VIe congrès d’AL - Orléans - novembre 2002

Résistances et alternatives au capitalisme mondialisé




1. Un système fondé sur la domination et l’exploitation

1.1 Le capitalisme comme système idéologique

Le capitalisme ne peut pas se réduire à sa dimension économique. Il s’agit bien d’un système global d’appréhension du monde et des règles qui doivent le régir, qui en tant que tel nécessite la cohésion idéologique de toutes les sphères de la société : politique, sociale, culturelle, et bien sûr économique. La perpétuation du capitalisme dépend de la concentration du pouvoir politico-économique dans les mains d’une minorité, quel que soit l’espace géographique considéré. Qu’on l’affuble ou non d’un « visage humain », ou qu’on le souhaite keynésien ou néo-libéral, les rapports de domination et d’exploitation qui constituent son armature restent du même ordre. Ils forgent le modèle dominant des rapports sociaux aujourd’hui sur la planète, malgré l’opposition croissante de mouvements contestataires.

La polarisation Est-Ouest des années de guerre froide a cédé la place à un nouvel ordre international qui n’a de cesse de renforcer la puissance des pays industrialisés occidentaux, États-Unis en tête. À la prédominance de quelques États sur le reste du monde fait écho celle de quelques transnationales décidant de ce qui doit être produit, par qui, pour qui et dans quelles conditions, selon la recherche de leur propre profit immédiat. Dans ce cadre, les inégalités à l’échelle nationale comme internationale ne cessent de se creuser, tandis qu’un cartel de décideurs, malgré ou par le biais de luttes d’influence, orientent la marche du monde, au mépris des besoins et des demandes des populations, et de toute rationalité écologique.

1.2 Rapports de domination et néocolonialisme

Les rapports de domination qui déterminent aujourd’hui les relations internationales prennent leurs racines dans l’entreprise coloniale et l’esclavagisme qui ont permis aux pays d’Europe de l’ouest d’asseoir leur prédominance sur la scène mondiale. Leur développement fut indissociable de l’économie coloniale (et dans un premier temps de traite), qui a permis et continue de permettre un accès privilégié aux matières premières à un coût de main d’œuvre défiant toute concurrence.

Le fossé entre puissances industrialisées et tiers-monde agricole est, du fait même de la logique coloniale et du pillage y afférant, soigneusement entretenu durant toute cette période aux bénéfices des premières. Convaincues de leur supériorité civilisationnelle, ayant les moyens matériels de son imposition, les grandes puissances européennes, rejointe sur ce terrain au milieu du siècle par les États-Unis, l’Union soviétique et la Chine, se distribueront ou se disputeront prés-carrés et zones d’influence. Les indépendances, et l’enrichissement de quelques pays du sud grâce à une industrialisation sous contrôle des pays dominants ou à la rente pétrolière, ne renverseront pas cette partition générale du pouvoir et des richesses à l’échelle mondiale.

Les bouleversements du milieu du siècle, liés aux guerres mondiales, à l’émergence des États-Unis comme puissance économique incontournable, à l’instauration du bloc de l’Est et aux indépendances, vont modifier les rapports de pouvoirs entre puissances occidentales sans pour autant transformer radicalement leurs mécanismes sur le plan mondial. Malgré la constitution à Bandung, en 1955, du mouvement des non-alignés censés représenter les intérêts du Tiers-Monde, l’inféodation de ce dernier aux pays dominants se renforce tant économiquement que politiquement et culturellement. Cette domination est renforcée par une dette publique et privée dont le pillage humain et économique des pays du sud par ceux du nord suffirait à lui seul à justifier l’annulation.
La fin du monde soviétique au début des années 90, lui-même fondé sur un capitalisme d’État et la colonisation des républiques qui le composent par la Russie, permettra au capitalisme libéral d’ordonner le monde sous la houlette principalement des États-Unis et de l’Europe. Cette situation de néo-colonialisme, qui bénéficie de la complicité dans la plupart des pays dominés des élites locales, donne le ton d’une mondialisation qui vise à standardiser les systèmes sociaux et les modes de vie pour répondre aux besoins de la consommation de masse, s’assurer de l’adhésion à l’idéologie dominante et démanteler les mouvements contestataires qui persistent à dénoncer un ordre international inique.

