Sans-papiers : Manifestations monstres




Le 20 octobre, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre les lois Hortefeux et en solidarité avec les travailleurs et les travailleuses sans papiers.

Mme Chunlan Zhang Liu, décédée fin septembre, n’était malheureusement pas la première à se défenestrer pour échapper à la police, et on ne compte plus les automutilations, l’ingestion de produits toxiques ou de lames de rasoirs en rétention, et les enfants qui de plus en plus se retrouvent en rétention avec leurs parents.

La croissance exponentielle des quotas d’expulsions à réaliser chaque année semble ne plus avoir de limites (moins de 10 000 en 2002, 23 000 en 2006, 26 000 prévus en 2008 et 28 000 en 2010 !) et comme cette année, à la mi-août, la moitié « seulement » des 25 000 expulsions a été réalisée, on met les bouchées doubles. La gendarmerie est mise à contribution et va recruter des « volontaires » pour la chasse aux sans-papiers : l’État appelle les militants d’extrême droite pour l’aider dans son sale boulot. Les rafles massives, qui ne manquent pas de rappeler aux plus anciens celles des juifs en d’autres temps, se multiplient dans les grandes villes ; on vient interpeller les gens à leur domicile, on les convoque au commissariat ou à la préfecture – sans leur préciser le motif – pour les y arrêter. Les procédures d’interpellation et d’expulsion sont de moins en moins respectées et les tribunaux sont engorgés, les centres de rétention aussi.

Résistance

Le 20 octobre, des dizaines de milliers de personnes manifestaient dans 40 villes de France, à l’appel de Unis contre une immigration jetable (UCIJ), du réseau Éducation sans frontières (RESF) et des collectifs de sans-papiers, contre cette politique xénophobe et la répression qui s’abat sur les citoyens qui se dressent contre la légalité lorsqu’elle est illégitime. Le 22 octobre, c’était le procès Florimond Guimard, poursuivi pour délit de solidarité, après François Auguste, Khadidja, Mme Durupt, et tant d’autres.

La mobilisation, malgré les chiffres scandaleusement bas annoncés par la police et les médias, a été importante, et chacun pouvait sentir un souffle nouveau, l’envie d’en découdre. Mais la résistance à la traque aux sans papiers rassemble bien plus de monde que ceux qui battent le pavé. Il y a aussi la résistance diffuse, de terrain, de proximité, faite de ce travail de fourmi dans les quartiers et dans les entreprises.

De plus en plus d’organisations syndicales d’enseignants, de travailleuses et de travailleurs sociaux, de l’ANPE, des compagnies aériennes, d’inspecteurs du travail et même de policiers dénoncent ce qu’on veut leur faire faire dans le cadre professionnel.

A l’heure où ces lignes sont écrites, la reconduction massive de la grève à la SNCF et à la RATP semble compromise. Un grand mouvement social interprofessionnel contre la politique du gouvernement pourra-t-il se développer dans les semaines qui viennent ? Et si oui, y entendra-t-on encore la voix des exploités sans droits que sont les sans-papiers ?

Rappelons-le : ce qui est mis en place aujourd’hui par Nicolas Sakozy, Brice Hortefeux et leur gouvernement, ce n’est rien d’autre que le programme du Front National !

Chloée (CAL 93), le 21 octobre 2007

 
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