurales et populaires boudées par le libéralisme.
  3. Pour l’égalité
    • contre toutes les exclusions, pour l’égalité des droits et une citoyenneté intégrale, pour le droit de vote des immigrés ; la liberté de circulation et l’abrogation des lois racistes ;
    • pour une véritable égalité hommes-femmes, dans l’entreprise et la société, et contre les mesures sexistes réduisant l’autonomie des femmes et leur activité dans la sphère publique ;
  4. Pour la protection sociale
    • pour la défense d’une couverture sociale égalitaire, sauvegarder et améliorer la protection sociale : défendre le système par répartition contre le grignotage par les fonds de pension ;
    • pour l’obtention de services publics de qualité au service de toutes et tous, préserver l’égalité devant les soins, les transports, l’éducation, les télécommunications, la culture, etc. Contre la privatisation et la mise en concurrence.
  5. Pour une lutte à l’échelle internationale
    • s’associer avec les mouvements sociaux et syndicaux de lutte au plan international et d’abord de l’Union européenne, pour défendre ces revendications.

4. Réaffirmer l’attachement au socialisme autogestionnaire

Comment remettre sur le tapis la question de l’alternative au capitalisme ? Comment la rendre de nouveau pertinente et actuelle ?

La CFDT posa la question et adopta en 1970 le principe du socialisme autogestionnaire comme projet de transformation sociale dans un contexte bien particulier : l’après-1968, la guerre froide et la nécessité de "se positionner" en promouvant une alternative au capitalisme et au stalinisme. Malgré toutes les critiques de duplicité qu’on peut adresser à la CFDT de l’époque, pour la direction de laquelle le socialisme autogestionnaire était un alibi identitaire, il faut reconnaître que son positionnement a nourri le débat, la réflexion, l’édition de livres, la propagande, etc., à une échelle importante. Malgré tout, une génération militante a été imprégnée de l’idée autogestionnaire. On est bien loin des idéaux sociaux-démocrates et néokeynésiens qui dominent aujourd’hui le mouvement altermondialiste.

Les générations montantes dans le syndicalisme alternatif et les « nouveaux mouvements sociaux » peuvent être interpelés par cette carence actuelle. Comment revendiquer un syndicalisme "alternatif", "rénové" - donc cherchant à se démarquer des confédérations traditionnelles -, si ses pratiques ne sont pas en adéquation avec un projet qui leur corresponde ? Mais la question peut également être posée dans des franges de la CGT qui ont conscience que l’orientation confédérale sur la « sécurité sociale professionnelle » est un leurre et qu’un projet de transformation sociale reste le meilleur ciment de l’action syndicale, mais qui, faute d’orientation alternative, sont désorientés.

Faisons le pari que cette question du socialisme autogestionnaire ne parle pas qu’aux militant(e)s ayant connu la CFDT de la "grande époque". La question est toujours d’actualité, elle peut être posée, débattue et adoptée, elle peut redevenir une orientation consciente pour le syndicalisme alternatif, et une référence attractive plus largement.

Elle deviendrait alors le "sixième point" de la plate-forme énoncée plus haut.

 
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