1.3 Guerre, remilitarisation et recolonisation du monde

Le contexte international est largement dominé par les conséquences politiques des attentats du 11 septembre et des suites politiques et militaires que leur ont donné l’administration américaine. Sous couvert d’antiterrorisme, la direction américaine soutenue dans son entreprise par les dirigeants britanniques et aidée par l’attitude conciliante de l’Union européenne, déploie depuis cette date une stratégie d’expansion impérialiste.

Une stratégie dont la guerre en Afghanistan ne marque qu’un début. Il s’agit en effet de mettre à genoux les États mais aussi leurs peuples qui représentent sinon une menace du moins un obstacle à la défense des intérêts américains. La défense de ces intérêts passe notamment par un contrôle plus important de la production de pétrole, sachant que la puissance américaine consomme 25% de l’énergie de la planète.
Un lobby du pétrole dont les intérêts sont étroitement liés au clan Bush comme la dernière campagne électorale présidentielle américaine l’a mise en évidence.

En appelant à une croisade, qui soit une véritable guerre des civilisations la direction américaine masque les véritables enjeux de leur guerre qui consiste en un renforcement de leur domination internationale, elle tient ainsi un discours similaire à celui des Ben Laden et consorts qu’elle combat après les avoir si longtemps soutenus, financés, entraînés et équipés.

Les États-Unis se situent aujourd’hui à la pointe d’un combat assumé par d’autres grandes puissances (dont la France) et soutenu par les multinationales, à savoir une entreprise de recolonisation et remilitarisation du monde.

Cette entreprise se traduit par un renforcement de leur domination, des liens de dépendance entre pays du Sud et grandes puissances (par le biais de la dette, des privatisations) mais aussi un redéploiement militaire des puissances impérialistes par le biais de traités (ALCA), de plans (plan Colombie) de création de véritables protectorats sous mandat occidental (Afghanistan, Kosovo), de dollarisation des économies (Panama, Équateur, Argentine) de projet de mise sous tutelle d’États dits défaillants par les banques internationales (Argentine).

Notre rôle est de contribuer à construire partout un véritable front large anticapitaliste rassemblant mouvements populaires et forces politiques pour s’opposer à la guerre et faire reculer les forces qui souhaitent la propager sur la planète.

Des guerres qui ne peuvent que dresser les peuples les uns contre les autres, renforcer les régimes autoritaires, mais aussi les politiques de destruction et de « nettoyage ethnique ».

Cette politique entraîne des résistances croissantes des peuples comme on peut le voir à l’occasion des mobilisations contre les sommets internationaux des dirigeants de la planète.

C’est sans doute en Amérique latine que la prise de conscience est la plus forte et la plus riche d’enseignements.

Nous assistons dans cette région à une crise sans précédent de la représentation et une remise en cause radicale des politiques de privatisation et de soumission aux institutions internationales. Les exemples de mobilisations de masse se multiplient contre ces politiques et remportent ici et là des succès retentissants contre la privatisation de l’eau et de l’électricité par exemple (Pérou, Paraguay, Équateur, Bolivie). Ces mobilisations se traduisent également par un développement de l’auto-organisation notamment au Brésil et surtout en Argentine (développement des assemblées populaires, des coopératives et des entreprises autogérées...) et sont porteuses d’aspirations démocratiques et autogestionnaires...

Des mobilisations dans lesquelles les libertaires et notamment les organisations membres de Solidarité internationale libertaire comme la FAU (Uruguay), l’OSL (Argentine) et la FAG (Brésil) sont partie prenante. Elles entraînent les mouvements de chômeurs(ses), de paysan(ne)s, de femmes et recherchent une jonction avec les luttes des travailleurs(ses) Notre rôle est de les faire connaître et de les populariser pour leur valeur exemplaire.

Treize ans après la chute du mur de Berlin, le monde n’a pas connu une année de paix (Slovénie, guerre du Golfe, Croatie, Bosnie, Kosovo, Tchétchénie, Afghanistan...). Seul le réveil des peuples contre l’impérialisme, l’intégrisme, le capitalisme, pour la liberté, l’égalité et la solidarité pourra mettre fin à ce cauchemar. L’urgence est donc à l’éveil des consciences et à une mobilisation massive contre une guerre qui menace de dresser les peuples les uns contre les autres pour le plus grand profit de leurs maîtres. Elle est aussi à la réappropriation d’une démocratie par ces mêmes peuples, une démocratie qui lorsqu’elle existe est de plus en plus censitaire et accaparée par des représentant(e)s qui sont l’expression même de sa négation.

