Tournée AL-Kurdistan : Trois révolutionnaires, 25 dates, un gros succès




Du 27 mai au 30 juin, Alternative libertaire organisait une tournée de rencontres-débats avec les Français Arthur et Siyah, et l’Américain Arges, ex-combattants dans les YPG en Syrie. Un bilan très positif.

Gros succès et grande satisfaction pour la tournée de meetings organisée par Alternative libertaire cette année, en solidarité avec la gauche kurde. Du 27 mai au 30 juin, trois anciens volontaires internationaux dans les YPG, accompagnés d’un chauffeur, ont sillonné les routes de France pour tenir 25 meetings dans toutes les régions du pays. Notre camarade Arthur Aberlin, qui a tenu en 2017 le blog Kurdistan-autogestion-revolution.org, était là avec deux autres révolutionnaires engagés dans les YPG entre 2016 et 2018 : le Français Siyah et l’Américain Arges.

Presque partout, les salles ont été bien remplies, avec des pointes à plus de 200 personnes, à Toulouse, à Nantes et à Montpellier : des libertaires, des anticolonialistes, des révolutionnaires, des syndicalistes, des curieux… La diaspora kurde a également été très présente, accueillant plusieurs dates de la tournée dans ses locaux. Ça a souvent été ­l’occasion d’un rapprochement chaleureux avec les militantes et les militants locaux d’AL.

Du fait de certains précédents, on pouvait craindre, ici ou là, une action coup de poing de nationalistes pro-Erdogan. Il n’en a rien été. Un conspirationniste par-ci, un soralien par-là : rien de bien sérieux. À Orléans, une tentative de raid de l’Action française a tourné court (ou plutôt Azincourt) pour la royale camelote, qui a promptement déguerpi.

Du côté du contenu, la soirée a généralement été introduite par le film de Mireille Court et Chris den Hond, Rojava, une utopie au cœur du chaos syrien . Ce documentaire de 45 minutes, réalisé de façon semi-professionnelle, a le grand avantage, sur de nombreuses autres productions, de ne pas se focaliser sur les aspects militaires et d’éviter les poncifs sur les « valeureuses combattantes kurdes » : il brosse un panorama rapide mais bien documenté des différents aspects du processus révolutionnaire en Syrie du nord, idéal pour les gens connaissant peu la question.

Ensuite, les intervenants répondaient directement aux questions et objections de la salle, ou bien donnaient une conférence en six points : la question de l’émancipation des femmes ; l’architecture de la démocratie pluricommunautaire ; la question de l’anti­capitalisme dans le processus révolutionnaire ; l’alternative au modèle étatique ; la vie de tous les jours dans la révolution ; les structures révolutionnaires qui ont permis à cette révolution de naître.

Reportage France 3 Kurdistan 29 mai 2018 from Alternative libertaire on Vimeo.

Sur le fond, c’était riche et dense, avec des analyses politiques entrelardées de choses vues et vécues parfois inattendues.

A chaque étape, les groupes AL qui accueillaient l’événement ont rappelé que les communistes libertaires apportent un soutien critique à la gauche kurde : une dérive autoritaire est en effet toujours possible (le système démocratique des communes coexiste avec un parti dirigeant, le PYD, qui a la haute main sur le commandement militaire), de même ­qu’une instrumentalisation par des puissances étrangères (États-Unis, Russie, France...).

Un sujet n’a été qu’effleuré : Afrîn. Cette défaite cruelle n’a pas été digérée. Le canton kurde le plus avancé et le plus prospère est aujourd’hui occupé par l’armée turque et les milices islamistes de l’ASL. Au-delà des milliers de morts civiles et militaires dans les bombardements turcs, près de 200 000 personnes ont été chassées de leurs maisons, désormais occupées par des populations arabes ou turkmènes déplacées par Ankara, comme au bon vieux temps de l’Empire ottoman. L’entreprise de nettoyage ethnique se confirme donc et, comme en Palestine, la question du droit au retour des réfugié.es va se poser. On aura l’occasion d’en reparler.

Commission journal

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