Service civique obligatoire : Embrigadement et exploitation




Un amendement au projet de loi « égalité et citoyenneté » voté par l’Assemblée nationale pourrait encore accroître la précarité des jeunes. Il prévoit de mettre en place un service civique obligatoire de neuf mois, entre 18 et 25 ans, qui consisterait en trois mois de propagande gouvernementale suivis d’une période de travail obligatoire rémunéré en deçà du seuil de pauvreté.

Ni vacances ni job d’été, mais trois mois forcés en « Journées défense et citoyenneté » . Il est prévu que la première phase du service civique obligatoire se passe du 1er juillet au 1er octobre de l’année des 18 ans. Or c’est une période cruciale, entre la fin du lycée et le début des études supérieures et/ou du travail salarié.

Durant ces trois mois de « classes républicaines » pendant lesquels les « symboles de la nation » et les « fondamentaux de la République » seront encensés, va-t-on parler des bombardements par la France en Syrie ? Va-t-on parler de l’état d’urgence qui supprime le contrôle du juge pour renforcer le pouvoir du gouvernement afin de mieux réprimer et museler toute contestation sociale ? Va-t-on parler des violences policières contre les manifestants et les manifestantes opposé-e-s à la loi travail ou qui son commises envers les habitants et habitantes des quartiers populaires, dont le meurtre raciste d’Adama Traoré en juillet à Beaumont-sur-Oise est une terrible illustration ? Va-t-on parler du sexisme de la classe politique ? Non, ça sera un discours sur « l’engagement », et « l’insertion » alors que tout cela rime avec embrigadement et exploitation.

24 à 48 heures par semaine payées 470 euros par mois

Ensuite, que l’on fasse des études, que l’on soit au chômage ou au travail, six mois de précarité seront imposés aux jeunes. Cette période sera un temps de « missions d’intérêt national » dans des associations, des services publics, des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Cela signifie devoir travailler sans protection salariale (chômage, retraite…), de 24 à 48 heures par semaine, et payé 470 euros par mois, soit environ deux fois moins que le seuil de pauvreté en France. Pendant ces six mois, l’interruption des études ou de l’emploi sera imposée. Les plus pauvres s’en trouveront encore plus précarisé-e-s. Ce service civique obligatoire sert les intérêts du patronat en en formant et en leur fournissant une main-d’œuvre docile et jetable.

Par ailleurs, le projet de loi « égalité et citoyenneté » prévoit aussi une « réserve citoyenne » dans des secteurs tels que l’armée, la police, les collectivités territoriales ou encore l’éducation nationale. Cette réserve pourra être utilisée par le gouvernement en cas d’urgence. À n’en pas douter, elle sera réquisitionnée pour casser des grèves. Cette « réserve citoyenne », sous prétexte d’intérêt national, est un outil contre le mouvement social.

Alors que, dès mars dernier la jeunesse s’était fortement mobilisée contre la loi travail, la lutte doit s’intensifier contre tout cet arsenal législatif favorisant l’exploitation et la précarité. Début juillet, une pétition a été lancée contre le service civique obligatoire, recueillant plusieurs milliers de signatures. Des assemblées générales nous permettront de continuer à décider ensemble de manifester, de bloquer, d’occuper et de faire grève contre la loi travail et le service civique obligatoire !

Quentin (AL Rennes)

 
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