Syndicalisme

Répression à La Poste : L’Etat actionnaire pire que le privé




Depuis plusieurs mois, à La Poste, les directions ont entamé un bras de fer avec le syndicalisme de lutte. L’entreprise va subir de profondes mutations impactant le service public, les emplois et les conditions de travail. Conséquence : les charges contres les militants syndicaux, les atteintes au droit de grève et les pressions sur les grévistes se multiplient.

Si La Poste frappe comme n’importe quel patron, c’est bien pour essayer de faire taire les syndicalistes. Presque une dizaine de militants syndicaux sont sous le coup de procédure de licenciement pour des faits de grève.

S’il est courant de voir dans les entreprises des licenciements de syndicalistes, l’État-patron va beaucoup plus loin : les faits reprochés le sont au titre de l’action syndicale – prise de parole dans des établissements sans avoir prévenu l’employeur, déplacement dans des établissements contre l’avis du directeur local, avoir fait venir des syndicalistes en grève d’un autre établissement...

En fait, l’employeur ne veut surtout pas que les postiers et postières se ­mettent en grève après des assemblées générales. Cette stratégie de la direction est d’autant plus inquiétante que les représentants syndicaux ne sont pas considérés comme des salarié-e-s protégé-e-s à La Poste. Et donc à la merci de l’employeur au moindre écart.

Souvent ces mêmes militants sont aussi poursuivis devant les tribunaux au pénal pour des soi-disant faits de violence, de séquestration ou d’insultes…

C’est ainsi que quatre militants de Sud-PTT dans les Hauts-de-Seine ont été convoqués à la sûreté territoriale à Paris pour des accusations de dégradations ou de violences volontaires. En Indre-et-Loire, le secrétaire départemental de Sud a été convoqué devant le tribunal pour injures et insultes. Dans l’Isère, un militant Sud qui avait été licencié pour des faits syndicaux a quant à lui été réintégré après des décisions juridiques.

Climat répressif

Ces attaques ne se limitent pas aux militants syndicaux. L’entreprise fait constamment planer au dessus des grévistes des menaces. A chaque fois ­qu’une grève est en cours et prend des formes d’affrontement dur avec le patronat, l’employeur va essayer de dissuader les salarié-e-s de faire grève : pressions, désinformation, tout est fait pour empêcher la grève de se développer dans l’entreprise.

En instaurant un tel climat répressif, il s’agit de faire passer la grève pour une méthode archaïque, non raisonnable, qui n’est pas dans ce que le patron appelle un dialogue social responsable, dans une entreprise où il n’existe pas un jour sans qu’il y ait un conflit. Et cela parfois avec l’aval de certains syndicats puisque lors d’un conflit, la CFDT est allée jusqu’à demander à La Poste et à l’Inspection du travail de licencier des syndicalistes !

Il n’est d’ailleurs pas étonnant que l’entreprise publique utilise des méthodes de répression qui ne visent avant tout qu’à faire passer les restructurations d’entreprise quand on se souvient qu’Hollande et Valls ont parlé pendant la grève à la SNCF de juin de faire cesser la grève coûte que coûte.

La Poste n’est pas la seule concernée. Des cas de répressions se multiplient dans toutes les entreprises pour des faits syndicaux. Mais aussi quand les syndicalistes affrontent le patronat ou les gouvernements. C’est d’ailleurs aussi le cas dans toute l’Europe et à travers le monde.

Alors que la crise perdure, que le patronat et le gouvernement mènent des politiques anti-travailleurs, les cas de répressions risquent de se multiplier. Comité de soutien, solidarité de classe, nous devrons toutes et tous soutenir chaque syndicaliste ou salarié-e attaqué-e.

Hugo (AL Orléans)

 
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