2. Capitalisme et mondialisation

2.1 Les acteurs et les outils de la domination

L’intégration régionale autour des pôles industrialisés (Communauté européenne, ALENA, CEI, ASEAN...) correspond dès la fin des années 70 à une transnationalisation économique et financière qui brouille les repères territoriaux qui structuraient jusqu’alors la perception du monde. La complexité des rapports entre États ou groupes d’États, et puissances économiques et financières privées vient encore perturber l’appréhension du système international et l’établissement des responsabilités dans les décisions prises. Cependant, si les multinationales et autres flux et reflux de capitaux semblent relever d’une abstraction laissant peu de prise aux non-initiés, leurs effets concrets sont eux tout à fait tangibles.

Dans un contexte où les méfaits de la globalisation capitaliste touchent (délocalisations...) et sensibilisent (désastres écologiques...) l’opinion publique des pays du Nord, les États riches tentent de redorer l’image de leur mondialisation à l’occasion de sommets comme ceux du G8 ou de l’OMC. Ils feignent de se préoccuper des grands problèmes de la planète et, prétextant de l’inéluctabilité de la mondialisation capitaliste, prétendent la rendre plus humaine. En fait, la publicité donnée aux sommets des puissances vise à légitimer leurs actions et en faire oublier le caractère antidémocratique. Les chefs d’États élus sont mis en avant pour mieux masquer les forces et lobbies qui agissent sans aucun contrôle citoyen. L’invitation de représentants des pays pauvres ou des ONG à ces rencontres rentre parfaitement dans ce processus de légitimation.
Les institutions et organismes internationaux, qu’il s’agisse de l’ONU et de ses avatars, du FMI ou de la Banque mondiale, sont fondamentalement au service des dominants, tout comme les « groupements d’intérêts » comme l’OMC, le G8 ou l’OCDE explicitement créés dans ce but. Dès leur constitution et jusque dans leurs modes de fonctionnement, les instances internationales, qu’elles soient de nature politique, économique ou autres, ont toujours défendu le système capitaliste et ceux qui l’utilisent pour dominer et s’enrichir. Les différentes puissances s’y affrontent pour défendre leurs intérêts propres, mais les accords se font toujours au détriment des populations les plus vulnérables. Ces institutions émanent d’un système inégalitaire et sont dirigées par les représentants de ce système. Elles ne peuvent que reproduire les inégalités et ce qui les fonde. Malgré leur caractère profondément anti-démocratique et le manque de droit de regard des populations sur l’avenir de la planète, les décisions des instances internationales ont force de loi.

Toutes leurs actions depuis la simple aide humanitaire jusqu’aux interventions militaires sont conditionnées par un unique objectif : faire perdurer le système partout dans le monde. En matière de commerce, les décisions sont notoirement inéquitables : les pays du Sud doivent s’ouvrir totalement au commerce international tout en subissant le protectionnisme économique du Nord. Mais c’est dans l’ensemble des grands choix des pays en voie de développement que les institutions internationales interviennent afin de les rendre toujours plus dépendants. Les plans d’ajustement structurels promus par le FMI en échange de l’échelonnement et des allègements de la dette en sont une illustration éclairante. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’a pas beaucoup de poids face aux intérêts des puissances dominantes.

Aujourd’hui, l’interventionnisme occidental n’a même plus la caution de l’aide au développement puisque les crédits de la coopération fondent à vue d’œil. Au sein même des institutions se trouvent des voix pour dénoncer le manque d’assistance des pays riches envers les pays pauvres.

2.2 Des effets dévastateurs

Depuis la paupérisation de régions entières, malgré d’importantes richesses naturelles, jusqu’à celle de populations fragilisées dans les pays riches par les licenciements liés notamment aux délocalisations ; depuis le scandale que représente la décimation de populations entières en Afrique et en Asie faute d’accès aux médicaments anti-VIH, jusqu’à l’injustice et la nocivité flagrantes du système d’endettement et d’ajustement organisé par le FMI ; depuis les embargos et les guerres décidés par les puissances mondiales sous couvert de lutte « contre les forces du mal » et le terrorisme, jusqu’à la dilapidation des ressources naturelles à des fins commerciales... la liste est longue des effets dévastateurs de cette mondialisation dont nous dénonçons les principes et les conséquences.

