Sans-papiers : Baudelique au sommet




Le 1er mai 2010 à Paris, 96 personnes sans papiers ont entamé une marche vers Nice pour s’inviter au sommet des chefs d’État de France et d’Afrique. Leur but : interpeller les responsables politiques quant aux conditions d’exploitation qu’ils subissent sur le territoire français.

La marche Paris-Nice est à l’initiative du "ministère de la Régularisation de tous les sans-papiers" [1] qui rassemble 14 Collectifs de sans-papiers de Paris et d’Ile de France. Pour soutenir leurs revendications, ils ont organisé cette marche de plus de mille kilomètres afin d’aller interpeler lors du XXVe sommet des chefs d’Etat de France et d’Afrique les différents responsables politiques de leurs pays d’origine.

Ce sommet, qui se déroulera le 30 mai et le 1er juin, est un moment privilégié pour renforcer les liens politiques, économiques et militaires entre la France et ses anciennes colonies africaines. De nombreuses entreprises sont d’ailleurs de la partie chaque année. Bref, une manière conviviale d’asseoir les réseaux d’influence de la Françafrique, du néocolonialisme et l’impunité de gouvernants pour la plupart corrompus. Les marcheurs et les marchauses veulent manifester l’injustice de leur condition auprès des chefs d’Etat présents et le slogan repris par le "ministère de la Régularisation" résume bien la situation et les revendications des immigré-e-s sans papiers en France : « hier colonisés, aujourd’hui exploités, demain régularisés ».

Une solidarité sans faille des collectifs

Ce périple est l’occasion pour la plupart des 96 marcheurs de rencontrer les Français de province, de nouer des liens avec les collectifs de soutien et d’interpeller les habitants des villes et villages traversés sur la souffrance endurée chaque jour de vivre et travailler dans un pays où les autorités les excluent et les pourchassent systématiquement.

Chaque ville traversée a vu un collectif de soutien se former regroupant de nombreuses associations, syndicats, partis politiques et indépendants. L’accueil des mairies qui acceptèrent le passage fut dans l’ensemble plutôt chaleureux. Une exception notable fut celle de Manuel Valls, maire PS d’Evreux, qui refusa à la dernière minute d’héberger les marcheurs dans le stade municipal comme il était convenu, les obligeant à acheter des tentes et ainsi creuser leurs déjà maigres ressources. La marche est dure et pénible, 30 kilomètres par jour sont parcourus à pied. Le Ministère de la régularisation, grâce à la vente de T-shirts et de badges a pu financer une partie de leurs besoins en nourriture et en équipement : chaussures, tentes, duvets et médicaments [2].

Dans certaines villes, la Croix-Rouge a pu leur délivrer des soins. La solidarité joue partout un grand rôle et les collectifs de soutien se sont tous démenés pour organiser l’accueil, l’hébergement et l’alimentation des marcheurs. Loin des tensions parisiennes, les organisations locales œuvrèrent main dans la main pour permettre à la marche d’être accueillie dans les meilleures conditions et rassemblèrent partout où elles étaient présentes les unions locales CGT et SUD, divers partis politique allant du NPA au Parti de Gauche et bien sûr les organisations libertaires telles qu’AL.

Interdits de manifester « pour leur sécurité »

Les marcheurs, qui arrivent à Nice le 30 mai, sont sommé-e-s par la préfecture de rester en marge du centre ville, et cela « pour leur propre sécurité » car, selon elle, des attentats terroristes sont à prévoir. Elle a aussi déclaré ne pas pouvoir protéger les manifestants des groupes d’extrême droite visiblement trop puissants pour être contrôlés et surveillés par les forces de l’ordre. Une autre manifestation, propalestinienne, qui devait se dérouler le même jour a été interdite pour cette même raison. La préfecture prend très au sérieux son rôle de défense de la population et préfère interdire les manifestations que de protéger les manifestants. Une fois que les marcheurs et les marcheuses seront remonté-e-s sur Paris, une grande manifestation est prévue le 6 juin qui partira à 14h du « ministère de la Régularisation », 14 rue Baudelique, métro Simplon pour se rendre au ministère de l’Immigration.

François (AL Paris Nord-Est)

[1situé actuellement au 14 rue Baudelique dans le 18e arrondissement de Paris.

[2Vous pouvez soutenir les marcheurs et le « ministère de la Régularisation » sur le site www.ministere-de-la-regularisation-de-tous-les-sans-papiers.net

 
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