Roms de Saint-Ouen : Une réquisition qui pose question




Des familles roms ont investi, avec le DAL à la mi-septembre, le foyer Cara de Saint-Ouen voué à devenir un hôtel de tourisme. Une initiative légitime mais qui devrait tisser plus de lien avec la population.

Mardi 15 septembre, à l’initiative du DAL (Droit au logement), des familles roms qui avaient installé leurs tentes depuis plus de deux mois devant la Mairie de Saint-Ouen (93) après leur expulsion d’un village d’insertion, avec des familles expulsées du département mais aussi des familles victimes de marchands de sommeil, ont investi le foyer de jeunes travailleurs Cara de cette même ville. Cara, immeuble de quatorze étages, compte une trentaine de résidents et résidentes vivant dans des conditions d’abandon de la part de la municipalité et de l’OPHLM (voir AL n° 251) et possède toutes les conditions pour une réquisition qui permet l’installation de familles qui ont un besoin urgent de vivre avec un toit au-dessus de leur tête, droit qui devrait être élémentaire.

La réquisition de logements vacants reste totalement légitime dans une période où la spéculation et le capitalisme immobilier balaient d’un revers de la main et jette à la rue des personnes de tous âges. Les 150 sans-logis ont tout notre soutien pour continuer à vivre décemment à l’abri. Réquisitionner un logement est à l’heure actuelle une procédure rarement utilisée, malgré l’ordonnance de 1945 qui demande aux mairies de s’approprier les locaux pour y loger les sans-abris sur une durée d’un an renouvelable.

Travailler avec la population

Mais la mairie UDI de Saint-Ouen, soutenue par le préfet Galli ne l’entend pas de cette oreille. Pis, Galli blâme dans la presse régionale l’occupation qui retarderait la destruction de l’immeuble pour y construire des logements sociaux, projet sorti tout droit du chapeau, alors que le projet était la construction d’un hôtel de tourisme en phase avec la prolongation de ligne 14 du métro, aubaine spéculative.
L’occupation du DAL, toute légitime qu’elle soit, reste confinée au sommet de la tour. Sans communication et sans travail commun avec la population audonienne, avec les résidents qui sont entré-e-s en résistance depuis un long moment mais aussi avec le collectif de soutien aux Roms formé à la suite de l’expulsion du village, le combat mené pour la réquisition restera isolé et nous questionne sur la désertion du mouvement social à construire et sur une véritable convergence des luttes.

Z. de Marollen (AL Saint Denis)

 
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