Nous lui opposons la solidarité internationale et un internationalisme qui ne vise en aucune façon à réformer ses mécanismes et institutions, mais bien à construire un rapport de force capable d’imposer un autre projet de société, vers plus de justice et de liberté.

3. Résister

3.1. Contester les instances et organismes internationaux

L’enjeu des sommets internationaux est double. Il s’agit de véritables entreprises de propagande visant à présenter la mondialisation capitaliste comme seul projet de société possible ; ils permettent surtout d’accélérer la mise en place des outils et des règles de fonctionnement de cette mondialisation afin de la rendre inéluctable et universelle.
Ainsi les mobilisations contre leur déroulement sont essentielles afin de ne pas laisser ce processus antidémocratique se poursuivre. Des mobilisations massives alliées à la perturbation de ces véritables congrès du capitalisme par des actions de non-violence active permettent de répondre à ce double enjeu.

Les chefs d’État réagissent à plusieurs niveaux aux mobilisations afin de minimiser leurs conséquences. La première est d’ordre idéologique : ils tentent d’assimiler le mouvement anti-mondialisation à un repli réactionnaire (le refus du progrès, sic !). En second lieu et par opposition, les sommets se donnent une caution humaniste. Ils s’appuient sur ce mensonge pour tenter de subvertir et d’intégrer certaines composantes du mouvement altermondialiste... qui parfois ne demandent que cela !

Enfin, et c’est cela que les États riches font le mieux, les organisateurs usent de la criminalisation et de la répression. Ces trois niveaux procèdent de la même logique, il s’agit bien d’empêcher les altermondialistes de construire une alternative à la mondialisation capitaliste.
Il est nécessaire de mener une sensibilisation de l’opinion sur la légitimité de la contestation et des contestataires face à des instances dont les fondements et les pratiques sont clairement antidémocratiques. Les divergences sur les formes d’action ne doivent pas être prétexte à la division mais au contraire, le respect de la diversité des tactiques doit être le leitmotiv des mobilisations.

3.2. Rien n’est possible dans le cadre des institutions

La contestation par la seule voie des contre-sommets a montré ses limites et force est de constater des signes d’essoufflement. Il s’agit maintenant de transformer les mobilisations de protestation en lieux de rencontre, de coordination, d’élaboration et de construction d’une alternative. Cette coordination doit être s’appuyer sur les actions directes et concrètes pour être ancrée dans la réalité. Elles doivent respecter l’autonomie des diverses composantes. Aucune composante (ni ATTAC ni les refondateurs communistes en l’occurrence) ne doit pouvoir se prévaloir d’une place prépondérante ou d’une légitimité supérieure dans ce mouvement, sous peine de le dévoyer.

La participation aux instances capitalistes, en particulier aux gouvernements quels qu’ils soient, reste la principale ligne de fracture pour rejeter ceux qui voudraient noyauter le mouvement altermondialiste pour leur seul profit.

Ainsi, la coordination des mouvements sociaux est une priorité afin d’asseoir les mobilisations internationales sur le prolongement de mobilisations locales, ce qui leur donne force et réceptivité dans la population et leur assure un caractère offensif. Cet ancrage dans les luttes sociales est la condition sine qua non pour garantir, d’une part des mobilisations massives, et d’autres part une indépendance vis-à-vis des institutions. A ce titre, l’« appel des sans » de Porto Alegre peut permettre à la fois de faire converger les revendications et les luttes mais également de poursuivre le combat contre les méfaits du capitalisme entre deux « temps forts » internationaux.

Mais les contre-sommets et forums qui les accompagnent sont victimes de leur succès et on assiste à des tentatives de récupération. L’aspect le plus grotesque de ces tentatives a été la présence de ministres sociaux démocrates (eux-mêmes artisans de la mondialisation capitaliste) à Porto Alegre, voire de nationalistes (chevènementistes, RPR). Nul doute que leur participation brouille la lisibilité du mouvement. Aussi grave, la pression qu’exercent ceux qui voudraient en faire de simples espaces d’aménagement du capitalisme en dénonçant les injustices les plus criantes sans s’attaquer aux bases du système qui les produit. Outre la démobilisation et l’incompréhension qu’entraînent ces dérives, il est certain qu’elles impliquent une intégration au système et donc une reconnaissance du capitalisme comme horizon unique.

