Syrie, Yémen : le « Printemps arabe » se remet à saigner




Les contestations populaires qui secouent les régimes syrien et yéménite depuis le début du « Printemps arabe » sont écrasées dans le sang, selon le même schéma et avec les mêmes mensonges de la part du pouvoir que chez leur voisin libyen. Alors que l’opposition peine à se structurer dans ces deux pays, les dirigeants des États arabes se serrent les coudes pour calmer leurs peuples sans les satisfaire, et les puissances occidentales, qui ont laissé pourrir la situation, s’apprêtent à aligner leur réponse sur celle adoptée en Libye.

Les mouvements de contestation qui sont apparus au grand jour au Yémen et en Syrie dans le sillage des exemples tunisien et égyptien tiennent bon. Ils enflent, malgré une répression sanglante des régimes en place, une censure féroce des moyens de communication, et malgré de nombreuses divisions au sein de la population.

C’est sous de tels prétextes que le Conseil de Coopération du Golfe – et en sous-main les États-Unis – a proposé au Yémen et à la Syrie un scénario de sortie de crise, consistant à organiser le départ de leurs présidents respectifs et la transition démocratique sans renversement de pouvoir : Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans, aurait ainsi pu partir protégé de tout jugement par son immunité, avant la mise en place d’un gouvernement provisoire intégrant l’opposition, qui procéderait à des élections. Idem en Syrie. Le protocole y a été refusé, tandis qu’il a été accepté au Yémen, ce qui n’empêche pas le régime de continuer à tirer sur les manifestants.

Ingérence « humanitaire » : en Syrie, les grandes puissances veulent reprendre la main

Devant l’assassinat en règle auquel se livre l’armée de Bachar El-Assad sur la population, les puissances occidentales sollicitent le Conseil de sécurité des Nations-Unies pour ouvrir un nouveau front d’intervention en Syrie. Parce qu’elles sont prises au piège du rôle de super démocrates endossé contre le régime de Khadafi ? Non. Parce qu’elles ne maîtrisent plus rien, et qu’il leur faut intervenir pour s’assurer une place dans un futur échiquier du monde arabe où elles ne peuvent tolérer que des « pions » prennent leur destin en main.

Or ce que les insurgé-e-s et tout le peuple syrien paient aujourd’hui dans le sang, ce sont bien des années d’accords entre les pays occidentaux et tout ce que le monde arabe compte de dictatures, des décennies de jeu avec les clivages religieux et les concurrences économiques.

Dans ce contexte où la répression sanglante de la part de régimes autoritaires et les manœuvres de realpolitk impérialiste de la part des Etats occidentaux concourent à maintenir les peuples dans une position de sujets dociles ou de mineurs incapables de décider par eux-mêmes, Alternative libertaire réaffirme son soutien aux mouvements populaires visant à mettre à bas les tyrans et à réorganiser la société sur des bases démocratiques et égalitaires.

Alternative libertaire, le 2 mai 2011

 
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