4. Un internationalisme offensif

4.1 Des solidarités concrètes

Le capitalisme frappe inégalement et certaines populations de la planète vivent une situation dramatique face à laquelle nous ne pouvons rester inactifs. Aussi, nous prônons un internationalisme basé sur des solidarités concrètes en rupture avec l’assistance des institutions cautionnées par des concessions aux conséquences terribles.

A ce titre, les mobilisations syndicales en faveur de l’Europe de l’Est et des Balkans (convois pour la Bosnie...) sont exemplaires car elles marquent à la fois un refus des replis nationalistes et surtout établissent des liens directs de solidarité entre exploités.

La solidarité passe aussi par des campagnes larges ou des liens bilatéraux. Ainsi Alternative libertaire a été impliquée dans les campagnes de solidarité avec le peuple palestinien, et doit continuer à s’impliquer dans cette lutte anticolonialiste. De même, les liens tissés avec certaines organisations tunisiennes nous ont permis de suivre plusieurs mobilisations relatives aux droits démocratiques dans ce pays et à la solidarité face à la répression.

Ces campagnes de solidarité ne peuvent faire l’économie d’un lien avec l’immigration en France. La première raison est que les persécutions là-bas sont la cause de nombreux exils. La seconde est que ces sujets touchent particulièrement les populations immigrées ou issues de l’immigration. Elles représentent l’opportunité d’un travail commun.

Enfin, nous entretenons des liens bilatéraux directs avec plusieurs organisations libertaires qui nous amènent à des actions concrètes de solidarité. On peut citer par exemple l’organisation de la venue en France de Raul Gattica, du Comité Indigène Populaire d’Oaxaca - Ricardo Florès Magon, et de la réunion publique (organisée par SIL-France et le Comité Chiapas) sur ce sujet.

4.2 Solidarité internationale libertaire (SIL)

Pour nous, la constitution du réseau SIL (Solidarité internationale libertaire) constitue un élément déterminant. Outre la coordination des différentes forces libertaires, SIL est basé sur la mise en place de campagnes d’actions locales relayées partout dans les pays où les organisations membres sont présentes. Ainsi, SIL permet d’articuler l’action locale et l’action internationale et de soutenir de véritables expérimentations sociales autogestionnaires.

Après 18 mois d’existence du réseau SIL, certaines limites commencent à apparaître : manque de réactivité pour mener à bien les projets, manque de débats et de perspective, manque d’une vision claire sur ce que nous voulons faire ensemble. Améliorer le fonctionnement de ce réseau est une condition nécessaire pour qu’il ne soit pas qu’un feu de paille limité aux seuls projets sud-américains. Il ne s’agit pas pour autant de tomber dans les travers bureaucratiques ni de pousser à la proclamation d’une « nouvelle Internationale ». Mais certains outils de décision et de communication sont indispensables pour permettre à toutes les organisations du réseau d’utiliser pleinement cet outil et d’en voir l’utilité.

4.3 Construire réellement et maintenant un autre monde

Bien évidemment, l’alternative ne peut s’accommoder du cadre capitaliste qui a produit ces relations internationales basées sur la domination, la misère et la ruine écologique de la planète. Au contraire, il faut diffuser un autre projet de société, qui tourne le dos à l’exploitation de l’homme et se fonde sur la suppression des frontières et la libre circulation, la solidarité et la redistribution des richesses, la réappropriation du pouvoir par les citoyens et une forme de développement économique raisonné et écologique.

Du refus d’un système à la mise en mouvement d’autres valeurs et pratiques, il y a un pas qu’il nous faut promouvoir. Les luttes internationales doivent être l’occasion de construction d’une alternative à la mondialisation capitaliste. D’abord elles permettent d’établir des liens internationaux directs entre les populations de la planète sans passer par l’intermédiaire des dirigeants, ce qui constitue un élément prépondérant pour la réappropriation du pouvoir par les citoyens. En ce sens la démocratie directe dans ces espaces de rencontre et dans les luttes est un enjeu déterminant afin de ne pas remplacer les intermédiaires étatiques par d’autres intermédiaires. Ensuite, il s’agit de promouvoir de nouvelles formes de lutte (ou de renouer avec des formes délaissées telles la réquisition ou la prise de contrôle de moyens de production). Les espaces de contre-pouvoirs ainsi créés prolongent la lutte au quotidien et fondent les bases d’une société en rupture le capitalisme.

 
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